Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *

Rechercher dans ce blog

lundi 22 mai 2023

bienvenue sur le blog du CLPS!




Nous sommes une organisation laïque, donc ouverte à la confrontation des idées et nous ne prétendons pas, entre nous, défendre toujours les mêmes thèses. Ce qui nous réunit, c’est précisément le souci de ne pas masquer nos divergences.
Le mot " secte " est une commodité de langage qui ne correspond à aucune catégorie juridique. il n’existe en effet pas de définition de la secte en droit français. Nous ne prétendons pas, dans l’intitulé de notre association, combattre les sectes, mais prévenir le sectarisme.
En fait, peu nous importe que tel ou tel groupe étudié dans ce site soit ou non qualifié de secte. Pour nous, il représente, si nous en parlons, une atteinte a la laïcité. Le droit français leur permet d’exister. Il nous permet, à nous, de discuter leurs pratiques sans les enfermer dans une catégorie juridique et ce au seul nom du respect des droits de l’homme et de l’enfant et de la laïcité



mentions légales



NOTE SUR LES COMMENTAIRES

Le présent blog est le canal d'expression du CLPS. Nous veillons scrupuleusement à la qualité de l'information et des opinions exprimées. Nous avons maintes fois accepté d'accueillir des commentaires qui se trouvaient aux antipodes de nos convictions dès lors qu'ils étaient rédigés dans une langue correcte, qu'ils restaient courtois, et qu'ils apportaient de la matière au débat. 
Toutefois, suite à des propositions de commentaires qui ne respectaient pas ces conditions, nous nous devons de rappeler que ce blog n'est pas un forum. Nous nous refuserons en conséquence à publier les textes sarcastiques et a fortiori injurieux à l'égard de qui que ce soit, d'une longueur excessive par rapport au texte initial et les billets "en rafale" qui restent d'une lecture difficile et nuisent à la lisibilité de l'ensemble. Merci à  nos contributeurs, qu'il soutiennent ou contredisent nos thèses, de respecter ces quelques règles de savoir-vivre.



 

VISITEURS DU PRESENT BLOG, SYMPATHISANTS DU CLPS,

N'hésitez pas à utiliser le formulaire de contact pour nous signaler toute activité qui vous interpellerait, nous vous répondrons rapidement, sereinement! 



Posted by Picasa

Laïcité outre-Atlantique : le point de vue de Madame Agnès Maltais, ancienne référente laïcité du parti québécois et ancienne députée




Nous avions il y a quelques semaines évoquer l'opinion de Madame Agnès Maltais, qui avait été confronté au décès d'une jeune femme qui venait d'accoucher et qui, issu d'un milieu de témoins de Jéhovah, avait refusé d'être transfusée, refusant ainsi d'être sauvée. Nous ne savions pas à l'époque que nous pourrions la rencontrer en visioconférence, nous avons ainsi pu discuter avec elle.

Son idée force : des actes qui, hors d'un cadre, d'un contexte religieux, seraient illégaux, sont admis dès lors que la motivation est précisément religieuse. Elle évoque aussi le cas d'une secte hassidique qui voit des jeunes enfants mariées contre leur gré à des hommes âgés.

Nous mettons ici en ligne l'enregistrement de l'intervention de Madame Maltais, suivi de la première partie du débat qui a suivi avec les militants du CLPS. La durée totale de l'enregistrement que nous vous proposons est presque exactement d'une heure, nous vous souhaitons une bonne écoute.


LA CONFERENCE ICI

dimanche 14 mai 2023

NATUROPATHIE, les nouveaux risques de dérives sectaires

 


France inter

Podcast Interception

Thérapies alternatives, le nouveau risque sectaire

Dimanche 7 mai 2023

(46 MIN)

Le 7 mai 2023, France Inter proposait à ses auditeurs une émission de 45 minutes environ dédiée aux nouveaux risques de dérives sectaires liées aux pratiques de naturopathes autoproclamés.

Au début de l'émission, une jeune femme, mère de famille, décrit dans le détail comment, en fréquentant les réseaux sociaux, elle a été amenée, alors qu'elle a été initialement vaccinée, à en craindre les effets secondaires au point d'injecter ingérer du dioxyde de chlore et de s'isoler de plus en plus longtemps. Heureusement, son mari avait compris la situation… Ce témoignage complétera à notre sens utilement ceux dont nous avons rendu compte dans ces colonnes, et qui émanaient de deux jeunes femmes qui écoutaient de manière compulsive les vidéos de Thierry Casasnovas.

Monsieur le Préfet Gravel fait ensuite le point sur la situation de la Mission interministérielle qu'il préside.

