Le 19 septembre a eu lieu en appel le procès concernant la ferme des deux soleils à Servance. L’expert psychologue qui avait été désigné était celui-là même que nous avions écouté en première instance. Nous entendons donc pas revenir sur des cas individuels des victimes qui se sont présentées à la barre, mais juste dégager l’essentiel de ce qu’il a été possible de mieux comprendre en matière de fonctionnement d’un groupe sectaire.
Comme en première
instance, le président introduit les mots secte (il
fut question de secte et non de dérive sectaire, expression pas -ou
très peu- employée) et emprise et
questionne l’expert. Nous nous sommes efforcés de résumer au
mieux son exposé préliminaire en prenant furieusement des notes
pendant son intervention, et nous nous efforçons de restituer le
plus fidèlement possible son exposé.
On parle de secte
lorsqu’il y a un regroupement de personnes qui professent les mêmes
croyances et sont attachées à la même personne. Cette attachement
à la personne est capital.
Elles constituent un
groupe, qui est seul à détenir un idéal, une doctrine autour de
laquelle elles constituent un groupe de personnes sauvées
Conséquences : la
coupure avec les amis, avec le monde extérieur, et la mise en place
d’un mécanisme d’emprise mentale.
Les personnes viennent
librement, adhèrent au projet du maître, ce qui fait que plus
personne ne les reconnaît. Elles sont embrigadées mais sans le
savoir.
Ce processus empêche
l’exercice du libre arbitre, de l’esprit critique. Il est
facilité par un emploi du temps qui laisse le moins d’espace
personnel aux victimes, absorbées par des réunions, et sans cesse
occupées.
Venons-en à l’emprise
mentale. La psychologie a montré que les hommes fonctionnent avec
des représentations : représentations d’eux-mêmes, de la
société, qui reposent sur des croyances.
La garantie de la
vérité, du savoir : pour les enfants, ce sont les parents qui
la fournissent. Donc faut grandir avec les certitudes de ses parents.
C’est un phénomène d’emprise mentale
certes, mais c’est la processus normal. En grandissant
on s’aperçoit qu’on ne s’identifie plus aux parents, et on
construit alors son propre système de représentation.
L’emprise est donc un
phénomène normal qui nous construit et nous aide à nous constituer
Mais il est possible de
revenir à la crédulité. Quand une personne dit moi je sais,
le groupe la suit, ils ont le sentiment que cette personne est
elle-même la garantie. En l’occurrence, tout le monde a été
happé par la dirigeante, garante de ce qu’il fallait suivre. Le
maître dans le cas présent n’assume pas : c’est un
soi-disant archange qui dicte mais ce n’est jamais lui.
Pour ce qui concerne
les thérapeutiques en question dans la procédure (le REIKI est
souvent évoqué) l’expert estime que les mains ne sont que le
véhicule de la parole. C’est ce qui est dit autour des pratiques
manuelles qui est à la source de l’attachement porté à un
thérapeute. Il faut de la confiance : dans une emprise mentale,
on dit des choses dont on a honte et on en attend une reconstruction.
Le thérapeute travaille avec son patient pour qu’il se
reconstruise. Mais si le thérapeute se sert de ce qui lui est dit
dans un objectif autre que cette reconstruction, l’emprise dérape.
L’expert pense que la
responsable a été dépassée par sa création. Il est question
d’un voyage en Corse, des disciples devaient dire au revoir à
leurs familles, était-ce le prélude à un suicide collectif ? La
question est pertinente mais le mystère de ce passage vers la
«cinquième dimension » n’a pas de réponse certaine. Cet épisode fut évoqué à 'audience mais sans trouver d'explication sûre.
La violence venait de
la menace d’être expulsé du groupe. Si on le quitte, on retourne
dans un monde de perdition. Il y a infantilisation, c’est sûr
Les parties civiles ont
été interrogées, le président de la Cour ne cesse de leur
demander si ce qu’elles ont vécu correspond à cette définition
de l’emprise.
Même si l’audience
est publique, les bancs du public était très clairsemés, Et nous
nous abstiendrons de détailler les parcours individuels de toutes
les personnes.
Quelques conclusions en ce qui concerne notre problématique. Certaines parties civiles étaient en mal-être et dans un premier temps ont trouvé du réconfort auprès de la prévenue. Une entrée en secte répond à un besoin et pendant un laps de temps plus ou moins long provoque une sensation de mieux-être: sinon, les dérives sectaires seraient inexistantes.
L'une d'elles a expliqué le déclic qui avait enclenché le mécanisme de sortie de la ferme des deux soleils. Lors d'un déplacement à l'extérieur pour le compte du groupe, elle entendait les gens autour d'elles parler de cinéma, de vacances... tout ce dont elle était privée.
Cela peut nous rappeler le documentaire PORK AND MILK (Valérie Mrejen) qui traitait de personnes qui, en quittant le judaïsme orthodoxe, rejoignaient les milieux laïques, en Israël ou ailleurs. L'une des personnes interrogées relatait que le déclic de sa sortie avait été une sensation du vent dans sa chevelure sur une plage...
Attendons donc le verdict, plus pour ses attendus que pour le verdict, notre objectif n'est pas de nous réjouir d'un emprisonnement mais de voir les personnes libérées de l'emprise reprendre une vie normale.
Quelques conclusions en ce qui concerne notre problématique. Certaines parties civiles étaient en mal-être et dans un premier temps ont trouvé du réconfort auprès de la prévenue. Une entrée en secte répond à un besoin et pendant un laps de temps plus ou moins long provoque une sensation de mieux-être: sinon, les dérives sectaires seraient inexistantes.
L'une d'elles a expliqué le déclic qui avait enclenché le mécanisme de sortie de la ferme des deux soleils. Lors d'un déplacement à l'extérieur pour le compte du groupe, elle entendait les gens autour d'elles parler de cinéma, de vacances... tout ce dont elle était privée.
Cela peut nous rappeler le documentaire PORK AND MILK (Valérie Mrejen) qui traitait de personnes qui, en quittant le judaïsme orthodoxe, rejoignaient les milieux laïques, en Israël ou ailleurs. L'une des personnes interrogées relatait que le déclic de sa sortie avait été une sensation du vent dans sa chevelure sur une plage...
Attendons donc le verdict, plus pour ses attendus que pour le verdict, notre objectif n'est pas de nous réjouir d'un emprisonnement mais de voir les personnes libérées de l'emprise reprendre une vie normale.
NOUS RECOMMANDONS LA LECTURE DU DOSSIER TRES COMPLET DE L'EST REPUBLICAIN EN DATE DU 20 SEPTEMBRE QUE NOUS PREFERONS NE PAS REPRODUIRE POUR DES RAISONS DE COPYRIGHT
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