jeudi 27 septembre 2012

Evitons les amalgames et les raccourcis!


Tant de la part de personnes physiques ou morales qui nous sont défavorables que de nos amis, nos positions peuvent être mal interprétées. Voici un exemple d'une correspondance adressée à un militant de la laïcité afin de lever toute ambiguïté


:


Nous n'avons pas dénoncé le fonctionnement sectaire de la fondation pour l'école, dont rien ne nous dit qu'elle est composée de disciples asservis; nous ne pouvons affirmer qu'elle finance des établissements controversés vu qu'elle se refuse à en publier la liste. Nous demandons d'abord que les établissements qu'elle subventionne avec l'aide des déductions fiscales liées à sa reconnaissance d'utilité publique puissent être connus des citoyens.

Nous n'avons pas qualifié TERRE DU CIEL de secte faute d'en avoir des preuves, nous avons étudié son programme et en avons déduit que l'idéologie spiritualiste qu'elle véhicule et qu'elle a d'ailleurs parfaitement le droit de véhiculer, liberté d'expression oblige, fait que ses programmes permettent l'expression de groupes controversés . La même liberté nous permet de porter une opinion critique sur ses travaux. Une procédure pour travail dissimulé est en cours et nous avons rappelé dans les colonnes de notre lettre d'information mise en ligne sur notre site que notre modeste association ne peut qu'attendre que la Justice suive son cours, et que nous n'avons bien entendu pas accès au dossier.

BRUNO GRÖNING: l'article de l'EST REPUBLICAIN avec nos remerciements!


LE DIVIN CHERCHE ADEPTES

Comment une association qui promet la guérison par voie spirituelle et soupçonnée de dérives sectaires recrute-t-elle si bien ? Bienvenue dans les réunions d’initiation.




Bruno Groening, disparu en 1959, est l’envoyé supposé de Dieu. Photo D.ROQUELET
l’amorce est un petit carton d’invitation déposé dans les boîtes aux lettres du centre de Vesoul. Thème de la conférence vantée sur le prospectus : « Guérison par voie spirituelle ». Rendez-vous est donc pris dans une salle d’un hôtel de l’agglomération vésulienne.
Ce vendredi-là, une vingtaine de personnes ont fait le déplacement pour écouter la bonne parole. Parce qu’au sein du Cercle des amis de Bruno Groening, la parole est d’or, divine même. Bruno Groening ? Un supposé envoyé de Dieu sur terre décédé en 1959 à l’âge de 53 ans d’un cancer de l’estomac, une maladie que l’on préfère taire. Car ici, il est question de guérir, surtout. Une notion qui a le mérite de rassembler. Bruno Groening, de son vivant, aurait accompli moult miracles en la matière. Grâce à la force divine dont il est le médiateur. Et c’est d’ailleurs ce que les conférenciers vous proposent de capter. Oui, leur idole, décédée alors qu’il était poursuivi pour exercice illégal de la médecine, a été en son temps très controversé.
Courroux d’un monde scientifique incapable de reconnaître son impuissance assurent ses défenseurs. Lesquels, réunis sous la forme d’une association, Le Cercle des amis de Bruno Groening, très implanté en Allemagne mais qui se développe en France, poursuivent l’œuvre. Cherchant constamment de nouveaux adeptes. C’est donc le cas à Vesoul ce soir-là.
Blanche, 67 ans, habitant le secteur de Mulhouse, jusque-là assise au 1 er rang la tête baissée et les paumes des mains levées vers le ciel, prend la parole. Elle souffrait jadis de multiples allergies sévères devant lesquelles la médecine s’est inclinée. Et puis, via une amie atteinte d’un cancer, c’est la « rencontre » avec l’enseignement de Bruno Groening. On vous a expliqué qui était l’homme, c’est l’initiation, les multiples témoignages, notamment diffusés par vidéo, entendent désormais vous démontrer que toutes ces guérisons ont une réalité. Pour ce faire, il convient de capter le courant guérisseur en adoptant une position particulière : bras et jambes ouverts et non croisés, risque de court-circuit.

