jeudi 30 mars 2023

Le projet associatif du cercle laïque pour la prévention du sectarisme, conforté par notre récente assemblée générale: laïcité, indépendance, droits de l'Homme



L'assemblée générale de notre association s'est tenue le 25 mars dernier en visioconférence. Les débats étaient ouverts, la parole circulait sans entrave ni censure et chacun a pu s'exprimer en toute liberté.

Ce fut l'occasion de rappeler nos fondamentaux et peut-être de tracer des pistes pour l'avenir. Nous avons eu le plaisir d'écouter, en préambule, une intervention de monsieur Le Vaillant, chef de la Miviludes et plusieurs de nos partenaires étaient présents ou représentés : le Conseil national des associations familiales laïques et l'Union nationale des associations de défenses de la famille et de l'individu victimes de sectes (Unadfi). En raison d'une indisponibilité de dernière minute, l'association noiséenne de défense et de protection contre les sectes (ANDPS) n'a pu être représentée. Nous l’avons certes regretté, il s'agit d'un de nos partenaires les plus anciens, mais il est évident que nous les excusons très volontiers.

De ces discussions à bâtons rompus, nous avons pu rappeler que le fondement de notre action, qui figure d'ailleurs dans notre objet statutaire, c'est l'ensemble des textes nationaux et internationaux qui protègent les Droits de l'Homme et de l'Enfant. L'emprise sectaire, en annihilant l'esprit critique et le libre arbitre de chacun, est incontestablement une atteinte grave aux droits fondamentaux.

Notre association se veut un lieu d'échange, de débat, et de recherche. C'est le cadre laïque de notre objet statutaire et qui justifie l'intitulé de l'association. Une recherche n'est jamais aboutie et, dans ce cadre, la réflexion sur le phénomène sectaire est un axe central. Surtout la démarche de réflexion ne mène pas toujours à des certitudes – loin de là – mais le plus souvent à de nouvelles pistes d'études.

Défendre les Droits de l'Homme crée aussi des obligations. Comme nous l'avons rappelé dans le débat, nous ne sollicitons pas de mesures répressives autres que celles qui sont déjà prévues par la loi. Nous ne demanderons pas l'interdiction d'une manifestation par exemple, mais nous ferons tout pour que le public soit le moins nombreux possible. Et ceci d'abord sans agressivité, en explicitant ce que les groupes s'efforcent de dissimuler.

Donnons des exemples concrets : Nouvelle acropole se présente comme un groupe philosophique, alors que des décisions judiciaires et des témoignages récents attestent une réalité interne qui n'apparaît pas sur la publicité externe. Il nous appartient de révéler au public autant que possible ce qui se cache derrière la vitrine. Et notamment lors de l'organisation des « Nuits de la philosophie ».

La Nouvelle économie fraternelle se targue de procédures judiciaires gagnées à l'encontre de Jacques Guyard. Ce qui est manifestement faux car, condamné en première instance, le prévenu a été totalement relaxé en appel. Nous l'avons exprimé sur notre blog, et un organe de presse lyonnais a repris l'information immédiatement. Du coup, l'argument a été modifié : Monsieur Guyard aurait été relaxé du fait de sa bonne foi mais la Cour d'appel aurait toutefois reconnu la diffamation. En l'occurrence, oui... mais la diffamation était légale ! De la même façon nous pensons, à la suite de recherches, que l'action de la Nouvelle économie fraternelle s'inscrit dans le cadre de Ia « triarticulation » sociale voulue par Steiner. Des établissements d'enseignement privé hors contrat, de toutes obédiences, bénéficient de ses financements. (Steiner et ses disciples prônent la privatisation des écoles publiques). Mais ce n'est jamais exprimé par la coopérative financière qui promeut plutôt sa participation à la transition écologique.

De la même façon nous avons évoqué l'école de naturopathie dans le Jura qui accueillera notamment Louis Fouché, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est sorti du domaine dont il est spécialiste, la médecine, pour dénoncer les « atteintes aux libertés » (le port du masque notamment) en période de pandémie et qualifier Adolf Eichmann de « pauvre type, lui il s'en foutait, pas très méchant même, il voulait juste que les trains arrivent à l'heure. » ... sans commentaire. La même vidéo lui permettait de prôner la « permaculture humaine » et les écoles alternatives.

Énoncer les faits sans agressivité, sans stigmatiser les personnes ni inciter à la discrimination, c'est déjà largement tordre le cou à la dérive sectaire. Nous ne souhaitons aucun mal à quiconque, notre seul objectif c'est de tenter de mettre fin autant que possible à l'aliénation et à la captation mentale. Nous préférons la recherche, l'argumentation, à l'émotion.