Un autre sujet complète utilement nos études précédentes. À l'heure actuelle, et nous reviendrons là-dessus, des salons bio sont proposés dans l'est de la France. Les reporters ont interrogé Fabien Moine, un naturopathe que nous avons évoqué à l'occasion de notre tout récent billet sur les rencontres de naturopathie à Mont-sous-Vaudrey.

Au cours de cet entretien, le journaliste lui rappelle signale qu'il a fait l'objet de signalement auprès de la Mission interministérielle. Bonne écoute !

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/interception/interception-du-dimanche-07-mai-2023-3723341

mercredi 3 mai 2023

ECOLE DE NATUROPATHIE ET RENCONTRES DE MONT SOUS VAUDREY

Dans le département du Jura, à Mont-sous-Vaudrey, se tient une école de naturopathie. À côté, sur le même site dit "Domaine arc-en-ciel", devrait se créer une école hors contrat, "les p'tits naturos". Régulièrement, ce domaine organise des rencontres qui regroupent un très large public. Plusieurs dizaines d'intervenants dont certains ont une certaine notoriété, viennent donner des conférences. Cet événement a de quoi nous inquiéter. Notre association ne prétend pas en tant que telle être compétente en matière médicale. Toutefois, il s'avère que les intervenants, dans leur majorité, présentent sur le plan des idées de quoi nous alerter. Il y a tellement de conférenciers qu'il est impossible d'enquêter sur tous. Toutefois, nous en avons retenu quelques-uns dont les profils se rapprochent.

Commençons par Louis Fouché, qui fut anesthésiste à Marseille, et qui est l'une des principales têtes d'affiche de cette manifestation. Il fut actif naguère dans le mouvement des colibris. Puis, pendant la pandémie de coronavirus, il contesta les mesures sanitaires et les vaccins, et créa Réinfocovid et le "Conseil scientifique indépendant". Lors d'un meeting à Nîmes, il parla du masque en prenant un accent germanique. Nous avons visionné une de ses vidéos dont nous avons reproduit, en les transcrivant au mieux, quelques citations :

En 39-45, certains sociologues ont remontré certains textes du ghetto de Varsovie. Une épidémie de typhus sert de prétexte pour isoler le ghetto (…) c'est exactement ce qu'on est en train de faire avec le virus: on est en train de créer des gens malades, pas malades, dangereux, pour nous séparer les uns des autres.

Aujourd'hui la propagande c'est la désignation de l'ennemi, aujourd'hui t'es l'ennemi si t'es Péronne, si t'es Raoult, si t'es Dieudonné.

C'est le procès du nazisme. Israël veut montrer que le nazisme, c'est le mal . Eichmann, on se rend compte, au fur et à mesure des interrogatoires, que c'est juste un pauvre type, lui il s'en foutait, pas très méchant même, il voulait juste que les trains arrivent à l'heure.





Le 16 octobre 2021, William Audureau, chroniqueur au monde, écrit dans le quotidien du soir :
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/10/16/les-inquietants-symptomes-de-reinfocovid_6098604_4500055.html

Mais depuis qu’en juillet Louis Fouché a quitté son poste hospitalier sous la pression de l’AP-HM, son discours glisse de manière de plus en plus marquée vers la rupture. « C’est le moment d’aller jusqu’au bout de votre pensée. Il y a moyen de manger, il y a moyen de survivre, il y a moyen de se loger », explique-t-il dans une vidéo destinée aux non-vaccinés, tout en promettant une société meilleure à « ceux qui survivront ». Simple métaphore, ou vrai appel à un projet alternatif ? Si l’on en croit les signalements auprès des associations de lutte contre les dérives sectaires et les témoignages de proches recueillis par M Le magazine du Monde, plusieurs membres, comme Marie et Maximilien, se sont déjà engagés dans la voie d’un changement de vie, quittant pour certains leur emploi, pour d’autres leur domicile, parfois les deux, pour fonder des lieux bâtis dans l’opposition au discours scientifique et les promesses new age.

Louis Fouché, la personnalité très en vue de cette manifestation alternative dans le département du Jura, n'est pas précisément réputé pour ses recherches médicales, mais plutôt pour des prises de position sociétales.

Autre personnalité invitée à cette rencontre : Alexandra Henrion Caude. Cette dernière a participé au film « hold-up » qui réunissait nombre d'opposants aux restrictions sanitaires édictées pendant la pandémie du coronavirus. Voici ce qu'en disait, sur son compte Twitter, Axel Kahn, sachant son décès imminent.