CRÉER DES COMMUNAUTÉS

Blanche, exaltée, raconte alors ce souffle qui a transpercé sa main droite. Et puis la guérison et son retour à la vie avant d’être brusquement coupée et appelée à se rasseoir. Le temps est manifestement compté. Au terme de la séance, clôturée par une musique transcendantale, on vous invite à laisser vos coordonnées et faire un don « pour payer la salle, les déplacements ». Et puis, pour ceux étant intéressés, on vous glisse un papier vous indiquant le prochain rendez-vous une semaine plus tard.
Le nombre de curieux a été divisé par deux, mais l’objectif émerge alors : créer une « communauté » à Vesoul. Il faut un guide, mais aussi un trésorier. « Va-t-il falloir que l’on désigne d’office ? ». Surprenante question du guide, qui insistait quelques minutes plus tôt sur le libre arbitre de chacun. Lui s’est débarrassé de vilains maux de dos en y apposant la photo de Bruno Groening, dont le regard perçant se lit sur un portrait qui trône en bonne place.
Il appelle à rejeter « toutes les choses négatives ». Parle des douleurs ayant suivi le début de sa thérapie spirituelle pour mieux expliquer le « nettoyage » de son corps. Sa longue prière est un catalogue de bons souhaits parmi lesquels il n’omet pas « la bonne santé financière » de l’association. Croire, surtout. Croire en la puissance de Dieu et de son envoyé. Le message semble passer. Et se traduit dans le succès de ces groupes de parole qui émergent un peu partout. Besançon, Montbéliard ou Mulhouse. Demain peut-être à Vesoul. Comme Pontarlier où l’association a fait halte…
Sébastien MICHAUX


ces rapports qui appellent à la vigilance


Par deux fois dans des rapports parus en 2005 et 2009 la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), tout comme son équivalent en  Belgique, épingle le cercle des Amis de Bruno Gröning. En cause: ses prétendues conférences médicales portant sur l'enseignement de méthodes de guérison non validées scientifiquement et son opposition à la médecine conventionnelle pouvant aller jusqu'au refus de soins. Sur ce dernier point, le message s'avère subtil, surtout à l'attention d'un inconnu. A propos de vos douleurs, on  ne vous dit pas directement d'arrêter votre traitement. Mais on compare vos médicaments à une "béquille". L'occasion de prôner la voie spirituelle qu'il convient d'emprunter.

mardi 25 septembre 2012

conférences du Cercle des amis de Bruno Gröning, observations du CLPS




Le courant guérisseur selon Bruno Gröning
Peu de personnes dans le public malgré des tracts généreusement distribués en ville, deux ou trois organisateurs et deux intervenants dont Monsieur Blättner, spécialiste ORL en Allemagne. L'animateur venu de Forbach présente Bruno Gröning, né à Dantzig en 1906, quand cette ville était encore allemande, décédé en 1959; son enfance déjà surprenante puisque dans les forêts, il savait guérir les animaux en souffrance, classé comme incompris par son entourage, mais qui utilise ensuite sur les êtres humains le pouvoir de guérison dont il se réclame. L'animateur nous invite à adopter une posture de « réception du courant guérisseur » les pieds posés bien à plat au sol, les mains sur les genoux, paumes tournées vers le ciel, ne pas croiser ni les jambes, ni les bras, pour ne pas couper le courant, guérisseur, ne l'oublions pas, une musique « planante » doit nous aider à atteindre cet état de plénitude propice à un branchement aisé sur ce courant.

Quel est l'enseignement de Bruno Gröning ?
Extraits du document reçu au cours de cette conférence :
« Selon Bruno Gröning, l'homme est plus que le corps physique. Dans son enseignement, il parle d'une force vitale naturelle et curative, ou courant guérisseur, qui existe en abondance et que chacun peut capter de manière simple et gratuite pour sa santé. »
« Il expliquait que les guérisons obtenues par la réception du courant guérisseur ne tiennent pas du miracle. Il se refusait à entourer de mystère l'action de cette force ou la présenter comme une force surnaturelle »
« Le phénomène de guérison par la force naturelle, difficilement accessible à notre époque à l'être humain d'esprit scientifique, échappe totalement à sa considération purement intellectuelle ».

Le Docteur Blättner expose le cas de guérison d'une sévère ostéoporose. Un film-vidéo montre une ancienne toxicomane que l'addiction aux drogues les plus dures avait conduite à la misère sociale et à une rupture familiale, délivrée maintenant grâce à la force naturelle.

Rappelons que les témoignages, mêmes crédibles, n'ont pas valeur de preuves, à moins d'être validés par une étude médicale  indépendante, menée avec une méthodologie scientifique rigoureuse.
Qui valide ces guérisons ? Extrait du  document reçu :
« Le Groupe médico-scientifique spécialisé (MWF) fondé au sein du Cercle, (des amis de Bruno Gröning, et dont le directeur est le Docteur Blättner, note personnelle), compte plusieurs milliers de médecins, de psychologues, de guérisseurs et autres professionnels de la santé venant de plus de 70 pays. Ils se sont donné pour tâche de valider, documents médicaux à l'appui, les nombreuses guérisons qui surviennent et de faire connaître cette voie menant à la santé ».

