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mercredi 17 juin 2015

Extrait du dernier rapport de la MIVILUDES

Dans les cas que nous pouvons observer (lobbying contre les vaccins, contre les antibiotiques, contre la médecine allopathique, mais aussi contre les «ondes », contre l’éducation nationale, etc.), l’idéologie ne se revendique pas New Age, en raison de sa dévaluation aux yeux du grand public et des tenants de la spiritualité New Age eux-mêmes, ainsi que nous l’avons précédemment mentionné. 

Toutefois, les éléments idéologiques sont bien là, à commencer par le rejet d’une certaine conception de la modernité (sur laquelle s’appuient les campagnes de discrédit, voire se développe une pensée conspirationniste), l’aspiration au « changement de paradigme », la conception holistique de l’action sur le réel (on observe le détournement de certaines images relevant de la culture scientifique comme l’effet papillon, ou de la culture économique, tel le développement du microcrédit, pour réaffirmer la conception New Age selon laquelle la transformation du monde passe par la transformation intérieure des individus et accréditer certaines conceptions simplistes d’action par contagion ou d’action à distance), ainsi que la promotion de nouvelles formes de gouvernance, et surtout un fond théorique emprunté à la religiosité New Age et à l’ésotérisme (discours de type magique qui se réfère aux énergies, aux vibrations, aux échanges avec son ange gardien, à l’astrologie, etc.). 

Le lobbying New Age est fort mais non exclusif, et l’on assiste à des collusions d’intérêts de la part de groupes ou d’individus qui ne partagent pas nécessairement les mêmes assises théoriques ni ne visent les mêmes enjeux; on observe également de la part de certains acteurs la technique du cheval de Troie qui, profitant d’une idéologie porteuse mais vague, introduisent des théories, des pratiques ou des pédagogies discutables quant au fond théorique et aux impacts, et cherchent à les assimiler à celles qui ont fait leurs preuves. Ainsi l’attention de la Mission a été attirée par l’efflorescence de créations de petites écoles privées dont certaines, en raison de l’amateurisme et du dogmatisme de leur instigateur, s’orientaient vers un fonctionnement sectaire. La Mission a ainsi pu observer le fort lobbying qui existe sur la Toile pour dénigrer l’Éducation nationale, promouvoir l’instruction à domicile ou la création d’écoles privées hors contrat, et proposer pratiques, techniques, consultations, soutiens, coachings, etc., dans le domaine de l’éducation hors secteur public. 

Dans ce vaste mouvement qui s’organise sur la Toile, la Mission a constaté que certains acteurs forts s’inspirent directement de l’idéologie New Age. Tous ne le sont pas et peuvent venir d’autres horizons politiquement ou religieusement définis, et parmi les acteurs que l’on peut désigner comme New Age il faut encore nuancer cette appellation selon le degré d’adhésion de chacun (rappelons que cette vision du monde peut prendre toutes les formes, d’un imaginaire porteur à une idéologie radicale). Ainsi observe-t-on des sites pro-instruction à domicile de diverses orientations politiques, qui jouent sur les angoisses des parents pour promouvoir l’école à la maison, la création d’écoles alternatives, etc... Ils renvoient à d’autres sites « ressources », auxquels cette campagne de dénigrement profite, par exemple on relève la forte présence sur la Toile de l’association «Le printemps de l’éducation», laquelle est partie liée au mouvement alternatif des Colibris. 

Or, dans ce vaste champ de sites qui s’entre-répondent autour de la même thématique et d’un imaginaire commun, se trouvent référencées des pratiques éducatives défavorablement connues de la Miviludes (la page Facebook du «Printemps de l’éducation» fait de la publicité pour la pédagogie Steiner), ainsi que des techniques qui, à l’instar de ce qui se passe pour la formation professionnelle, sont issues des psychologies alternatives New Age et sont loin d’offrir toutes les garanties de sérieux (on relève, dans l’annuaire collaboratif proposé par le site «Printemps de l’éducation», le renvoi à un praticien de la méthode ESPERE défavorablement connue de la Mission). 

