samedi 22 février 2020

LA FERME DES DEUX SOLEILS : épilogue




« la liberté de conscience, protégée par la constitution, ne peut servir d’argument si le processus de captation mentale prend la place de la raison, de la liberté de pensée et de l’agir en conséquence »

Nous avons rendu compte de l’audience concernant la ferme des deux soleils.
L’arrêt de la cour d’appel de Besançon a été prononcé publiquement le jeudi 21 novembre  2019.
Ayant suivi l’affaire depuis fort longtemps, avant même la création de la ferme elle-même, nous ne pouvions pas passer sous silence ce jugement .
Toutefois, nous nous abstiendrons de fournir tous détails permettant d’identifier les parties civiles.
Nous pouvons subodorer que le rappel des faits pourrait faire surgir des souvenirs très pénibles, et nous ne voulons pas interférer dans l’intimité  de ces personnes; même en ne mentionnant pas leur identité, nous ne donnerons aucun élément qui permettrait de les reconnaître. 
D’après la Cour, il est mentionné que lors de la procédure, il était apparu que « ce groupe présenterait des signes inquiétants de dérive sectaire". De la même façon que le terme de secte avait été utilisé lors de l’audience à Vesoul, le terme dérive sectaire apparaît dans le corps du jugement, même si n’en existe aucune définition juridique en droit français. 
 Il apparaît également un « mécanisme de sujétion mentale » qui s’illustre notamment par un processus de thérapie alternative appelée Reiki.  Il est également mentionné « un état d’emprise psychologique et mentale » pour certaines parties civiles. 
La cour définit la sujétion « comme l’assujettissement, la dépendance, la soumission ou l’oppression. La loi sanctionne les pratiques actives de mise en dépendance ou de conditionnement de personnes dans le dessein de les contraindre plus facilement ». 
Autre extrait : « la résistance à cette manipulation était affaiblie par les tâches à accomplir, les ordres de Michael à exécuter, les horaires de travail très importants (maraîchage, vente sur les marchés…) et la coupure progressive avec le monde réel ».
La Cour en déduit, et c’est une phrase qui nous  conforte dans notre action : « la liberté de conscience, protégée par la constitution, ne peut servir d’argument si le processus de captation mentale prend la place de la raison, de la liberté de pensée et de l’agir en conséquence ».
Effectivement, nous retrouvons ici la raison d’être de notre association. 
Dans le cas présent, la Cour infirme l’incrimination du travail dissimulé, qui implique « un lien de subordination entre l’employeur et le travailleur », un lien que la cour d’appel juge absent en la circonstance.
Nous nous en tenons à notre posture habituelle, qui consiste à ne pas contester ni discuter une décision de justice  dans un cadre autre qu'universitaire.
En conclusion, la peine d’emprisonnement de cinq ans prononcée par le tribunal de Vesoul a été confirmée, mais avec un sursis pour deux années et maintien en détention.
D’un point de vue éthique , ce qui nous satisfait, c’est la libération des personnes de leur emprise, avec notre souhait qu’elles réintègrent au plus vite la société environnante.
Nous nous sommes intéressés à cette communauté,  uniquement dans cet objectif, nous nous nous réjouissons jamais de l’emprisonnement de quiconque. En revanche, nous espérons que ce procès et son issue dissuaderont d’autres apprentis gourous qui seraient pris par l'idée d'exercer un pouvoir destructeur sur autrui.

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