Un lecteur du Monde Magazine a bien voulu nous faire parvenir le texte
complet d'un courrier des lecteurs qu'il a adressé au supplément hebdomadaire du
journal du soir et qui a été reproduit partiellement (édition du 28 janvier).
Nous le reproduisons avec quelques précautions d'usage: notre
association n'est compétente en matière ni médicale ni agronomique et ne saurait
affirmer sans mauvaise foi que les produits issus de l'agriculture biodynamique
seraient nocifs pour la santé ou agressifs pour le palais, ce qui semblerait
d'ailleurs faux pour un consommateur ignorant. Cette insertion n'est donc
nullement un appel à ne pas acheter ces produits!
En revanche, nous avions déjà signalé que derrière des résultats
alléchants des activités qui se réclament de l'anthroposophie se dissimulait une doctrine
ésotérique, ce qui semble confirmé par les extraits que nous tirons d'un hors
série n° 12 de la revue BIODYNAMIS. Dans l'état actuel de notre recherche, seule cette dissimulation nous pose problème et nous sommes heureux qu'un lecteur du
Monde ait apporté de l'eau à notre moulin.
Je suis de plus en plus déçu par la lecture pourtant attentive de votre
magazine du samedi. Trop de publicité, de promotion des produits de luxe
inabordables pour le lecteur "normal". Votre dernier Portfolio du Magazine du
20 janvier est à chier avec ces salles vides où est censé se décider l'avenir
du monde avec Le Monde comme média. L'article sur les Bourguignon valorise un
couple de "scientifiques" autoproclamés mais sans références dont vous alimentez
le fond de commerce très lucratif vendant des conseils éculés à des agriculteurs
déboussolés. L’agronomie est une science de la complexité et les charlatans qui
voudraient nous faire croire le contraire doivent être dénoncés.
Mais mon ire est au paroxysme après la lecture de l'article de Laure
Gasparotto "Il est bio mon vignoble". Elle y amalgame scandaleusement la culture
biologique et la biodynamie.
L'agriculture raisonnée préconisant l'emploi "à minima" des engrais
chimiques et des produits phytosanitaires est un progrès considérable par
rapport à ce qu'on appelle couramment "l'agriculture chimique" développée et
imposée depuis ½ siècle sous couvert de productivisme par les firmes des
fournisseurs spécialisés.
Aujourd’hui, l'agriculture biologique est un objectif à atteindre. Elle
assure la conservation des sols par des pratiques culturales adaptées aux
différentes catégories de productions (grandes cultures, horticulture, cultures
pérennes incluant la vigne) et une alimentation des plantes à base de déchets et
déjections compostés de végétaux et animaux. Par contre, la protection «
biologique » efficace de certaines plantes contre leurs maladies ou ravageurs
demandera encore des recherches et des expérimentations longues avant
d'envisager un passage total au "bio" dans des conditions économiquement
supportables.
Ce n'est pas le cas pour la vigne dont la puissance végétative doit
nécessairement être contrainte pour que la réduction des rendements favorise la
qualité du produit transformé (transmuté, parfois trafiqué) qu'est le vin. C’est
ce constat qui rend possible la culture biologique intégrale de la vigne
destinée au vin. Mais cette conversion (qui nécessite 3 ans de transition) n'est
pas un retour en arrière. Au contraire, elle exige une plus grande précision
dans l'itinéraire technique nécessitant du producteur beaucoup plus de
connaissances, d'observations, d'attention et de respect de l'environnement.
Pour un vignoble arrivé à l'équilibre, le "bio" ne devrait pas renchérir les
coûts de production ni, par ailleurs, en garantir la qualité comme il est bien
dit dans l'article.
La culture biologique est l'aboutissement de l'équilibre entre la
production d'aliments de qualité la plus grande possible et le respect de
l'environnement et donc de sa conservation et de son enrichissement. Elle
nécessite des recherches scientifiques, des expérimentations longues, un
développement auprès des agriculteurs qui exige d'eux une formation solide, des
pratiques nouvelles et un rapport à leur environnement révolutionné. La culture
biologique est un sommet de rationalité. Par contre, il est inadmissible que
l’auteure fasse l'amalgame entre le "bio" et la "biodynamie".
Car la biodynamie est un gouffre d'ésotérisme, un syncrétisme de pratiques
magiques. C’est la primauté de l’obscurantisme, la négation de la connaissance
des lois naturelles, de la science agronomique et biologique. Le comportement
sectaire des intégristes de la biodynamie est comparable à d'autres sectarismes
: complexification, divination des pratiques édictées par un gourou,
infériorisation, domination des adeptes à qui on impose d’acheter des produits
exclusifs ou des matériels ( "dynamiseurs" ) incontournables qui génère une
dépendance, une soumission qui se prolonge souvent par la confiscation de la
commercialisation du produit fini obligé d’intégrer des filières
labellisées.
La biodynamie est à la culture biologique ce que l'homéopathie (et tout ce
qu'elle véhicule comme absurdités : mémoire de l’eau et dilution) est à la
médecine "intelligente» (prise en charge de l'être vivant partie intégrante de
son environnement) ou ce que le vaudou est à la philosophie libertaire,
l'escroquerie en sus. Il est inadmissible que vous cautionniez cet amalgame
systématique qui montre en tout cas que, si la culture biologique est une
libération individuelle, la "biodynamie" est un enfermement pyramidal flanqué de
ses matons rompus à un lobbying capable d'intoxiquer (d’enivrer) une
journaliste non avertie.
L'article complet d Monde Magazine ICI
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