samedi 14 mars 2015

En Ardèche, de nos délégués...

La commune de Saint-Pierre de Colombier compte environ 400 habitants et autant d'électeurs.
Elle dépendait du canton de Burzet et à présent a été intégré dans celui de Thueyts. Son poids électoral va donc être très dilué au niveau départemental.
Jusqu'au début des années 2000, il y avait encore plusieurs dizaines d'emploi dans le textile. Aujourd'hui, au niveau de l'emploi salarial ne subsistent que quelques artisans liés aux métiers du bâtiment. Celui qui, dans les années 2005, a mis la clé sous la porte s'est lancé en 2008 en politique et a été élu maire-adjoint et conseiller général.
La classe unique de l'Ecole Publique a fermé en 2010 (2011 officiellement) alors qu'il y avait sur le territoire communal encore une quinzaine d'enfants scolarisables. Aujourd'hui, ils sont inscrits dans le public ou le privé à Burzet, Meyras, Montpezat sous Bauzon, …

Mais le particularisme de cette commune, à première vue semblable aux autres dans ce Piémont ardéchois, c'est la présence sur son territoire du siège d'une congrégation religieuse dénommée : Famille Missionnaire Notre-Dame.

Un peu d'histoire locale...

En 1944, un nouveau curé est nommé pour la paroisse de Saint-Pierre de Colombier. Il est rapidement rejoint par 7 à 8 filles de « bonnes familles » originaires de la région d'Annonay.
Ce groupe va rester stable jusque dans les années 1970 où il recrutera aussi des hommes. Aujourd'hui, cette communauté comprend plus de 150 membres. Elle est implanté dans plus d'une dizaine de villes françaises et possède aussi une antenne à Rome.
A partir des années 70, elle n'a eu de cesse d'accroître son patrimoine immobilier sur la commune. La population locale ne voyait pas bien l'objectif poursuivi par le fondateur dans la mesure où ces bâtiments n'étaient pas utilisés.Celui-ci passait aux yeux de beaucoup comme un illuminé, qui toutefois n'avait cesse de marginaliser et éliminer le séculier...
Le séisme s'est produit lors des municipales de 2001. En 1995, le maire sortant avait rajeuni sa liste mais avait été personnellement battu. Un maire, plus jeune, avait été élu et rapidement il avait pu mesurer le côté envahissant de cette communauté et l'a contenu de son mieux.
En 2001, la communauté, avec la complicité d'un élu se revendiquant socialiste, installe... l'instituteur de l'Ecole Publique comme maire ! Une élection de dupes... De 2001 à 2010, le nouveau maire partagera son temps entre l'école, la mairie, la communauté...
En 2008, il ne devra sa réélection qu'aux voix des « religieux ». En 2014, une alliance d' intérêts personnels et de résignation marginalisera les laïques.

Une situation connue avec des pouvoirs publics et des élus qui ferment les yeux...

L'élection municipale de 2001 a donné lieu à une double page dans Libération, une page dans Golias (revue catholique contestataire), un reportage dans L'Envol.
A chaque élection, la commune se singularise par des résultats qui peuvent placer en tête De Villiers, Boutin, LE PEN, ou un candidat « Force vie »...
Une association « L'Avenir de Saint-Pierre de Colombier » a été créé. Elle continue dans l'ostracisme et quelquefois sous les menaces de faire vivre une flamme laïque.
Depuis 2001, ministre de l'Intérieur, parlementaires, préfets, sous-préfets sont régulièrement informés mais... n'y peuvent rien !!!
Pourtant, le problème essentiel de la commune de Saint-Pierre de Colombier c'est bien l'inscription en masse de religieux sur les listes électorales. Cette force électorale leur permet, par la désignation d'un maire entièrement sous leur influence de faire ce qu'ils veulent. Pas question de remettre en cause le droit de vote des religieux mais nécessité de clarifier, voire de légiférer pour qu'ils ne bénéficient pas de droits supérieurs aux autres citoyens.
En effet, sur les 150 religieux appartenant à cette congrégation, nul sait combien résident régulièrement dans la commune. 20 -30 -40 ? Mais leur nombre d'inscrits sur la liste électorale communale ne cesse d'augmenter. 105 en 2014, 110 en 2015 (cette année, sur 10 nouveaux inscrits, il y a 6 religieux!). Une simple attestation du supérieur permet l'inscription de très jeunes personnes.
Malgré les mises en garde faites depuis bientôt 15 ans, les représentants du préfet et du tribunal à la commission électorale communale sont des personnes acquises ou indifférentes aux problèmes engendrés par la communauté.

Une communauté intégriste en mission extra-communale...

