lundi 17 janvier 2022

A partir d'une enquête du Monde M: fermeture d'une école Steiner dans le fief d'Extinction Rebellion; retour sur les rapports d'inspection.

 







Dans le supplément hebdomadaire du journal Le Monde, un reportage assez long décrit la ville de Stroud en Grande-Bretagne. Cette agglomération est présentée comme le foyer ou est né le mouvement écologiste Extinction Rébellion. Mais comme cet article en entier est couvert par le droit de la presse, nous n'en citerons qu'un bref extrait. Deux questionnements peuvent en surgir. Tout d'abord, la rédaction de l'article peut laisser entendre qu'il existerait au minimum une convergence, au plus un lien entre Extinction Rébellion et la mouvance de Rudolf Steiner. Comme à notre habitude, nous n'affirmons pas quand nous n'avons pas de certitude. Nous ne pouvons vous offrir que le questionnement induit par l'article du Monde.

C'est donc dans ce milieu imprégné d'écologie, où est né Extinction Rébellion, qu'on trouve une école Waldorf. Mais ce qui n'est pas précisé dans l'article, c'est que cette école a été fermée récemment. L'un de nos administrateurs, angliciste, a traduit le dernier rapport, à la suite duquel l'administration britannique a décidé la fermeture. Comme à l'accoutumée, nous nous efforçons d'aller au fond des choses. Pour qui voudrait vérifier, nous donnons ici le lien vers l'ensemble des rapports relatifs à cette école.

Avec un regret : en Grande-Bretagne, les rapports d'inspection relatifs à ces écoles sont publics, mais également portés à la connaissance des citoyens via Internet. Cela permet d'une part aux parents de connaître la réalité d'une école dans lequel ils envisageraient d'inscrire leurs enfants, et également aux citoyens d'obtenir des informations sur le respect des droits de l'enfant. Une fois de plus, en faisant ce parallèle, nous émettrons le vœu que l'administration ne nous opposera plus de refus explicite lorsque nous sollicitons des rapports d'inspection des écoles hors contrat, de refus implicite en ne répondant pas à nos demandes pourtant courtoises.

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court extrait de l'article du Monde M

Commentaires du traducteur :
Ce rapport de Janvier 2020 a eu pour conséquence la fermeture de l'école.
A vrai dire, l'inspection de 2019 avait déjà souligné tous les manquements, jugé que l'école était "inadéquate" (=insatisfaisante), non conforme aux normes qui s'appliquent aux écoles indépendantes et prescrit des changements.
C'était une école mixte, inscrite comme "independent","sans caractère religieux (mais clairement Steiner-Waldorf) qui recevait 213 élèves, de 3-19 ans (y compris des élèves à besoins spécifiques ou handicapés. Elle n'avait pas d'internat, elle ne recevait plus d'écoliers d'outre-mer depuis un certain temps. Les frais de scolarité s'élevaient de £ 7000 à £10 225.

Résumé des points principaux du rapport:

Qualité de l'éducation/enseignement:
 Les changements (préconisés lors de la précédente inspection) ont été bloqués par un groupe d'enseignants réfractaires. Les programmes (curriculum) sont restés trop peu exigeants, trop peu de rigueur dans l'enseignement de l'Anglais et des mathématiques. Les "nouveaux" programmes introduits n'ont pas conduit à une différence visible dans les connaissances et la compétence des élèves. Pour l'orientation, trop peu d'information et de conseils. Le personnel : Les responsables seniors ont pris quelques initiatives quant à la formation des personnels (mais on lit plus loin que le conseil d'administration y était défavorable et que les responsables intermédiaires ont démissionné.)
 L'enseignement de la lecture est mauvais, on a trop peu d'exigences et l'évaluation est inefficace. On enseigne mal la lecture et on n'encourage pas la lecture. Les enseignants ne savent pas enseigner les phonics et ne savent pas identifier les manques dans les aptitudes à la lecture. Ceci, associé au manque de livres pour fournir un soutien aux aptitudes à la lecture met les élèves en position désavantagée.
 Les programmes ne correspondent pas aux âges, aux aptitudes et aux besoins des élèves, en particulier ceux qui ont des besoins spécifiques ou un handicap (on lit plus loin qu'ils sont exclus des activités de classe). On constate un manque d'expertise dans la prise en charge de ces élèves. Pour les élèves à besoins spécifiques (émotionnels, ou apprentissage) un grand nombre d'élèves auront besoin de soutien supplémentaire en aptitudes de base.
Le projet d'introduire un nouveau plan "lecture», censé construire l'apprentissage des élèves efficacement, dans la durée n'a pas été développé. Les responsables ne comprennent pas encore toutes les faiblesses qui étayent leur fonctionnement. Il n'y a pas de lien entre les 3 phases principales dans l'école pour s'assurer que les élèves sont prêts pour la nouvelle phase de leur éducation. Des dispositions prises pour l'évaluation à l'école primaire ont été introduites. Mais il n'y a pas de surveillance, pas de modération de la correction des évaluations. Au mieux, l'évaluation est faible, au pire, elle est absente. Les cahiers des élèves montrent que les enseignants n'évaluent pas le travail, et ne fournissent pas de feedback (=retour d'information)

Partie III  Bien-être, santé, sécurité
--la culture de l'école est toxique.
--les relations entre personnels, parents et professions, ont conduit à une situation dans laquelle la sécurité des enfants vient après les droits acquis. Le personnel est divisé et ceux qui veulent un changement sont victimes d'intimidation de la part d'autres membres du personnel et d'un groupe de parents qui veulent garder le contrôle de l'école. Les enfants sont en danger et ne sont pas protégés quand ils devraient l'être.
On ne se préoccupe pas des problèmes de protection des enfants.
Malgré les normes statutaires de "sauvegarde", certains personnels n'ont pas fait de rapports sur les attitudes inquiétantes des élèves. Ces enseignants ont été autorisés à continuer d'enseigner, sans action disciplinaire.
Les responsables de l'école ne mettent pas en question l'attitude inacceptable des personnels, attitude qui représente un risque significatif pour les élèves. Quand l'Officier d' Education (représentant de l'autorité locale d’Education) demande des investigations internes complètes, elles ne sont pas faites. Les registres de protection des enfants ne sont pas tenus de façon efficace, donc les responsables sont incapables d'expliquer les actions qu'ils ont entreprises ou d'en décrire les résultats. Impossible de confirmer les actions prises en réponse à des problèmes de sécurité.

Politique concernant les mauvais comportements et le harcèlement: publiée sur le site web, mais pas d'encouragement à la bonne conduite, ni prévention du harcèlement. Pas de preuves que le personnel suive, mette en œuvre ou comprenne (sic!)cette politique.
Des rapports de plaintes montrent que les parents ont peu de confiance dans l'école pour réduire le harcèlement.
Beaucoup de familles qui ont retiré leurs enfants de l'école ont cité le harcèlement et le manque de sécurité pour expliquer leur décision. Ils n'ont pas pu partager leurs inquiétudes à cause des (mauvaises) relations entre parents et personnel; alors qu'un nouveau système avait été introduit, il y a depuis Septembre 2019 des «incidents" liés aux mauvaises attitudes et au harcèlement.

Les leaders responsables n'ont pas vérifié que des sanctions aient été appliquées en accord avec la ligne de conduite de l'école. Il n'y a pas eu d'analyse des "incidents". Presque rien n'a été mis en place. Des conseils extérieurs ont été fournis pour tenter de réduire le harcèlement. Cependant, il n'y a aucune preuve de la diminution des faits de harcèlement.

 Accidents et blessures

--Premiers  soins administrés aux enfants, rapports rédigés sur accidents et blessures mais pas de description des circonstances de la blessure, ni de la nature de la blessure. On remarque des blessures récurrentes, des blessures non expliquées, des blessures non accidentelles.

--Manque de soins apportés aux enfants
--Manque de surveillance
Les leaders n'ont pas interpellé les enseignants qui ont, faute de surveillance, mis les enfants en danger. Donc il se peut que cette pratique inacceptable continue : la formation récente sur ce sujet n'a pas été efficace.