Et nous avons pu nous réjouir de la volonté du Conseil national des associations familiales laïques de travailler plus avec nous ; et la présence de plusieurs membres des Adfi nous a confortés dans l'idée que nos deux associations pouvaient fort bien être complémentaires.

La laïcité dont nous nous réclamons implique que nous sommes attachés au service public. Nous avons d'ailleurs défendu la Mission interministérielle lorsque, à tort ou à raison, on pouvait légitimement craindre pour sa pérennité ; et nous en avons remercié les fonctionnaires pour leur dévouement.

Mais pour que notre réflexion soit libre, nous avons tous entériné l'idée que le débat n'était possible que si nous n'étions redevables à personne. C'est pourquoi nous ne demandons pas de subventions, même dans le cadre de l'appel à projets ministériel. Comme nous l'avons toujours fait, nous pouvons fournir une aide technique à nos partenaires qui souhaiteraient concourir mais nous préférons, quant à nous, rester totalement libres de nos positions et de nos actions.

Quasiment depuis la création de l'association, nous nous préoccupons de l'école hors contrat dans la mesure où elle peut abriter des dérives sectaires ou totalitaires. Comme nous l'avons déjà fait, nous avons demandé à plusieurs rectorats les rapports d'inspection de ces écoles. L'un d'eux nous a tout fourni, après avoir demandé un délai supplémentaire, le temps d'anonymiser ces documents. Si certains allèguent l'absence de temps disponible pour nous fournir ces documents, d'autres s'abstiennent de répondre. Aussi avons-nous décidé, en toute indépendance, de ne pas où nous en tenir à cette non-réponse. D'autant plus que nous avions pris l'engagement de ne pas publier ces rapports, de ne pas les mettre en ligne, de ne pas les citer dans le texte, et surtout de nous abstenir de les transmettre à des journalistes.

En conclusion nous souhaitons la bienvenue à tous nos nouveaux adhérents, (nous avons d'ailleurs eu le plaisir de faire connaissance avec certains lors de cette réunion), notamment à ceux qui ont accepté de nous relayer dans le Jura et l'Ain.

mardi 14 mars 2023

La Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe voit dans les "thérapies de conversion" une violation de la Convention européenne des droits de l'Homme

 









Un billet de la commissaire aux droits de l'homme du conseil de l'Europe dont nous vous donnons le lien ci-dessus est consacré aux « thérapies de conversion ».
Le conseil de l'Europe ne doit pas être confondu avec l'union européenne, même si leurs sièges sont voisins à Strasbourg. Le premier est dédié aux droits de l'homme et à l'environnement, et c'est à cet organisme qu'est adossée la cour européenne, qui met en œuvre la résolution des litiges liés à l'application de la Convention européenne des droits de l'homme.
Au préalable, nous croyons utile de juxtaposer ce billet avec quelques explications juridiques.


Bien que les pratiques de conversion soient souvent mises en œuvre par des acteurs privés, cela n'exempte pas les États membres de leur obligation positive de garantir à toute personne relevant de leur juridiction l’exercice des droits et libertés inscrits dans la CEDH. Les États sont notamment tenus de veiller à ce qu'un cadre juridique approprié soit mis en place, à ce que les allégations d’infractions fassent l'objet d'une enquête effective, et à ce que les recours soient effectifs et accessibles.


Depuis plusieurs décennies, la cour admet que les États membres du conseil de l'Europe ne sont pas seulement tenus à s'abstenir de porter eux-mêmes atteinte aux droits énoncés par les rédacteurs de la Convention européenne. Il leur appartient également de veiller à ce que ces dispositions soient respectées dans le cadre des relations entre particuliers (obligations positives). Pouvons-nous nous attendre d'ailleurs à ce que ses obligations positives servent plus souvent de fondement juridique aux décisions à tous niveaux concernant les dérives sectaires ?


Je tiens également à répondre à l'argument, souvent fallacieux, selon lequel le droit à la liberté de religion (article 9 de la CEDH) et le droit à la liberté d'expression (article 10) de ceux qui mettent en œuvre et soutiennent les pratiques de conversion seraient violés par les actions de l'État destinées à prévenir et à faire cesser ces interventions. Il importe de souligner que, correctement rédigées, les interdictions des pratiques de conversion ne devraient pas porter atteinte au droit d'avoir une conviction ou d'exprimer une opinion sur les questions LGBTI. Cependant, contrairement au droit d’avoir (ou non) une religion ou des convictions, le droit de manifester cette religion ou ces convictions peut faire l’objet de restrictions visant à protéger les droits fondamentaux d’autrui, à condition que ces restrictions soient prévues par la loi, nécessaires dans une société démocratique et proportionnées au but poursuivi.