Voici d'ailleurs ce qu'en dit le journaliste bien connu Jean-Loup ADENOR, dans les colonnes de la Croix :

Ce qui est passionnant, c’est que le Covid-19 a été l’occasion d’une véritable convergence entre ce discours intégriste et celui du milieu très différent de l’écologie New Age. Dans les manifestations les plus virulentes, on a pu croiser des praticiens en médecine naturelle à côté d’un cortège Civitas et ses drapeaux du Sacré-Cœur de Jésus. On trouve d’ailleurs chez certains gourous du mouvement antivax un fond chrétien, comme Thierry Casasnovas qui est un chrétien évangélique. Pierre Barnérias, le réalisateur du documentaire complotiste Hold-up, avait déjà réalisé d’autres documentaires pour KTO. Dans Hold-up, il donne d’ailleurs la parole à la généticienne Alexandra Henrion-Caude, véritable icône du mouvement antivax. Avant la pandémie, elle était déjà connue comme une scientifique chrétienne, demandant par exemple à l’Église catholique de reconnaître l’existence de l’âme dès la conception.

Autre participant à cette manifestation : le dolois Fabien Moine. Il se réfère dans les réseaux sociaux aux deux personnages que nous avons cités ci-dessus. Il est accompagnateur de jeûne. Le 26 février 2022,2 jours après le déclenchement de la guerre en Ukraine, il postait sur sa page Facebook publique une vidéo de 10 petites minutes plutôt favorable à la Russie, du site investig4action, une intervention de Michel Collon.

Nos lecteurs peuvent facilement la retrouver dans la mesure où nous ordonnons la date précise.

Nous pouvons citer quelques participants relativement connus. Par exemple le professeur Joyeux, qui a été sanctionné par la juridiction ordinale en raison de ses positions sur la vaccination, qui fut président de familles de France et participa à la manif pour tous. Ou encore Jean Dominique Michel, un opposant à la politique sanitaire pendant la crise du coronavirus ; et Julien Péron, l'auteur du film « c'est quoi le bonheur pour vous ? », que nous avons déjà évoqué, et où se trouvent interrogés le Professeur Joyeux, Thierry Casasnovas, etc. Julien Péron est également organisateur du « festival pour l'école de la vie ».

Mais cette école de naturopathie n'est pas seule à fonctionner sur ce domaine dans le nord du département du Jura. Une école hors contrat est en train de se créer.

École alternative, médecines alternatives, est-ce qu'au-delà de cette école de naturopathie, ne serait pas créée également une société alternative, dont les valeurs ne seraient pas celles de la république ? Une sorte de contre société en marge ? Nos lecteurs pourront peut-être avoir une idée différente, mais nous ne sommes pas forcément rassurés en constatant que le site « égalité et réconciliation » fait la promotion de Fabien Moine comme d'ailleurs de Louis Fouché ou encore d’Alexandra Henrion Caude.


















lundi 24 avril 2023

Tribune libre : Gilbert Klein, président du cercle : maintenant 40 ans de travail dans la prévention des dérives sectaires.

 

C'était en avril 1983, j'étais administrateur de la fédération des œuvres laïques de Haute Saône. Dans le cadre d'actions de sensibilisation sur le thème de la laïcité, j'avais été chargé d'inviter Roger Ikor, qui venait de créer le CCMM. Il était donc venu, le jour même de la sortie de son second livre sur le sujet, « la tête du poisson ». L'essentiel de son intervention a d'ailleurs été retranscrit et publié dans ces colonnes. Durement éprouvé par le suicide de son fils qui pratiquait le zen macrobiotique, c'était un homme extrêmement chaleureux, au contact très facile. Mais le drame qu'il avait subi suscitait de la véhémence dans les propos et dans les idées. Il avait demandé au cours de sa conférence au public s'il n'y avait pas de limite à la liberté (dans le premier opuscule publié par son association, il concluait par un appel à dissoudre quelques sectes parmi les plus dangereuses).



Quelques années après, je faisais la connaissance de l'abbé Jacques Trouslard. Alors que Roger Ikor était vice-président de l'Union rationaliste, Jacques était chanoine. On pouvait ressentir entre les deux hommes, dans leurs conférences, bien des points communs. La même véhémence, mais aussi la même chaleur humaine qui nous manque tant ! Jacques ne s'en cachait pas, il souhaitait que soit votée une législation spécifique et que la secte soit définie en droit (à cette époque, on parlait plus de sectes que de dérives sectaires).


J'ai moins connu Jacques Guyard, qui fut député et rapporteur de la commission parlementaire « sectes en France ». Pour avoir lu et relu ce document, une différence d'approche est perceptible. Il y a plus de distanciation. Une législation spécifique serait considérée comme contraire à la laïcité et aux principes républicains. Parmi les préconisations, un organisme étatique de surveillance. 


Cette préconisation sera suivie par la création de l'Observatoire interministériel des sectes, qui deviendra la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, puis la Miviludes actuelle.