Enfin, Bruno Gröning se définissait comme un « transformateur » capable de capter de Dieu la force naturelle pour la transmettre aux êtres vivants. Il invitait les personnes en souffrance à le charger de leurs douleurs, de les lui donner, de ne pas les reprendre par la pensée. Je cite : « Selon lui, il est important de se détacher mentalement de la maladie car elle n'est pas une partie inhérente à l'homme, c'est un corps étranger »
Il semble donc que Bruno Gröning ait adopté des comportements messianiques

L'appel au don a clos cette conférence, puisque, toujours selon un extrait du document reçu :
" Notons que tout activité est gratuite dans le Cercle des amis, qui finance ses dépenses grâce à des dons"

lundi 24 septembre 2012

Jacques Mézard Question écrite N° 188 au Ministère de l'intérieur




Question soumise le 5 juillet 2012

Calendrier des réunions des groupes de travail préfectoraux sur la problématique des dérives sectaires

M. Jacques Mézard interroge M. le ministre de l'intérieur sur le calendrier de réunion des groupes de travail préfectoraux sur la problématique des dérives sectaires.

Il lui rappelle que l'action des services de l'État contre les dérives sectaires passe nécessairement par une mobilisation renforcée de tous les services déconcentrés dans le département : finances publiques, éducation nationale, santé, travail, formation professionnelle, justice, police et gendarmerie… Cette coordination interministérielle au niveau local ne peut pleinement porter ses fruits que sous l'impulsion des préfets de département qui manifestent, par leur engagement, la priorité de l'action de l'État en ce domaine. Par circulaire du 25 février 2008, le ministre de l'intérieur a mis en place, sur le modèle des groupes d'intervention régionaux (GIR), des groupes de travail restreints à dimension opérationnelle, regroupant autour du préfet l'ensemble des services concernés par la lutte contre les dérives sectaires. Selon la circulaire précitée, ces groupes doivent se réunir « en tant que de besoin et au moins une fois par trimestre ». La nécessité de mettre en place et de réunir ces groupes a depuis été rappelée chaque année par circulaires du ministre de l'intérieur, dont la dernière en date, celle du 2 avril 2011, recommande une fréquence annuelle ou « en tant que de besoin en fonction des nécessités locales ».

Or, moins de 20 réunions de ce type ont été tenues en préfectures en 2011, en contradiction tant avec la lettre qu'avec l'esprit des circulaires précitées. Il apparaît essentiel pour la mobilisation de l'État contre les dérives sectaires que se tienne une réunion semestrielle obligatoire de ces groupes, même dans les départements où le phénomène sectaire paraît très limité, et ce pour deux raisons essentielles : d'une part, ces groupes de travail sont des lieux de dialogue qui permettent aux services concernés de mieux se connaître, d'échanger leurs informations et ainsi d'apporter une réponse adaptée en cas d'urgence ; d'autre part, la connaissance du phénomène sectaire, par définition multiforme et évolutif, passe par une sensibilisation de tous les services concernés, que seul ce type de réunion peut permettre.

Il lui demande donc de bien vouloir lui indiquer les raisons ayant conduit à un si faible nombre de réunions, ainsi que les mesures qu'il compte prendre pour y remédier.

jeudi 6 septembre 2012

courrier des lecteurs adressé au journal LE MONDE





Madame LE BARS a publié dans Le Monde un article intitulé le criminel "irrécupérable" et le Témoin de Jéhovah: 

POUR LE LIRE


Le CLPS a envoyé rapidement un  courrier des lecteurs.
Le voici in extenso:

L'édition de mon quotidien en date du 4 septembre 2012 présente le récit d'un détenu que la fréquentation de la Bible des Témoins de Jéhovah aurait libéré de ses pulsions criminelles et mené de la grande délinquance au porte-à porte prosélyte.
Ce récit est parfaitement plausible et il faudrait une dose de partialité mêlée d'un zeste de mauvaise foi pour ne pas admettre que cette métamorphose est bénéfique tant pour l'intéressé que pour la société. Mais tirer de ce cas particulier une règle générale nous semble quelque peu réducteur.
Mon expérience militante et surtout les longues recherches qui m'ont mené à la soutenance d'une thèse juridique (les sectes et l'ordre public, PUFC, 2005) me font rejeter tout énoncé unilatéral et préférer la nuance et la recherche à l'affirmation péremptoire. J'éprouve le respect le plus sincère des membres de groupes sectaires dont la sincérité ne fait aucun doute, je suis personnellement opposé à la mise en oeuvre de toute loi spécifique, le parcours du visiteur qui a converti le détenu relève du même idéalisme mais je ne peux que citer un paragraphe de mes recherches:
On ne peut en effet que constater que les groupes sectaires s'efforcent d'annihiler toute liberté, toute réflexion critique personnelle. La lecture de la presse des Témoins de Jéhovah l'atteste. Partout, les articles sont suivis de questionnaires destinés à permettre au lecteur de s'assurer qu'il a bien retenu le contenu du texte. Faire sienne la pensée de la secte est présenté comme le remède à tous les maux de la planète : être Témoin libérerait de la violence comme de la toxicomanie ou de la solitude. L'esprit critique n'a pas sa place dans une littérature qui s'oppose à toute réflexion, propose une vérité immuable et forme, non des êtres libres et responsables, mais des exécutants dociles. (...)Certes, il convient de ne pas dresser une image caricaturale des hommes et de rester nuancé .
Ici être Témoin libère de la grande délinquance. Si dans ce cas précis on peut admettre un bénéfice faut-il en déduire que la conversion est la panacée ? Et ne pourrait-on pas se demander si dans d'autres cas une addiction n'est pas remplacée par une dépendance, à un groupe en l'occurrence? Et  il est dommageable que LE MONDE fasse sien l'argumentaire des avocats des Témoins de Jéhovah aux yeux desquels le mouvement serait une Eglise à part entière, et non une secte...(rappelons qu'il existe des sectes non religieuses!)
Et surtout, comment ne pas oublier un article publié dans LA TOUR DE GARDE du 15 janvier 2007 , "restez fort si votre enfant se rebelle"
"Vous vous êtes efforcé d'inculquer à vos enfants l'amour de Jéhovah et le désir de le servir mais un ou plusieurs d'entre eux lui ont tourné le dos (...) même si certaines questions familiales peuvent vous obliger à avoir quelques contacts avec votre enfant excommunié vous devriez vous efforcer d'éviter les rencontres qui ne sont pas indispensables..."
Il s'agissait des enfant majeurs. Mais n'est-il pas choquant de voir prôner le refus du vivre ensemble et l'incitation aux ruptures familiales?
Au risque de nous répéter rappelons que nous excluons toute législation spécifique et toute attitude méprisante ou discriminatoire. Mais, lecteur du MONDE depuis plus de trente ans, je suis déçu par ces partis pris unilatéraux, une absence de nuances qui ne répondent pas à ce que j'attends de mon quotidien: l'éveil de l'esprit critique des citoyens.

Gilbert KLEIN
président du Cercle laïque pour la prévention du sectarisme


La rédaction  du Monde ayant fait savoir que ce texte était trop long pour qu'elle envisage de le publier, le texte a été résumé sous cette forme:

Le Monde du 4 septembre présente un détenu que la fréquentation de la Bible des Témoins de Jéhovah aurait libéré de ses pulsions criminelles et mené au porte-à porte prosélyte.
Ce récit est très vraisemblable. Mais tirer de ce cas particulier une règle générale nous semble réducteur. Mes recherches universitaires me font préférer la nuance et la recherche à l'affirmation péremptoire. Exemple: « Faire sienne la pensée de la secte est présenté comme le remède à tous les maux de la planète : être Témoin libérerait de la violence comme de la toxicomanie ou de la solitude.(...)Certes, il convient de ne pas dresser une image caricaturale des hommes et de rester nuancé » .
Dans ce cas il y a un bénéfice; pour d'autres une addiction n'est-elle pas remplacée par une dépendance au groupe? LE MONDE fait sienne sa revendication, Eglise, et non secte...
LA TOUR DE GARDE du 15 janvier 2007 , "Vous vous êtes efforcé d'inculquer à vos enfants l'amour de Jéhovah et le désir de le servir mais un ou plusieurs d'entre eux lui ont tourné le dos (...) même si certaines questions familiales peuvent vous obliger à avoir quelques contacts avec votre enfant (majeur NDLR) excommunié vous devriez vous efforcer d'éviter les rencontres qui ne sont pas indispensables..." N'est-ce pas inciter aux ruptures familiales et refuser le vivre ensemble?
Nous excluons toute législation spécifique et toute attitude méprisante ou discriminatoire. Mais aussi les partis pris unilatéraux et sans nuance qui n'éveillent pas l'esprit critique des citoyens.

Gilbert KLEIN
Docteur en droit, président du Cercle laïque pour la prévention du sectarisme