lundi 14 octobre 2019

témoignage laïque pour le maintien de la MIVILUDES

MISSION INTERMINISTERIELLE DE VIGILANCE

ET DE LUTTE CONTRE LES DERIVES SECTAIRES

NE LA LAISSONS PAS DISPARAITRE !

témoignage








Le cercle laïque pour la prévention du sectarisme et la fédération des œuvres laïques de l’Ardèche-Ligue de l’Enseignement ont toujours mené depuis une quinzaine d’années un combat commun contre le sectarisme. Nos deux associations sont concernées au premier chef par le projet qui devrait se concrétiser d’ici la fin de l’année 2019 et qui verrait la dissolution de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires et son absorption par la cellule du ministère de l’intérieur dédiée à la radicalisation.



Pour rappel, en 1992 un arrêt du Conseil d’État reconnaissait la légitimité d’une subvention de l’État au Centre contre les manipulations mentales, en raison des dangers que les groupes communément appelés sectes en reprenant les termes de la Haute Assemblée, faisaient courir à la population, et à la jeunesse en particulier.


La Cour européenne des droits de l’Homme n’a pas condamné la France lorsqu’elle fut saisie de la requête par laquelle fut contestée la reconnaissance d’utilité publique de l’UNADFI (1998) : « la Cour souligne que la liberté de religion garantie par l’article 9 de la Convention n’inclut pas un droit d’être à l’abri des critiques, la liberté d’expression constituant également un droit fondamental dans une société démocratique. » 


Puis, suite au rapport Guyard sur les sectes en France, fut créé l’observatoire interministériel des sectes. La mission interministérielle de lutte contre les sectes lui succéda; elle fut ensuite remplacée par la Miviludes que nous connaissons.


Nous avons très régulièrement été amenés à solliciter les personnels de la Miviludes et nous ne pouvons que nous féliciter de leur disponibilité, de leur expertise comme de leur réactivité.


L’implication de ses fonctionnaires, leur sérieux et leurs avis toujours fermement et soigneusement nuancés, nous ont toujours été infiniment précieux, comme sont devenues précieuses toutes leurs publications.


Qu’il me soit permis d’apporter un témoignage. L’un des arguments parfois avancés était une préconisation de la Cour des Comptes. Avec une poignée de conseillers, la Mission est est-elle une charge aussi lourde ? Nous avons tous été amenés à saisir à un moment ou un autre ses agents.


Nous avions toujours des retours assez rapides, agrémentés en guise d’introduction de la formule suivante : Comme vous le savez et conformément au principe de laïcité, la MIVILUDES s’interdit de porter quelque jugement de valeur que ce soit sur les doctrines, les théories ou les croyances en tant que telles, son objet étant de dénoncer systématiquement les dérives sectaires et de lutter contre elles. Le seul contenu doctrinal n’étant pas suffisant pour caractériser un risque de dérive sectaire, le travail de vigilance et de lutte mené par la MIVILUDES prend appui sur la concordance de certains critères de dangerosité que vous connaissez parfaitement.


Et des retours étaient parfois envoyés par courrier électronique à des heures qui excédaient largement les horaires habituels imposés à un fonctionnaire ! La FOL de l’Ardèche-Ligue de l’Enseignement a également eu l’occasion de les apprécier.


Alors non, non et non ! L’argument d’une meilleure utilisation des fonds publics, venant des magistrats financiers, ne tient pas. Se priver de fonctionnaires qui ne comptent pas leurs heures, qui ont acquis en se passionnant pour leur travail une expérience irremplaçable, n’est-ce pas là une forme de gaspillage ? Il nous semblerait qu’ici la Cour des comptes ait fait un geste politique et non pas un effort d’amélioration de l’utilisation des finances publiques. Et le Gouvernement en suivant ces préconisations, si préconisations il y a eu, encore plus.


Mais il y a plus grave encore. L’une des tâches qui incombent à la République, c’est la protection des plus faibles. Peut-être excédons-nous notre objet statutaire, mais par notre expérience militante dans ce cadre nous nous sentons fondés à penser que nous assistons en ce moment à une régression du rôle de l’État dans cette mission régalienne.


Aujourd’hui le gouvernement détricote un outil destiné à prévenir l’emprise mentale, à aider des victimes et leurs familles, et à être l’interface entre les associations de défense comme la nôtre et l’administration. Pour défendre les libertés individuelles ? Peut-être s’agit-il alors de défendre « le renard libre dans le poulailler libre ».

Supprimer la Mission, c’est abandonner l’aide aux victimes d’emprise, d’embrigadement. C’est pour nous une atteinte à la liberté de penser , donc à la laïcité. Et du fait des multiples atteintes générées par les dérives sectaires au droit du travail (pouvant mener à la servitude volontaire) à l’intégrité psychique et physique des personnes, c’est une atteinte aux droits de l’homme. Et faut-il rappeler que c’est le droit du travail, auquel nous sommes attachés, qui a maintes fois permis de protéger les personnes sous emprise qui, sous couvert de bénévolat, ont été privées de leurs droits sociaux, voire de leurs droits fondamentaux ?




Nous savons que nous pouvons compter sur la solidarité de nos amis de l’association noiséenne de défense et de protection contre les sectes en Seine-Saint-Denis. Même si la décision annoncée est suivie d’effet, (nous espérons encore un revirement), le CLPS et la FOL de l’Ardèche-Ligue de l’Enseignement, comme l'association noiséenne ne relâcheront pas leurs efforts en vue d’un rétablissement de cette instance qui nous a donné, il nous importe de le rappeler avec force, entière satisfaction.


GILBERT KLEIN







La teneur de ce témoignage est partagée par



LE CONSEIL NATIONAL DES ASSOCIATIONS FAMILIALES LAÏQUES (CNAFAL)




 LA FEDERATION DES OEUVRES LAÏQUES de HAUTE-SAÔNE -Ligue de l'Enseignement

 

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