Une petite note personnelle: en 1995, il me fut proposé de rédiger une thèse juridique sur le phénomène sectaire. Ce fut l'occasion de confronter le sectarisme aux traditions juridiques françaises et à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. Une recherche longue et difficile sur plusieurs années permet de relativiser le problème, de prendre du recul, et de ne solliciter des pouvoirs publics… que ce qui est légal et constitutionnel. Un exemple concret : ne pas reprocher un maire de prêter ou de louer une salle municipale à un mouvement sectaire, alors que, nous le savons il s'exposerait à un contentieux devant le juge administratif.

De ces quarante ans, j'ai acquis une conviction profonde. Face au sectarisme qui a pu mener à des horreurs, nous pensons aux massacres collectifs de l'ordre du temple solaire, des morts car il y en a eu, aux abus sexuels (pensons aux enfants de Dieu), il faut dépasser dans le contexte actuel le cadre de l'indignation et de la colère. Le phénomène sectaire à muté. Ce ne sont plus dans de nombreux cas des groupes organisés et connus qui attirent notre attention. L'emprise n'en existe pas moins. Ce sont des thérapeutes autoproclamés sans compétences académiques, des prêcheurs sur Internet, des petites communautés dont il est difficile de savoir si elles vivent en autarcie ou si elles s'intègrent dans la société, que nous rencontrons. Un monde plus gazeux.

La colère dans ce contexte me semble contre-productive. Nous ne devons pas être les purs, les sachants qui incarneraient le bien en lutte contre le mal. N'affichons pas de certitude mais posons plutôt des questionnements. Le jugement moral peut occulter les vraies problématiques.

Quelques exemples concrets : les témoins de Jéhovah sont parfois accablés de noms d'oiseaux. Mais à quoi bon ? Les individus sont-ils par nature plus mauvais que d'autres ? Il vaudrait mieux je pense essayer de réaliser, de se rendre compte des conséquences de leurs comportements: préférer exposer un enfant aux conséquences potentiellement mortelles d'un refus de transfusion, ou s'exposer soi-même: comment l'indvidu peut-il en arriver là? Essayer de comprendre, c'est déjà franchir une étape.

Dans le même registre, un autre exemple, seuls les plus âgés d'entre nous peuvent se souvenir d'un couple de disciples de Sahaja yoga. Malgré, rappelons-le, l'hostilité du responsable français de cette mouvance à ce projet, un couple de disciples avait décidé d'expatrier leur enfant vers une école sur les contreforts de l'Himalaya. Avertis par leur petit-fils qu'il n'allait pas bien, les grands-parents avaient porté plainte… contre leurs enfants. Le couple fut condamné non pas pour manque de soins (cela aurait signifié qu'il se désintéressaient de leur enfant) mais pour « manque de direction » Ils n'avaient pas pris leurs responsabilités dans l'éducation de leur enfant, ils s'en étaient démis au profit de la « mère divine » qui dirigeait le groupe.

Et pour ce qui est de la mouvance de Rudolf Steiner… nous n'allons pas revenir sur les dissimulations et sur les atteintes à la vérité, par exemple pour faire court l'affirmation que la NEF aurait été la partie gagnante d'une procédure en droit de la presse qu'elle avait en fait perdue.

Dans chaque cas, il faut se poser, c'est du moins la conclusion que personnellement j'ai tirée de ces quatre dizaines années d'action, la question de la dissonance entre les valeurs des groupes que nous étudions et celles de la société globale. Point n'est besoin pour cela de s'en prendre aux personnes. Même si c'est plus difficile, mieux vaut à mon sens privilégier l'argumentation et le raisonnement que céder à l'émotion ou à la passion. Et surtout proscrire la haine.

Par ailleurs, toujours dans la même optique de respect des individus (qui n'empêche absolument pas la contestation des méthodes) j'ai toujours l'impression, non pas d'essayer de nuire à des individus, mais de défendre les droits de l'homme et la dignité humaine. Et celle-ci n'est pas divisible. Pour reprendre l'exemple des témoins de Jéhovah, je me suis énormément intéressé aux contentieux et aux procédures administratives, notamment en Norvège et en Belgique, à la suite desquelles le refus, qui n'est pas infirmé par leur presse, de continuer à fréquenter les membres de la famille qui renieraient leur foi serait constitutif d'une discrimination au sens des traités internationaux. Même si je pense viscéralement que tel est le cas, que cette intolérance serait… intolérable, je ne me verrais pas revendiquer à leur encontre des mesures répressives qui ne sont pas prévues par la loi. Le droit, tout le droit, mais rien que le droit.