Quelques droits sont absolus et ne pourraient souffrir de limitation : droit à la vie, droit de ne pas être torturé, de ne pas être à l'esclavage. En revanche, la plupart des droits et libertés sont énoncés brièvement : il s'agit de principes simples qui se doivent d'être appliqués par des États dont les traditions juridiques et l'histoire sont loin d'être identiques. Mais ces droits sont assortis de limitations précisément énoncées, pouvant impliquer le droit d'autrui, la santé publique, l'ordre. La liberté de conscience et de religion, le droit de s'associer, de se réunir, ne sont pas absolus. Ces limitations sont définies avec précision dans les paragraphes deux des articles du traité.


samedi 4 mars 2023

NOUVELLE ACROPOLE suite et fin

 


Nous avons effectué quelques recherches sur Nouvelle Acropole, association que nous avons évoquée il y a peu de temps.  Nous avons pu ainsi approfondir les points suivants:

Certains des témoignages mis en ligne sur le site qu'ont construit des anciens membres de Nouvelle acropole tendraient à prouver que le totalitarisme dans les méthodes serait lié à la promotion d'idées totalitaires. Autrement dit un mouvement proche de l'extrême droite.
Ce n'est pas une propagande publique, au contraire, l'image que nouvelle acropole tente de se donner à l'extérieur se situerait à l'inverse, ce serait celle d'un mouvement ouvert et respectueux de la dignité humaine. Nous exposons ici les réponses de Nouvelle Acropole à ces accusations récurrentes, issues du journal le Monde, des associations spécialisées dans l'étude du sectarisme, de décisions judiciaires, ou présentées dans le rapport parlementaire belge.

Dans un souci d'équilibre, nous avons même cité Monsieur Antoine Faivre, qui avait quelque peu pris la défense de Nouvelle Acropole dans un livre collectif rédigé par des membres, sociologues des religions, du centre d'études sur les nouvelles religions (CESNUR). Mais la similitude des dires de témoins  dans le temps à des degrés divers rend crédibles à nos yeux les reproches qu'ils font à l'association dont ils ont été membres.

Nous terminerons par une incursion dans un domaine que nous ne savions pas investi par Nouvelle Acropole : l'écologie, l'environnement, le bio.

Et nous remercions les amis, qui se reconnaîtront, qui ont recherché pour nous les quelques rares documents qui nous manquaient.

mercredi 1 mars 2023

UNE RETRAITE BOUDDHISTE ZEN témoignage reçu au CLPS

 

Il s’agissait d’une retraite Bouddhiste zen présentée sur le site du « ...» (…)

J’en partirai le 22/08 en fin de matinée. La présentation sur le site : une retraite santé « méditation marche et bien-être ». Nous sommes accueillis par le moine principal en charge de la retraite (les autres sont en vacances) et 3 encadrants laïcs qui seront nos interlocuteurs en plus du moine. Dans ce centre est prévu un régime allégé. En réalité, ce fut une diète de légumes cuits ou crus, fruit et bouillons en quelque sorte. Pas de pain, pas de céréales ou de légumineuses pendant le temps où je suis restée. Un peu de riz à un des repas. L’activité physique demandait quand même de l’énergie (La gymnastique dynamique dès 6h30 le matin, le tai chi le soir, les enseignements assis en tailleur, la randonnée dans la matinée lente mais longue (prévue 2h mais qui durait 4h). Cela pour donner le cadre.

Je me suis inscrite de mon plein gré et les activités m’intéressent, même si je pensais que la nourriture serait un peu plus conséquente. Dès le lendemain de notre arrivée, le moine nous propose, et nous incite longuement à pratiquer un jeune sec (sans eau) sur 3 jours comprenant une journée de préparation (seulement des crudités le soir, pas d’eau), puis jeune sec (sans eau ni nourriture) sur 1 journée, et reprise des crudités à midi le surlendemain.

Pour ma part, je pense que chacun est libre de choisir son alimentation, de jeûner ou pas. Je sais aussi que le jeûne peut être une thérapie, à condition que ce soit encadré par une équipe médicale professionnelle. Je constate quand même que sur 5 jours de retraite, il y aura au final 3 jours de jeûne et 2 jours de régime allégé. Je me fais la réflexion que le budget « restauration » ne sera pas un gros poste de dépense pour l’organisation.

1ère interrogation Ce qui me gêne, c’est l’insistance du moine. Il mentionne qu’il est médecin, il insiste sur les bienfaits avec des termes médicaux pour nettoyer le sang, régénérer les cellules. Il a aussi des propos anti-vaccin Covid. Sur 24 participants un tiers se laisse convaincre par le jeûne. Les autres expriment qu’ils ne sont pas venus pour cela, ce n’était pas prévu. Pour être juste, je retournerai voir sur le site, et un jeûne intermittent était bien mentionné mais en option seulement et pas de mention de « jeûne sec sans eau ». Le soir on a droit à une autre allocution insistant fortement et longuement sur l’intérêt de pratiquer ce jeûne. « Ceux qui ne le feront pas sont des ânes ». Je sais qu’il y a dans le groupe des personnes qui prennent un traitement médical, pourtant je n’entends aucune contre-indication de son point de vue, sauf pour une femme enceinte. Finalement 2/3 des participants sont partants pour le jeûne. Nous sommes huit à refuser.

