vendredi 1 mai 2020

courts extraits du témoignage de Florence Aubenas dans les colonnes du Monde sur l'Alsace après le virus, concernatn la Porte ouverte chrétienne

Florence Aubenas, qu’on ne présente plus, vient de commettre dans les colonnes du Monde un très bel article sur l’Alsace quelques deux mois après la semaine organisée  par la Porte ouverte chrétienne et la contamination.
Nous en avons extrait des citations concernant cette Eglise. Nous vous les soumettons ci-dessous. Nous vous laissons vous forger votre propre opinion et comme nous le faisons souvent, mais nous gardons bien de dicter à nos lecteurs ce qu’ils doivent penser !
Notre rôle est de faire réfléchir  sur le sectarisme, mais en nous gardant de toute manifestation de haine, en nous efforçant d’éviter toute stigmatisation.  Nous pensons que nos électeurs ont saisi le sens de notre démarche.



Au pied d’une HLM, le carré de pelouse n’est pas plus grand qu’un mouchoir, juste la place de déployer un parasol Pepsi-Cola. La mère, la fille et le petit-fils sont confinés dessous, seule tache de vie dans Bourzwiller désert. Les deux femmes, Monique et Nathalie, travaillent dans le ménage, rien en ce moment, ça va sans dire. Juste en face de chez elles se dresse un bâtiment imposant, l’église évangélique La Porte ouverte chrétienne. Le parking donne la mesure de sa fréquentation : gigantesque. 
 
« Moi j’y vais à Pâques et à Noël, c’est magnifique, mieux décoré que la vitrine des grands magasins à Paris », s’enflamme Monique, la mère. « Une secte », tranche la fille. La mère : « Mais une secte gentille. Des drogués et des alcooliques la fréquentent, ils ont l’air mieux après. » Elle-même a participé à une journée d’accueil, en 2015, « pour le buffet surtout, je le dis honnêtement. Il y avait des sandwichs au salami et même à boire. Entrée libre, tout gratuit ». La fille : « Mais c’est venu de là-bas. » A Bourzwiller, où s’est aussi construite la première mosquée d’Alsace, la cohabitation était jusque-là sans histoire avec La Porte ouverte chrétienne. Mais début mars, certains jeunes n’avaient qu’une idée en tête : la brûler, quand l’église évangélique a été désignée comme un des « détonateurs » de la pandémie dans le Grand-Est. Celle- ci avait organisé une semaine de jeûne, réunissant plus de 2 000 personnes, du 17 au 22 février, donc bien avant les mesures nationales contre le coronavirus. Finalement, les larmes ont noyé la colère, raconte Fatima Jenn, ardente défenseuse du quartier et candidate aux municipales (ex-LRM). « D’ailleurs, eux aussi sont victimes », dit-elle au sujet des évangéliques. D’un coup, elle devient livide, s’assoit sur un coin de trottoir, les escarpins dans le caniveau. Le soir même du scrutin municipal, le virus l’a attrapée en plein vol. Son score au premier tour des élections ? A vrai dire, elle peine à s’en souvenir. « Depuis, les priorités ont changé ! Les gens ont changé ! J’ai changé ! » Elle se relève, la démarche mal assurée. « Pardon, je vais rentrer. »


De son côté, Jonathan Peterschmitt, petit-fils du fondateur, reste « intimement convaincu » que l’église La Porte ouverte chrétienne n’est pas le détonateur de la pandémie dans le Grand- Est. Lui-même est médecin généraliste dans un village d’Alsace, « un praticien classique, semblable à n’importe quel confrère », dit-il. Pour aborder d’autres sujets, il attend un signe de ses patients. « Le sud de l’Alsace reste un pays de croyances, de rebouteux, où beaucoup de gens croient aux guérisons miraculeuses. Etant moi-même dans le spirituel, je ne renverse pas la table quand ils m’en parlent. » Dans ces cas, le docteur Peterschmitt, 31 ans et 4 enfants, tous vaccinés, utilise « des moyens autres ». Il vient de demander une enquête scientifique sur la propagation du virus dans le Haut-Rhin, et le CNRS l’aurait déjà contacté. Et si les investigations concluaient à un foyer pendant la semaine de jeûne à Bourzwiller ? « Dieu commence par son peuple s’il veut donner un message. Il nous fait passer une épreuve pour nous donner l’occasion d’en tirer un bénéfice spirituel. » La Porte ouverte chrétienne compte déjà 30 morts et des dizaines de personnes hospitalisées, et 18 membres de la famille Peterschmitt ont été touchés.

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