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jeudi 27 janvier 2022

L'abbaye de LAGRASSE un article remarquable de GOLIAS





Un de nos adhérents que nous remercions, nous informe : l’hebdomadaire Golias, dans sa parution n°704, semaine du 20 au 26 janvier 2022, dans sa rubrique « Le Divan du monde ENTRE LES LIGNES », sous le titre « Misère de la réaction, avilissement de la raison » et sous la plume de Gilles Herlédan, évoque l’actualité récente de l’Abbaye de Lagrasse;

La revue nous a très aimablement autorisés à reproduire ci-dessous ce passage.

Un grand merci à Golias.


C'est dans cet esprit que Beigbeder, Bruckner, Tesson, Giesbert, Enthoven et quelques autres ont passé trois jours et trois nuits à l'abbaye de Lagrasse. Le Figaro s'est extasié et le journal du dimanche y voit un livre écrit par des « chercheurs d'absolu ». Il est vrai que pour introduire le débat des intellectuels avec M. Macron (mars 2019), Bruckner s'était insurgé parce que la police ne tirait pas à balles sur les manifestants. On les absolus qu'on peut. Enthoven, lui, ne fait pas mystère de voter éventuellement Le Pen plutôt que Mélenchon et, dans son dernier opus Krasnaia, il s'en prend au « despotisme sournois » que sont la « cancel culture » et « le racialisme antiraciste". Car à Lagrasse, bastion tradi affirmé, pendant ces trois jours et trois nuits de Dieu on a moins parlé que de glaive. Les images martiales abondent autant que les anathèmes sur une époque pourrie où ce petit monde prospère douillettement. « Ici, dans cette pièce où nous partageons ce repas muet, se tiennent les derniers des héros. Les seuls braves d'une civilisation mourante, empoisonnée par les gourous et l'hédonisme marchand », affirme l'écrivain Thibault de Montaigu, récemment touché par la foi. « Les frères sortent en robe, c'est-à-dire en armure », écrit Sylvain Tesson. Ambiance. Et maintenant, indécence : Frédéric Beigbeider affirme ainsi se sentir dans l'abbaye comme dans le film des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, en référence aux moines de Tibéhirine. « J'attends l'attaque de Daech. Suis-je paranoïaque ? J'espère me tromper, mais cette congrégation me semble une cible idéale pour les fanatiques qui voudraient se faire un coup de publicité ». Grand merci de leur signaler la cible ! Enthoven, qui se sent la trempe d'un héros, reprend avec admiration les propos du Père abbé : « le martyre ne peut pas effrayer un vrai chrétien, répète pourtant le Père abbé. Dans sa mémoire catholique, deux cataclysmes – la révolution de 1789 et les spoliations qui s'ensuivirent – ont déjà mis son église en péril. L'islamisme radical, sous sa forme la plus meurtrière, pourrait être le troisième péril, même si, dans cette région de France, on a toujours su résister aux Sarrasins ». Subtil.

Pour ces réactionnaires, un autre ennemi, quasi mécréant, œuvre au désarmement moral de l'Occident chrétien. F – O. Giesbert se charge d'étriller le pape François. « Sa mission était surhumaine, mais le pape a-t-il bien été à la hauteur ? Jorge Mario père Bergoglio a le sourire des administrateurs judiciaires chargés de sauver l'entreprise en péril qui leur a été confiée (…). Comme s'il s'accommodait du déclin du christianisme, le pape François ne se départ jamais d'une superbe indifférence, l'autre nom de la sagesse, quand ce n'est pas celui de l'indolence du cynisme.  Avec son christianisme prudent, voire chattemite, il ressemble à ces politiciens qui marchent sur des œufs et dont l'obsession, contrairement aux hommes d'État, est d'avoir de bons articles dans les journaux ». C'est le rappel du devoir d'accueil des migrants qui est ici visé, de même que certaine position pastorale à propos des femmes ou des homosexuels. Sans parler de son respect bien trop affirmé pour les croyants d'autres religions. Nouveau courant qui intéresse jusqu'aux athées convaincus – ce qui en dit assez long sur les usages attendus de la religion par les réactionnaires – puisqu'on voit le bon Onfray crosser un pape que sans doute il ne juge pas égal à Pie X écrasant le « modernisme ».

Enfin, nous ne saurions négliger la contribution de B. Sansal. On s'attendrait à ce que l'écrivain algérien, athée vigoureusement opposé à l'islam et à l'islamisme (ce qui lui a valu d'être fort maltraité dans son pays) se réjouisse de la perte d'influence des religions. Il reproche au catholicisme son progressisme (fort relatif !) : « Vatican II a répondu le wokisme et la cancel culture dans le monde occidental ». Les mêmes qui reprochent de juger le passé (par exemple l'inquisition) avec les catégories contemporaines, ne sont pas troublés par l'incongruité qui consiste à évoquer la « Cancel culture » à propos des années 60 du siècle dernier !

Le commando réac de Lagrasse avait d'autres soucis que la spiritualité. La figure du moine – soldat est trop présente dans leur imaginaire pour ne pas nous renvoyer à l'esprit de croisade, reconquête de la terre sainte. Ce sont les obsessions identitaires qui sont à la manœuvre. Le livre et les séjours destinés à le produire sont l'œuvre de Nicolas Diat, éditeur chez Fayard de Philippe de Villiers et du cardinal Sarah. Diat a collaboré un temps avec L. Wauquiez. Frédéric Martel rapporte que l'homme est proche de Laurent Dandrieu de Valeurs actuelles, son double politique et psychologique (il a organisé récemment pour lui un voyage à Rome afin d'interviewer le cardinal Sarah en exclusivité). « Il a également ses entrées par la grande porte à Famille chrétienne, à l'Homme nouveau (…) et jusqu'au mensuelle catholique ultra conservateur la nef (il est proche du fondateur et directeur Christophe Geffroy). Tous ce qui comptent dans le journalisme extrême ont été mobilisés dans le grand « plan de com » pour promouvoir le livre de Sarah et des frères Villiers (…). Deux femmes clés sont les artisanats des relations pressent de Nicolas Diat : (…). Proche de l'Opus Dei dont elle a géré la communication en France, et Éric Zemmour dont elle s'occupe aussi, Isabelle Muller fut l'une des figures communicantes de la manif pour toutes (…). Claudine Pons dirige quand elle, l'agence de communication de crise les rois mages et elle s'est occupée pour Diat  de Pierre de Villiers ». Pourtant la main sur le cœur, Diat déclare ne pas avoir en quoi trois jours et trois nuits serait un livre politique.

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