Voilà ma première surprise: l'insistance lourde pour pratiquer ce type de jeûne « bénéfique pour tout le monde » Ma seconde interrogation est la suivante : le jour de mon arrivée je suis piquée par une guêpe. Le lendemain, un œdème se forme à l’endroit de la piqûre (de la taille de ma main). Je n’ai pas ce qu’il faut dans ma trousse, le soir je demande au moine s’il a quelque chose pour cela. Il me dit que oui et « cette réaction c’est un problème de sang ». Il applique un patch de la taille d’une pastille de 1 cm à l’endroit de la piqûre. Je lui demande de quoi il s’agit. Il me répond que c’est à base de 7 plantes. Est-ce qu’on trouve cela en pharmacie ? « non » Il précise que cela va me soulager rapidement. « C’est efficace contre les boutons d’herpes, les piqûres, les furoncles ». Le lendemain matin dimanche, il n’y a pas d’amélioration. Lors de la randonnée, l'œdème s’étend encore, c’est rouge et cela suinte à travers mon vêtement. J’enlève le patch. C’est déjà 13h30 et comme nous faisons beaucoup d’arrêts (cueillettes de mûres, visites…) la marche s’éternise, le groupe s’est étiré en 3 sous-groupes. Une dame souhaite rentrer au plus tôt et ne pas faire les arrêts, car elle a un début de cystite. Je me joins à elle, nous demandons le chemin du retour. L’encadrante ne le connaît pas et le moine est loin avec les autres. Finalement elle appelle un autre encadrant qui vient avec un véhicule du Centre et je rentre au monastère avec 3 autres personnes.

De là, je me rends avec ma voiture à la pharmacie de garde qui se trouve à X. Une participante m’accompagne. La pharmacienne trouve que « c’est pas joli » elle me donne : désinfectant, pommade anti bactérienne et comprimés anti histaminique. Si ce n’est pas mieux dans 2 jours, je devrai consulter. J’ai pris ma décision : le lendemain lundi je rentrerai chez moi, c’est plus sage si je dois consulter. Une encadrante est surprise de ma décision et du fait que le « patch » n’ait pas fonctionné. « D’habitude c’est toujours efficace. Ce n’est pas grave si tu ne peux pas participer aux activités, ce n’est pas le plus important, il faut rester ».

Lundi matin j’attends de voir le moine pour l’informer, et être correcte. Un autre encadrant me propose de faire une activité d’une heure pour laquelle j’étais inscrite lundi après-midi. Il va se libérer pour que je la fasse ce matin. Je le remercie et je refuse car cela va me retarder, j’ai 4h de route. Il est 10h30, j’intercepte le moine avant son départ en randonnée avec le groupe et l’informe que je rentre chez moi. Il me demande de ne pas partir et a des arguments surprenants : - je dois lui faire confiance et attendre qu’il revienne de randonnée avec le groupe. Il me donnera un autre patch. - il ne partira pas en randonnée tant que je ne suis pas convaincue (le groupe l’attend pourtant). Il veut que je mette l’autre patch maintenant. C’est de sa faute, il aurait dû me donner cette taille de patch en premier. Je décline. il me demande pourquoi est-ce que j’ai couru à la pharmacie ? Au lieu de ça j’aurais absolument dû venir le voir. Il me répète qu’il est médecin. - il me dit que si ça s’infecte c’est parce que j’ai pris les médicaments de la pharmacie ! Son remède est millénaire et va faire effet, il est certain du résultat. Je refuse.

Et « pourquoi est-ce que je fuis ? quel est mon problème ? » « Vous seule n’êtes pas plus intelligente qu’un groupe entier », « vous devez faire confiance à l’intelligence du groupe… » ??? - il a appelé un participant qui assiste à notre entretien. Il me demande d’écouter cette personne qu’il présente comme un ami. Je suis surprise : en quoi cette personne peut me conseiller ? Je ne sais rien de cette personne. Là, je coupe court et je quitte la retraite. J’imaginais une ouverture d’esprit, or je me retrouve prise en faute et il aurait fallu que je fasse une confiance aveugle. Je trouve que c’est un peu stupéfiant. Bien sûr ce n’est en aucun cas représentatif des congrégations Bouddhistes. 

Il est possible aussi que les propos, pour le moins étonnants de ce moine, soient une exception dans cet organisme-là.