L'intégrisme religieux pouvant être caractérisé par le fait que le religieux investit le terrain politique, nous avons à faire à une communauté intégriste ! La loi de leur Dieu prime sur celle des hommes. C'est la charia chez les islamistes, la loi naturelle chez les cathos intégristes.
Ils sont particulièrement actifs ces dernières années. S'ils rejettent le modernisme, ils utilisent très bien la communication et en particulier internet.
Leur site fmnd.org est très professionnel. C'est un instrument de propagande qui n'hésite pas à appeler à la désobéissance civile en prônant en particulier la primauté de la loi naturelle.
Ils se montrent très actifs dans les mouvements et manifestations remettant en cause les lois sur l'avortement et toute contraception, le mariage pour tous.
A l'intérieur de l'église catholique, ils sont de plus en plus puissants. Les évêques n'ont aucune autorité sur eux qui ont l'argent et de plus en plus de recrues. Quant à leur « mission » à Rome, comment la voir autrement que par un lobbying auprès du Vatican ?
L'argent est chez eux le nerf de la guerre, même s'ils font à titre personnel vœu de pauvreté. Il n'est pas absent des problématiques implantation et recrutement... Dès sa création, on a bien mesuré, localement, que le critère patrimoine familial était essentiel dans l'appréciation du bien-fondé de la vocation. Nombre de postulants ont été écartés et quelquefois... mariés !
Les dernières implantations sont emblématiques : Sainte-Maxime, Cannes, Biarritz, … (là où il y a plus de rentiers que de rmistes) mais aussi à Vannes (précisément Arradon, commune où est implantée l'Université catholique de l'Ouest Bretagne), …
Cette communauté recueille aussi quelques sympathies dans le milieu royaliste et dans les officiers de l'armée.
Ainsi, sur une pétition en ligne parue à la fin du pontificat Jean-Paul 2, sur plus de 1800 pétitionnaires près de 15% avaient des noms à particules.

Vivre dans un environnement intégriste.

Nul ne peut être élu et participer à la vie locale s'il ne figure pas sur la liste du maire aux élections municipales.
Pour prétendre à cette liste, il faut : soit être dans la mouvance de la communauté, soit ne présenter aucun danger pour l'expansion de celle-ci... En 2014, le maire a refusé d'ouvrir sa liste à la sensibilité laïque.
Ce préambule étant posé, on peut alors vivre dans cette commune en acceptant :
  • un prosélytisme religieux au quotidien : sonnerie de cloches, prières de rue, nuisances sonores,
  • un manque de transparence au niveau communal : listes électorales mais aussi impôts locaux (foncier et habitations), redevances sur l'eau et l'assainissement, les ordures ménagères, l'entretien de l'église paroissiale (ignorance complète de la loi de 1905...). le maire refuse tout contrôle qui pourrait porter atteinte aux intérêts de la communauté religieuse !
  • une politique de « colonisation ». Aujourd'hui, la communauté a abandonné l'achat en son nom propre de bâtiments (elle en possède une dizaine dans le bourg). Elle invite les familles de religieux à faire les acquisitions en nom propre. Elle a ainsi l'avantage de disposer de ces bâtiments sans en supporter les charges. Au bout de 5 ans, leurs propriétaires pourront s'inscrire tout à fait légalement sur les listes électorales.
  • de voir certains élus se servir sans scrupules... Le summum a été atteint par celui qui de 2008 à 2014 a été 1er adjoint et conseiller général (candidat en mars 2015) qui a fait intervenir de l'argent public sur 3 friches industrielles qu'il possède (ou possédait) en SCI. 10 jours avant les élections de 2014, nous nous sommes aperçus que lui aussi n'aurait pas du figurer... sur les listes électorales ! Il ne possédait aucun bien en main propre et ne résidait pas dans la commune ! Du maire au préfet, en passant par la députée, tous les responsables sont au courant... mais ne peuvent ou ne veulent rien faire.
  • de subir des pressions (gendarmerie...), voire des menaces (blog internet, graffitis sur un mur) ou des menaces d'agression physique et de mort (fin janvier 2015) si on n'acceptait pas cet état de fait.

Aujourd'hui, les « résistants » à la situation théocratique actuelle ont malheureusement la certitude que la cause laïque n'est pas une priorité pour les politiques, parlementaires, représentants de l'Etat et tous ceux dont la mission est de défendre les valeurs républicaines. Les lettres recommandées restent sans réponse et quand il y a réponse (les politiques...) elles sont empreintes de langue de bois. Seules les associations de militants sont capables et ont la volonté de faire vivre ces valeurs . C'est le sens de ma démarche auprès de vous.
Au début des années 2000, était paru un document intitulé : « Les territoires perdus de la République ». Bien sûr tout le monde pense au 9-3 ou aux quartiers nord de Marseille... Mais il y a aussi des territoires perdus de la République dans certaines communes rurales .







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