Au vu de ce lobbying offensif et des intérêts économiques en jeu qui l’expliquent au moins en partie, la mise en garde de Michel Lacroix dans La Spiritualité totalitaire. Le New Age et les sectes, semble encore de mise : «Le caractère commercial du Nouvel Âge porte atteinte à la conception traditionnelle de l’éducation. On n’aurait rien à objecter si le Nouvel Âge n’était qu’un marché du loisir. Mais il entend être un marché de l’éveil de l’esprit! Ce ne sont point des objets et des services futiles qu’on y négocie, mais ce qu’il y a de plus élevé dans la hiérarchie des aspirations humaines : on vend et on achète la “formation de la personne”, la “culture de l’homme”, la “réalisation de soi”, l’“éveil spirituel”, la “croissance intérieure”, l’“expérience mystique”. Dans le marché de la transformation personnelle, le plus noble objet de l’éducation devient une marchandise. Jamais dans l’histoire la réification de la vie de l’esprit n’avait été poussée aussi loin. L’acte de s’éduquer et de se former se résout désormais en une succession de gestes consommatoires. »

L’analyse du discours New Age sur Internet a pu mettre en lumière les raisons de sa particulière vivacité sur la Toile, et alors même que les tenants du New Age se reconnaissent de moins en moins dans cette appellation. La facilité avec laquelle le New Age se diffuse, le nombre de réseaux qu’il innerve et les pratiques qu’il véhicule nécessitent une certaine vigilance de la part du grand public. En effet, en tant que telle cette spiritualité, avec les pratiques qu’elle engendre, n’est pas sectaire, mais la dangerosité s’apprécie au regard du degré d’adhésion à une doctrine, à un mouvement ou à un individu, et des conséquences que celle-ci entraîne. Toutefois, parce que l’histoire du phénomène sectaire et les dérives que la Miviludes observe actuellement montrent que le New Age est un terreau favorable à l’escroquerie, au charlatanisme et à l’emprise mentale, et parce que les conditions de sa diffusion se sont transformées, il est nécessaire de réfléchir aux garanties que le politique peut offrir pour préserver les conditions pour le citoyen d’opérer un choix éclairé. Le rôle de la Miviludes est de participer à la transparence de l’information pour le grand public, de former les agents de l’État à diagnostiquer un contexte sectaire, à reconnaître la nature du préjudice subi et à faire en sorte qu’il soit traité comme tel. 

Dans ce domaine précis où l’on s’interroge sur la diffusion d’un imaginaire et sa possible transformation en idéologie, son rôle est de rappeler l’importance qu’il y a à défendre la liberté de conscience. Pour que celle-ci ne soit pas un vain mot, et afin qu’Internet corresponde toujours à l’utopie de la liberté de l’information qui lui a donné naissance, il est nécessaire non seulement de préserver la pluralité de l’information, son libre accès, sa vulgarisation notamment lorsqu’il s’agit de l’information scientifique, mais également de donner à chacun les moyens de se prémunir contre la manipulation de l’information.

2 commentaires:

  1. Quels sont les autres droits et libertés ont trait au droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction ?

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    Réponses
    1. Bonjour!
      Tout d'abord votre phrase est incomplète, ai-je bien compris si je lis:
      Quels sont les autres droits et libertés QUI ont trait au droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction ?
      Que la question est vaste et des éminents juristes l'ont traitée mieux que nous ne saurions le faire.
      Vous consulterez utilement un blog que nous recommandons et avons déjà cité:
      http://libertescheries.blogspot.fr/
      Toutefois tous les droits et libertés que la Déclaration universelle des droits de l'Homme et les traités qui en sont issus énoncent, toute la jurisprudence libérale des juridictions françaises sont faciles d'accès. Nous précisons -était-ce la raison pour laquelle vous nous avez interrogés?- que nous n'avons pas prôné une quelconque législation restrictive des libertés à l'encontre des groupes que nous avons étudiés. Les libertés de conscience, d'association, de réunion ne souffrent pas d'exception sauf motivées par le droit commun et par d'autres motifs que les convictions.
      Mais celles de nos amis ne doivent pas non plus être entravées par des procédures abusives dont l'objectif est de les brider.
      Je ne sais si la réponse vous satisfait car votre question est si vaste!

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