J'ai encore le souvenir d'un militant, maintenant décédé, qui, il y a peut-être une trentaine d'années, me disait que je n'aurais sans doute pas la même réflexion si j'avais été victime ou parent de victime. Je me souviens avoir pensé que précisément, ne pas être concerné personnellement permettait un recul, donc une parole plus forte. Mais avec le temps j'ai aussi pu constater que d'anciens disciples pouvaient avec le temps prendre plus de hauteur dans le débat, de la même façon que des personnes que  la problématique n'avaient pas atteintes personnellement pouvaient également adopter une posture d'indignation et de colère.

En conclusion, mes lignes directrices après quatre décennies de recherche et de militantisme : 

-reconnaître la complexité, 

-chercher toujours la nuance. 

Ceci n'est qu'un témoignage personnel.



mercredi 12 avril 2023

ATTENTION AUX PRATIQUES DE SOINS "NON CONVENTIONNELLES" avec la DGCCRF

 




Sous le titre « attention aux pratiques de soins non conventionnelles », la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a publié sur son site un compte rendu d'une enquête qui a été menée les années précédentes auprès de thérapeutes délivrant des soins hors de la médecine conventionnelle. Nous vous donnons ci-dessus le lien vers le compte rendu complet de l'enquête. Nous invitons nos lecteurs à suivre ce lien et à lire le compte rendu dans son intégralité, et ce d'autant plus que cette page donne accès à des informations concernant le coaching et le bien-être. Une information d'autant plus importante que c'est en grande partie du fait de ses soins prodigués par des personnes dépourvues d'un cursus universitaire ou professionnel dûment validé par l'État que l'emprise mentale se développe à l'heure actuelle.

Ci-dessous un large extrait de ce rapport d'enquête.


Après une première enquête réalisée en 2018, la DGCCRF a lancé une nouvelle campagne de contrôles dans ce secteur, entre octobre 2020 et septembre 2021. Le champ des investigations a été étendu par rapport à la précédente enquête et c’est ainsi près d’une cinquantaine de disciplines différentes qui ont été contrôlées, des plus connues comme la naturopathie ou la réflexologie, à certaines plus rares comme les guérisseurs Reiki ou des pratiques revendiquant une action sur les ondes ou les flux d’énergie (« access bars », thérapie « quantique », « biorésonance », « géobiologie », magnétisme…). Les contrôles ont été menés auprès des professionnels et des centres de formation à ces disciplines afin de vérifier l’exhaustivité de l’information délivrée aux consommateurs et la loyauté des pratiques commerciales.

Les services de la DGCCRF ont relevé un taux d’anomalie de 66 %, à peine inférieur à celui issu de la précédente enquête menée en 2018 sur un nombre plus restreint de pratiques, principalement pour des faits de pratiques commerciales trompeuse ou des défauts d’information précontractuelle, illustrés ci-après.

Dans la majorité des cas, pour les manquements les moins graves et relevant davantage d’une méconnaissance de la réglementation que d’une volonté de tromper le consommateur, il a été fait le choix d’opter pour des avertissements, particulièrement dans un contexte de baisse voire d’arrêt de l’activité entraîné par la crise sanitaire. Cependant, pour les manquements les plus graves, des suites correctives (injonctions de mise en conformité) voire répressives (procès-verbaux) ont été adoptées.

Une confusion sur le statut professionnel et des allégations trompeuses

  • L’environnement :

Certains praticiens sont installés à proximité ou au sein même de lieux de santé (maison de santé, cabinet médical pluridisciplinaire…). Cette proximité, sans plus de précision sur la non appartenance au corps médical du praticien est source de confusion pour le consommateur.

Par ailleurs, certains professionnels n’hésitent pas à reprendre les « codes » médicaux, créant un doute dans l’esprit du consommateur sur la nature de la prestation :

  • présence des plaques devant les lieux d’exercice ;

  • recours à un logo ressemblant à un caducée ;

  • exposition d’ouvrages médicaux dans les salles d’attente ou le lieu de consultation.

À noter que le référencement de ces praticiens dans des annuaires dédiés aux professions médicales ou paramédicales contribue à induire en erreur le consommateur sur le contenu et la finalité non thérapeutique de leurs prestations.

  • La communication

Bien qu’il ressorte de l’enquête que ces professionnels sont parfaitement conscients de ne pas appartenir au milieu médical, certains d’entre eux usent abondamment dans leur communication de termes et expressions en rapport avec la santé et les maladies alors même que leur utilisation est encadrée par le code de la consommation (« sont réputées trompeuses, au sens des articles L. 121-2 et L. 121-3, les pratiques commerciales qui ont pour objet : […] 16° D'affirmer faussement qu'un produit ou une prestation de services est de nature à guérir des maladies, des dysfonctionnements ou des malformations »).

