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jeudi 1 novembre 2018

Après la mise au point de LIBE, la nôtre: l'anthroposophie est-elle soluble dans la laïcité?

Il est peu fréquent de voir un  organe de presse reconnaître une erreur d'appréciation, LIBE l'a fait. Pour ce qui nous concerne, le risque de ce type d'exercice lié au rythme de la presse quotidienne réside dans un rendu incomplet ou partiel d'une recherche que nous avons au CLPS menée sur le très long terme. Notamment notre appartenance assumée à la mouvance laïque et notre regard qui en découle sur le positionnement de la nef nous semblent peu apparents (mais le journaliste ne pouvait peut-être tout dire dans un texte du format d'une lettre???)
Pour clarifier le tout vis à vis de nos lecteurs (et notamment de nos nouveaux amis qui nous suivent depuis peu), nous reproduisons ci-dessous un texte que nous avions rédigé en 2016 pour la revue de nos amis de la fédération des oeuvres laïques de l'Ardèche



Lecteurs d'ENVOL, nous serions bien étonnés si surtout dans votre région vous ne connaissiez pas l'anthroposophie sans le savoir. Ne connaissez-vous pas les laboratoires Weleda, même si leur siège se trouve en Alsace, les écoles Steiner, présentes peut-être pas en Ardèche mais dans trois départements avoisinants, la NEF, ou nouvelle économie fraternelle, une banque pour laquelle l'argent relie les hommes ? Revenons sur l'aspect politique de cette doctrine. Rudolf Steiner avait imaginé, sur le modèle de notre devise républicaine, la triarticulation sociale.

La liberté régit le domaine du spirituel. Toutes les institutions éducatives, culturelles, et même la Justice civile et pénale en relèvent . Elles doivent ne dépendre d'aucune intervention de l'Etat. Même si les instances issues de l'anthroposophie ne le crient pas sur les toits, elles sont hostiles au service public d'éducation auquel elles préfèrent les écoles dites « alternatives ». L'égalité devant la Loi régit les institutions étatiques. Enfin, l'économie relève de la fraternité. Rudolf Steiner préconisait une économie également indépendante de l'Etat, déplorait l'extension des services publics et promouvait l'idée de coopératives, d'associations entre producteurs et consommateurs qui fixeraient d'un commun accord les prix. Le travail également devait ne pas être une marchandise et les salaires devaient échapper à la loi de l'offre et de la demande.

Même si on ne partage pas ces idées reconnaissons qu'elles ne semblent pas aberrantes. Toutefois, en cherchant bien, on leur trouve des fondements métaphysiques que leurs propagandistes exposent peu au public. Et elles séduisent. Un grand mouvement de défense des droits de l'Homme entame un partenariat avec la NEF, un grand mouvement laïque participe à un colloque des écoles Steiner, un réseau complémentaire de l'Ecole publique participe au « printemps de l'éducation » au côté de ces mêmes écoles. Et ce n'est pas fini, attendons-nous à d'autres cautions progressistes encore !

Certes, la NEF affirme haut et fort que, certes née de l'initiative d'anthroposophes, elle s'est dégagée de cette mouvance. Mais est-convaincant puisqu'elle a subventionné, par un don, encore récemment les jeunes de la société anthroposophique? Ou sachant que ses responsables participent es qualité à des séminaires de la société anthroposophique sur la finance ? Elle a aidé au financement d'une école catholique bretonne dirigée par l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, école qui a annoncé sur son blog naguère une conférence de Philippe de Villiers. Egalement des écoles Montessori dont les prix de scolarité par élève peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros. Et bien sûr des écoles Steiner. Ne peut-on voir dans ce financement d'écoles privées la continuité de l'idée de Steiner selon laquelle les institutions éducatives ne doivent pas relever de l'Etat ? C'est le droit des anthroposophes de le penser. C'est notre droit de dire notre désaccord !

Terminons par deux craintes. Steiner prône une utopie (a-t-il été influencé par le respectable mouvement coopératif qui existait avant lui, nous ne savons ; mais sans doute en raison de cette convergence des anthroposophes ont rejoint le mouvement coopératif!) . Pas de conflit, salaires et prix fixés par négociation. Dans ce monde utopique, syndicats ouvriers (et patronaux) n'ont pas d'avenir. Leur suppression est envisagée. Mais à notre connaissance, deux procédures aux Prud'hommes, dont l'une a vu une institutions steinerienne déboutée, (nous ignorons l'issue de la seconde), deux annulations de licenciements de personnels à Weleda par l'Inspection du Travail (au moins un délégué du personnel est concerné) annulations confirmées par le Juge administratif et dont nous avons pris connaissance par le site officiel Legifrance. Mais toute utopie ne porte-t-elle pas en elle un germe de totalitarisme ? Comment passe-t-on de cette aspiration à un monde voulu sans conflit à des procédures en justice ?

Seconde crainte, l'anthroposophie est spiritualiste. Le domaine de l'esprit est indépendant et libre. Si nous n'avons pas le moins du monde trouvé dans les ouvrages de Steiner que nous avons lu dans le texte de promotion du parti unique ou de la dictature, la société est organisée sur un modèle spiritualiste. Les matérialistes devront vivre dans une société qui fera à l'esprit une place prépondérante même s'ils n'y croient pas. Peut-être encore un germe de totalitarisme ?

Nous avons tenté de ne pas caricaturer des idées de peur de porter atteinte à des individus sans doute sincères même lorsqu'ils s'efforcent de séduire en insistant sur leur utopie sociale en masquant leur doctrine ésotérique. Nous espérons y être parvenu. Aux lecteurs d'ENVOL de juger !


Sources (entre autres !)
L'avenir sera-t-il social de Rudolf STEINER, ed TRIADES
Rapports d'activités de LA NEF, listes des prêts.
http://www.triarticulation.fr/index.html

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