Collectif
d’organisations de la société civile
Pour
le maintien de la MIVILUDES.
PARIS, le 4 novembre 2019
Hôtel Matignon
Monsieur Edouard PHILIPPE
Premier Ministre
57 RUE DE VARENNE
75007 PARIS
75007 PARIS
Objet :
MIVILUDES
Monsieur
le Premier Ministre
Le collectif des organisations de la société civile signataires de
la présente à l’honneur de solliciter un rendez-vous auprès de
vous afin de vous présenter les éléments de réflexion en vigueur
en son sein au sujet de la MIVILUDES.
L’annonce
faite de son absorption par le Ministère de l’Intérieur avec un
effectif réduit fait craindre sa disparition de fait. Crainte
confirmée par l’ex-député Georges FENECH, président de la
Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les
dérives sectaires de 2008 à 2012, je cite : « Ce n’est pas
une réorganisation, c’est une disparition ».
Des
député.e.s et sénateurs-sénatrices en exercice de tous les partis
politiques démocratiques ont également fait part de leur crainte,
notamment lors de la conférence de presse du 10 octobre dernier à
l’Assemblée Nationale.
Le
« rapprochement » annoncé avec le Comité
interministériel de prévention de la délinquance et de la
radicalisation (CIPDR) marque un changement d’orientation du
gouvernement et le primat accordé à la lutte contre la
radicalisation djihadiste (quid des autres formes de radicalisation
par ailleurs ?) plutôt qu’à l’emprise sectaire. Faut-il le
rappeler ici, la radicalisation est qu’un phénomène récent, qui,
s’il emprunte certaines techniques de mise sous emprise au
phénomène sectaire, relève de de buts premiers biens différents,
à savoir des objectifs géographico-économiques.
Il ne s’agit pas pour nos organisations de minimiser les dangers de
la radicalisation ; certaines sont actives sur le terrain de la
lutte contre celles-ci dans des quartiers ou en zones rurales, mais
les approches, certes complémentaires, sont différentes et ne
doivent se confondre.
Pour nos organisations, la modernisation de l’organisation
administrative en tenant compte des évolutions les plus récentes
passe non seulement par le maintien de la MIVILUDES y compris dans sa
dimension interministérielle avec rattachement auprès du Premier
Ministre mais aussi par l’augmentation de ses moyens humains et
financiers, et sa stabilisation dans la Loi.
Le budget annoncé de la MIVILUDES est en soi mineur (6
fonctionnaires détachés et 6 personnels administratifs qui
remplissent une mission d’intérêt général avec 90 000 euros de
budget de fonctionnement) ; il est dérisoire au regard de son
utilité, notamment au vu des milliers de singalements recueillis
chaque année par la Mission.
Vous n’êtes pas sans savoir, que ces mouvements développent des
stratégies à long terme, et sont aujourd’hui en capacité
d’acheter des batiments de plus de 30 millions d’euros dans un
quartier de Paris appelé à être l’une des vitrines mondiale de
la Répulique lors des J.O. de 2024.
Sur le terrain, les associations d’aides aux victimes d’emprise
recueillent quotidiennement, à un niveau certe différent mais d’un
volant tellement important, des témoignages de familles détruites
lorsqu’un des leurs se retrouve happé par le phénomène sectaire.
Apparu sous forme massive dans les années 70, aujourd’hui tout
espace de fragilité devient une cible pour ces groupes :
l’école, la périnatalité, le troisième âge, la précarité
professionnelle, les divorces, l’interrogation climatique,
l’écologie, la santé, et même la formation professionnelle.
La République ne peut pas avoir une position de retrait sur une
question qui affecte aujourd’hui tout l’espace social, bien au
contraire. Une enquète sociologique menée il y a huit ans indiquait
qu’un français sur cinq connaîssait
personnellement dans son entourage familial, amical ou professionnel
une ou plusieurs personnes qui ont été victimes
de dérives sectaires. Depuis la Miviludes, Samu bien démuni face au
phénomène, ne fait que souligner l’évolution exponentielle du
problème.
Les membres du collectif se tiennent à votre disposition, à une
date à votre convenance, pour échanger sur ce dossier relevant de
la protection de la liberté du citoyen.
Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre,
l’expression de ma très haute considération.
Pour
le collectif
Roland BIACHE
Ligue
des Droits de l’Homme
Secrétaire Général
PJ
ci-dessous : liste des organisations signataires au 4/11/19
Signataires :
Action
antisecte,
Association
de défense des familles et de l’individu victimes des sectes
(ADFI. Paris-IDF), Association noiséenne de défense et de
protection contre les sectes (ANDPS),
Anjou
laïque,
Astec,
Centres
d’entrainement aux méthodes d’éducation actives (Cemea),
Centre
national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire
(Caffes),
Centre
contre les manipulations mentales (CCMM National) – Centre Roger
Ikor,
Cercle
laïque pour la prévention du sectarisme (CLPS),
Comité
national des associations familiales laïques (Cnafal),
Fédération
internationale des associations de personnes âgées (Fiapa),
Fédération
syndicale unitaire (FSU),
Groupe
d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de
l’individu (Gemppi),
Ligue
de l’enseignement – Fédération des œuvres laïques de
l’Ardèche,
Ligue
des droits de l’Homme (LDH),
Psychothérapie
vigilance,
Secticide,
Société
famille individu –
Association
de défense des familles et de l’individu victimes des sectes
(SOFI-ADFI), Solidarité laïque.
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