Des discours encourageant ouvertement au renoncement aux soins traditionnels ont été relevés à l’instar du site internet d’un prétendu « libérateur d’entités » qui attribuait les symptômes de la grippe aux « toxines rejetées quand les chakras commencent leur expansion ». Des allégations concernent même la prétention à guérir des pathologies comme le cancer, le sida ou la dépression.

La présentation de certaines pratiques comme permettant de traiter des maladies en lieu et place des traitements conventionnels reconnus, est d’autant plus grave qu’elle peut entraîner une perte de chance d’amélioration ou de guérison des personnes malades de pathologies lourdes susceptibles de se détourner de leurs traitements médicaux.

Les pratiques commerciales trompeuses représentent environ les deux tiers des infractions relevées par voie de procès-verbal pénal. En complément, plusieurs signalements pour exercice illégal de la médecine et usurpation de titre ont été transmis aux autorités compétentes, un dossier sur le recueil abusif de données personnelles à caractère médical a été transmis à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), et plusieurs signalements ont été transmis à l’URSSAF et à l’administration fiscale.

L’influence de la crise sanitaire

Certains professionnels se sont adaptés aux restrictions imposées par la crise sanitaire en proposant des séances à distance. Cette modalité leur permet de toucher un public plus large.

Certaines pratiques interrogent cependant comme, par exemple, la réalisation de séances de Reiki (il s’agit d’une méthode de soin japonaise non conventionnelle appartenant à l'« approche énergétique ») à distance, via une photographie ou une application de messagerie instantanée, alors que le principe de cette pratique repose à l’origine sur le toucher. Des professionnels proposaient également des séances de réflexologie à distance.


mardi 4 avril 2023

Les évangéliques à la conquête du monde. Documentaire sur Arte

 


Comme il nous le faisons à l’occasion, nous avons plaisir à informer nos lecteurs de la diffusion, par Arte de cet incontournable documentaire.

Trois séquences de 52mn.

Réalisation Thomas Johnson – France États-Unis - 2023

Disponiblesur le site Arte-tv jusqu’au 09/06/2023.

Les évangéliques à la conquête du monde.

De la guerre froide à nos jours, l'expansion de l'évangélisme a favorisé l’émergence d’un fondamentalisme chrétien dans nombre de pays.

Présent sur tous les continents, le mouvement évangélique, en rapide et constante expansion, compte aujourd'hui quelque 660 millions de fidèles

En trois volets, cette enquête fouillée dévoile les rouages d'une redoutable machine politico-religieuse décidée à étendre son empire sur les consciences.

1. La grande croisade

Premier volet : remontant au XVIe siècle, aux racines d'un phénomène à la fois omniprésent et méconnu, ce premier volet en retrace la genèse et la mutation décisive qui intervient en 1942, avec la fondation de la National Association of  Evangelicals américaine, qui entend reconquérir la société. Avec la guerre froide, le prédicateur Billy Graham va donner à cet objectif un formidable élan. Sillonnant le globe au fil de « croisades » anticommunistes d’évangélisation, il galvanise des meetings géants au service des présidents conservateurs, d'Eisenhower à Nixon.

2. Les évangéliques au pouvoir

Deuxième volet : dans les années 1970, sous l'égide de figures américaines plus radicales, comme le télévangéliste Jerry Falwell ou le théologien Francis Schaeffer, l'influence d'une droite chrétienne intransigeante, arc-boutée sur la défense des valeurs familiales rigoristes, favorise en 1980 l'élection de Ronald Reagan.

La lutte contre l'avortement devient le fer de lance du combat évangélique contre la sécularisation de la société. Quarante ans après, les élections de Trump et Bolsonaro, en 2016 et 2018, illustrent la puissance du mouvement, notamment au Brésil, qui fut longtemps la plus grande nation catholique au monde.

3. Dieu au dessus de tout ? Troisième volet : le 6 janvier 2021, certains des insurgés qui prennent d'assaut le Capitole prient et brandissent des pancartes se revendiquant de Jésus. Les évangéliques partisans de Trump exportent leur combat en Europe et en Israël, convaincus par leur compréhension millénariste de la Bible que le Christ est sur le point de revenir en Terre sainte.


jeudi 30 mars 2023

Le projet associatif du cercle laïque pour la prévention du sectarisme, conforté par notre récente assemblée générale: laïcité, indépendance, droits de l'Homme



L'assemblée générale de notre association s'est tenue le 25 mars dernier en visioconférence. Les débats étaient ouverts, la parole circulait sans entrave ni censure et chacun a pu s'exprimer en toute liberté.