Pas de surveillance efficace pendant les récréations .L'attitude dangereuse subsiste, même s'il y a des personnels.

--Evaluation des risques
Politique d'évaluation des risques non appropriée et trop limitée: on ne dit pas clairement que les personnels doivent être vigilants, et qu'ils doivent anticiper pour la sécurité et le bien-être des élèves.
Les élèves vulnérables continuent d'être en danger .Les risques potentiels pour les enfants n'ont pas été réduits.


Partie VII Façon de traiter les plaintes: plaintes écrites non prises en compte.
Pas d'indépendance dans le traitement des plaintes à cause des relations entre le personnel et les parents .Pas de confidentialité. Les leaders ne comprennent pas la nécessité de prévoir une personne indépendante comme membre du bureau (des plaintes). Les parents ne peuvent pas se plaindre de façon formelle ou informelle. Même quand une plainte est prise en considération, rien n'est fait. Au cours des années, les registres sont incomplets, et ne montrent pas comment les investigations ont été faites, ni comment une plainte est résolue.


Partie VIII Qualité des responsables dans l'organisation et la direction de l'école
La culture de l'école est préjudiciable. Elle interdit et endommage tout travail en vue de sauvegarder et de promouvoir la sécurité et le bien-être des élèves. Les manquements fondamentaux placent les enfants en danger. Rien n'a été fait pour respecter les normes relatives au bien-être, à la santé, à la sécurité, ni la gestion des plaintes. Les membres du conseil d'administration (trustees) n'exercent pas de surveillance impartiale: ils sont tous liés directement à l'école, au personnel ou aux parents. Aucune objectivité n'est possible par rapport aux plaintes. Ils sont tous contaminés. (ndlr : par l’ambiance toxique?)

Leaders et administrateurs n'ont toujours pas produit une direction et un fonctionnement efficaces.
Les enfants n'ont pas reçu un niveau d'éducation correct; ils ne sont pas dans une école sûre, qui fonctionne bien. Il n'y a pas de plan d'action, pas de normes de direction et de fonctionnement. Rien ne dit comment les responsables sont soutenus pour développer l'expertise dont ils ont besoin. Peu de capacité pour une amélioration interne.
Les responsables seniors sont soumis à une pression. Le principal ne travaille que 3 jours par semaine, le principal adjoint passe beaucoup de temps à s'occuper des "incidents»; il est incapable d'en faire davantage.
Les responsables intermédiaires ont démissionné, ce qui a exacerbé la situation.
Peu de progrès pour le respect des normes (non respectées lors de la précédente inspection).
Il manque ce qui serait nécessaire pour soutenir les améliorations et il y a trop peu d'insistance sur les priorités. Le manque de système pour s'attaquer à l'attitude médiocre des personnels et à leur incompétence a permis la persistance d'une attitude inacceptable et a mis un frein aux tentatives d'amélioration. Les trustees (ndlr membres du conseil d’administration) n'ont pas pris en compte les leaders: les minutes des réunions montrent que des systèmes essentiels, basiques, ne sont pas en place. On ne sait pas ce que les trustees attendent des leaders. Les possibilités de soutenir les leaders sont éludées, ou renvoyées à de prochaines réunions. Les trustees n'ont pas rassemblé assez de renseignements pour avoir une vue d'ensemble de l'école.

Les exigences statutaires ne sont pas respectées. Il y a déficience des dispositions prévues pour les enfants aux besoins spécifiques. Pour les enfants du jardin d’enfants (Kindergarten), pas de dispositions efficaces pour que les enfants soient en sécurité.


Cette école ne respecte pas les normes exigées pour les écoles indépendantes.
Lors de la précédente inspection, ces normes n'étaient pas respectées.
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L'école a fermé. Si l'on va sur leur site, le leader, en 2021 disait qu'il n'avait pu rouvrir pour "raison financière" et il incriminait la crise du Covid. A vrai dire, après avoir lu le rapport, on imagine que beaucoup de parents ont retiré leurs enfants.




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