jeudi 25 octobre 2018

lettre que nous avons adressée à LIBERATION

Monsieur le rédacteur en chef,
Dans son récent numéro de votre quotidien, vous avez inséré un article dont nous tirons ici quelques extraits significatifs.
Comment placer son argent sur un livret (vraiment) éthique et écolo ? Alors que les livrets verts des banques n'ont souvent aucune transparence, la Nef n'utilise l'argent des épargnants que pour aider des projets écolos et solidaires.


 En attendant un hypothétique réveil éthique des banques, une solution alternative existe qui remplit les critères de transparence et d’investissement dans des projets écolos. Créée en 1988, la Nef utilise l’argent déposé par les épargnants pour aider des projets présentant «des impacts positifs en termes d’écologie, social ou culturel», explique à Libération Bernard Horenbeek, le président du directoire de la banque. Les deux tiers des crédits accordés concernent des projets environnementaux : la Nef accompagne les secteurs du bio, des énergies renouvelables, du circuit court… Et tout le monde peut le vérifier : la banque publie tous les ans la liste de tous les projets qu’elle a soutenus. «Par exemple, près de Lyon, nous avons soutenu un menuisier qui travaille avec du bois labellisé durable et qui a une politique d’insertion par l’emploi», cite Bernard Horenbeek.

Nous représentons le Cercle laïque pour la prévention du sectarisme. Notre association se défend de toute chasse aux sorcières, et notamment elle est peut-être la première à défendre les droits à s’exprimer de ceux dont elle conteste les pratiques.

Nous connaissons bien la Nef. Dans ce qu’elle pratique, rien d’illégal. Il est parfaitement exact que les projets qu’elle finance sont regroupés dans des rapports annuels mis en ligne.

Ce qui est moins transparent, c’est l’idéologie qui l’anime. La Nef a pourtant des liens étroits avec la mouvance de Rudolf Steiner, à savoir l'anthroposophie.Cette mouvance défend un projet politique, qui prévoit entre autres l'inutilité des organisations syndicales, et la privatisation de l’ensemble des institutions publiques d’éducation.  Faut-il s’étonner des lors que la Nef finance des établissements privés hors contrat, dont l’une, dans les Alpes-Maritimes, fait débourser des frais de scolarité de 7500 € par élève et parents ?  Parmi ces établissements privés (nous n’utiliserons pas l'euphémisme écoles alternatives) plusieurs écoles Steiner. La Nef a même financé dans l’ouest de la France une école catholique qui a fait la promotion de Philippe de Villiers lors d’une de ses conférences.

Nous ne doutons pas de la sincérité des citoyens qui placent leur argent  à la Nef pour que l’usage en soit plus utile d’un point de vue sociétal.  Nous faisons confiance en l’humain, et ne doutons pas non plus de la bonne foi des dirigeants de la Nef qui pensent sans doute accomplir une tâche socialement utile.

Nous  revendiquons seulement pour nous le droit de contester une philosophie, étant attachés tant à l’école publique qu'à la liberté syndicale, ainsi  que d’informer sur les objectifs souvent dissimulés de la mouvance anthroposophique. Notre association est laïque, Donc divers courants philosophiques ou politiques y coexistent, il est fort à parier qu’elle compte des lecteurs de votre quotidien, nous tenions à vous informer.
Veuillez agréer Monsieur le rédacteur en chef, l’expression de notre respectueuse considération .

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