Ce fut l'occasion de rappeler nos fondamentaux et peut-être de tracer des pistes pour l'avenir. Nous avons eu le plaisir d'écouter, en préambule, une intervention de monsieur Le Vaillant, chef de la Miviludes et plusieurs de nos partenaires étaient présents ou représentés : le Conseil national des associations familiales laïques et l'Union nationale des associations de défenses de la famille et de l'individu victimes de sectes (Unadfi). En raison d'une indisponibilité de dernière minute, l'association noiséenne de défense et de protection contre les sectes (ANDPS) n'a pu être représentée. Nous l’avons certes regretté, il s'agit d'un de nos partenaires les plus anciens, mais il est évident que nous les excusons très volontiers.

De ces discussions à bâtons rompus, nous avons pu rappeler que le fondement de notre action, qui figure d'ailleurs dans notre objet statutaire, c'est l'ensemble des textes nationaux et internationaux qui protègent les Droits de l'Homme et de l'Enfant. L'emprise sectaire, en annihilant l'esprit critique et le libre arbitre de chacun, est incontestablement une atteinte grave aux droits fondamentaux.

Notre association se veut un lieu d'échange, de débat, et de recherche. C'est le cadre laïque de notre objet statutaire et qui justifie l'intitulé de l'association. Une recherche n'est jamais aboutie et, dans ce cadre, la réflexion sur le phénomène sectaire est un axe central. Surtout la démarche de réflexion ne mène pas toujours à des certitudes – loin de là – mais le plus souvent à de nouvelles pistes d'études.

Défendre les Droits de l'Homme crée aussi des obligations. Comme nous l'avons rappelé dans le débat, nous ne sollicitons pas de mesures répressives autres que celles qui sont déjà prévues par la loi. Nous ne demanderons pas l'interdiction d'une manifestation par exemple, mais nous ferons tout pour que le public soit le moins nombreux possible. Et ceci d'abord sans agressivité, en explicitant ce que les groupes s'efforcent de dissimuler.

Donnons des exemples concrets : Nouvelle acropole se présente comme un groupe philosophique, alors que des décisions judiciaires et des témoignages récents attestent une réalité interne qui n'apparaît pas sur la publicité externe. Il nous appartient de révéler au public autant que possible ce qui se cache derrière la vitrine. Et notamment lors de l'organisation des « Nuits de la philosophie ».

La Nouvelle économie fraternelle se targue de procédures judiciaires gagnées à l'encontre de Jacques Guyard. Ce qui est manifestement faux car, condamné en première instance, le prévenu a été totalement relaxé en appel. Nous l'avons exprimé sur notre blog, et un organe de presse lyonnais a repris l'information immédiatement. Du coup, l'argument a été modifié : Monsieur Guyard aurait été relaxé du fait de sa bonne foi mais la Cour d'appel aurait toutefois reconnu la diffamation. En l'occurrence, oui... mais la diffamation était légale ! De la même façon nous pensons, à la suite de recherches, que l'action de la Nouvelle économie fraternelle s'inscrit dans le cadre de Ia « triarticulation » sociale voulue par Steiner. Des établissements d'enseignement privé hors contrat, de toutes obédiences, bénéficient de ses financements. (Steiner et ses disciples prônent la privatisation des écoles publiques). Mais ce n'est jamais exprimé par la coopérative financière qui promeut plutôt sa participation à la transition écologique.

De la même façon nous avons évoqué l'école de naturopathie dans le Jura qui accueillera notamment Louis Fouché, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est sorti du domaine dont il est spécialiste, la médecine, pour dénoncer les « atteintes aux libertés » (le port du masque notamment) en période de pandémie et qualifier Adolf Eichmann de « pauvre type, lui il s'en foutait, pas très méchant même, il voulait juste que les trains arrivent à l'heure. » ... sans commentaire. La même vidéo lui permettait de prôner la « permaculture humaine » et les écoles alternatives.

Énoncer les faits sans agressivité, sans stigmatiser les personnes ni inciter à la discrimination, c'est déjà largement tordre le cou à la dérive sectaire. Nous ne souhaitons aucun mal à quiconque, notre seul objectif c'est de tenter de mettre fin autant que possible à l'aliénation et à la captation mentale. Nous préférons la recherche, l'argumentation, à l'émotion.

Et nous avons pu nous réjouir de la volonté du Conseil national des associations familiales laïques de travailler plus avec nous ; et la présence de plusieurs membres des Adfi nous a confortés dans l'idée que nos deux associations pouvaient fort bien être complémentaires.

La laïcité dont nous nous réclamons implique que nous sommes attachés au service public. Nous avons d'ailleurs défendu la Mission interministérielle lorsque, à tort ou à raison, on pouvait légitimement craindre pour sa pérennité ; et nous en avons remercié les fonctionnaires pour leur dévouement.

Mais pour que notre réflexion soit libre, nous avons tous entériné l'idée que le débat n'était possible que si nous n'étions redevables à personne. C'est pourquoi nous ne demandons pas de subventions, même dans le cadre de l'appel à projets ministériel. Comme nous l'avons toujours fait, nous pouvons fournir une aide technique à nos partenaires qui souhaiteraient concourir mais nous préférons, quant à nous, rester totalement libres de nos positions et de nos actions.

Quasiment depuis la création de l'association, nous nous préoccupons de l'école hors contrat dans la mesure où elle peut abriter des dérives sectaires ou totalitaires. Comme nous l'avons déjà fait, nous avons demandé à plusieurs rectorats les rapports d'inspection de ces écoles. L'un d'eux nous a tout fourni, après avoir demandé un délai supplémentaire, le temps d'anonymiser ces documents. Si certains allèguent l'absence de temps disponible pour nous fournir ces documents, d'autres s'abstiennent de répondre. Aussi avons-nous décidé, en toute indépendance, de ne pas où nous en tenir à cette non-réponse. D'autant plus que nous avions pris l'engagement de ne pas publier ces rapports, de ne pas les mettre en ligne, de ne pas les citer dans le texte, et surtout de nous abstenir de les transmettre à des journalistes.

En conclusion nous souhaitons la bienvenue à tous nos nouveaux adhérents, (nous avons d'ailleurs eu le plaisir de faire connaissance avec certains lors de cette réunion), notamment à ceux qui ont accepté de nous relayer dans le Jura et l'Ain.

mardi 14 mars 2023

La Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe voit dans les "thérapies de conversion" une violation de la Convention européenne des droits de l'Homme

 









Un billet de la commissaire aux droits de l'homme du conseil de l'Europe dont nous vous donnons le lien ci-dessus est consacré aux « thérapies de conversion ».
Le conseil de l'Europe ne doit pas être confondu avec l'union européenne, même si leurs sièges sont voisins à Strasbourg. Le premier est dédié aux droits de l'homme et à l'environnement, et c'est à cet organisme qu'est adossée la cour européenne, qui met en œuvre la résolution des litiges liés à l'application de la Convention européenne des droits de l'homme.
Au préalable, nous croyons utile de juxtaposer ce billet avec quelques explications juridiques.


Bien que les pratiques de conversion soient souvent mises en œuvre par des acteurs privés, cela n'exempte pas les États membres de leur obligation positive de garantir à toute personne relevant de leur juridiction l’exercice des droits et libertés inscrits dans la CEDH. Les États sont notamment tenus de veiller à ce qu'un cadre juridique approprié soit mis en place, à ce que les allégations d’infractions fassent l'objet d'une enquête effective, et à ce que les recours soient effectifs et accessibles.


Depuis plusieurs décennies, la cour admet que les États membres du conseil de l'Europe ne sont pas seulement tenus à s'abstenir de porter eux-mêmes atteinte aux droits énoncés par les rédacteurs de la Convention européenne. Il leur appartient également de veiller à ce que ces dispositions soient respectées dans le cadre des relations entre particuliers (obligations positives). Pouvons-nous nous attendre d'ailleurs à ce que ses obligations positives servent plus souvent de fondement juridique aux décisions à tous niveaux concernant les dérives sectaires ?


Je tiens également à répondre à l'argument, souvent fallacieux, selon lequel le droit à la liberté de religion (article 9 de la CEDH) et le droit à la liberté d'expression (article 10) de ceux qui mettent en œuvre et soutiennent les pratiques de conversion seraient violés par les actions de l'État destinées à prévenir et à faire cesser ces interventions. Il importe de souligner que, correctement rédigées, les interdictions des pratiques de conversion ne devraient pas porter atteinte au droit d'avoir une conviction ou d'exprimer une opinion sur les questions LGBTI. Cependant, contrairement au droit d’avoir (ou non) une religion ou des convictions, le droit de manifester cette religion ou ces convictions peut faire l’objet de restrictions visant à protéger les droits fondamentaux d’autrui, à condition que ces restrictions soient prévues par la loi, nécessaires dans une société démocratique et proportionnées au but poursuivi.


Quelques droits sont absolus et ne pourraient souffrir de limitation : droit à la vie, droit de ne pas être torturé, de ne pas être à l'esclavage. En revanche, la plupart des droits et libertés sont énoncés brièvement : il s'agit de principes simples qui se doivent d'être appliqués par des États dont les traditions juridiques et l'histoire sont loin d'être identiques. Mais ces droits sont assortis de limitations précisément énoncées, pouvant impliquer le droit d'autrui, la santé publique, l'ordre. La liberté de conscience et de religion, le droit de s'associer, de se réunir, ne sont pas absolus. Ces limitations sont définies avec précision dans les paragraphes deux des articles du traité.