L’innovation
pédagogique et l’écologie sont au cœur des préoccupations et
des engagements de l’Education Nationale. Permettre aux enfants de participer à des activités pédagogiques en pleine nature est
certainement une bonne chose. Toutefois, après avoir alerté sur la
publicité pour des médecines alternatives, dangereuses et ciblées
par la Miviludes, faite par l’association des personnels du Rectorat PAM il est légitime de
s’interroger sur la possible porosité de certains services locaux
de ce ministère.
Alors
que le premier ministre Gabriel
Attal vient de faire un discours sur le thème de l’entrisme
islamiste dans nos écoles, ce phénomène spectaculaire et
dangereux ne doit pas occulter d’autres formes d’infiltration et
de séparatisme.
Dans
les rectorats, l’innovation pédagogique est coordonnée par
le PARDIE :
Pôle Académique de Recherche Développement Innovation
Expérimentation : Celui de l’académie de Besançon
est à l’initiative d’une charte
d’expérimentation du dispositif « Ecole
dehors » contractualisée avec le réseau Graine :
Cette
charte implique des « engagements » Ainsi
des membres du réseau GRAINE doivent organiser des réunions avec
les enseignants, assurer une présence selon les besoins et former
les accompagnants (page 5 de la charte). Elle engage aussi le PARDIE,
la FCPE et les enseignants.
Cette démarche n’est pas en soi
critiquable, dans la mesure où elle favorise un contact avec la
nature et une découverte des savoirs basée sur des activités
sécurisées.
Le
réseau GRAINE mentionne parmi ses adhérents la personne morale
Myceliandre, dont le référent salarié est un « thérapeute
holistique ».
Au
sein de Myceliandre il propose des prestations basées sur les« constellations systémiques » :
Un
ensemble de techniques dont la
Miviludes avait signalé les dangers page 83 à 93 de son rapport 2007 au
premier ministre en ces termes : « De
telles dérives dont la connotation sectaire est manifeste, non
validées scientifiquement, sérieusement contestées par des
universitaires réputés, condamnées par la justice, ne peuvent
laisser indifférents ceux qui ont la charge de l’information et de
la mise en garde du public contre
les dangers de pratiques dont l’issue sera le plus souvent
dramatique pour les entreprises, les personnes et leurs familles.
Aussi convient-il d’instaurer une vigilance en la matière, en
raison de la diffusion étendue des concepts en cause et de leur mise
en œuvre dans le cadre de pratiques s’appliquant de plus en plus à
des contextes d’entreprises ou d’administrations. »
Une
appréciation que ne contredisent pas l'Ordre national des médecins ni celui des infirmiers.
D’autres
acteurs de cette coopérative de coachs Myceliandre tiennent un
discours aux thèmes séparatistes: « Le
temps est venu de revoir "l'éducation" pour
que les jeunes prennent leur chemin avec foi dans la vie plutôt que
de suivre des formations pour devenir de bons petits français au
service de l'état et de ses grandes entreprises. »
Les
mêmes acteurs font la promotion des écoles démocratiques, un mouvement lié au Colibris
que nous avons déjà signalé. L'un d’eux promeut simultanément les
« écoles démocratiques » et l’école en forêt. Ses
aspirations apparaissent comme proches de l’un des objets de la
convention ici évoquée : l'école en plein air. Mais rien, du
moins dans ce que nous connaissons de ce dossier, (nous n’en
connaissons pas tout) ne révèle une quelconque influence du moins
avérée et directe de Mycéliandre sur la rédaction finale de ce
document contractuel ni d’ailleurs sur les activités de GRAINE.
Pour
finir, un document du réseau GRAINE mentionne sa participation
aux Ateliers coopératifs du Rectorat page 38, puis remercie à deux
reprises les Colibris de Besançon à côté du PARDIE en sa page
43 :
Nous avons déjà alerté sur les liens et l’idéologie du réseau des Colibris .
Par ailleurs, c'est une constante des organisations
sectaires et/ou controversées de s'appliquer à multiplier les démarches tendant à cultiver leur image en s’affichant
voire même en contractant avec des instances publiques ou privées
d'intérêt général et en y déléguant des représentants. Si
l'Education nationale est le plus souvent sensible à cette
problématique, elle doit néanmoins redoubler de précaution du fait
de la complexification croissante du phénomène sectaire. Il
convient aussi de s’interroger sur les garanties prises pour ne pas
promouvoir ces mouvements et ces discours séparatistes auprès des
enseignants, des parents et des élèves. Et ce conformément à la
vigilance et à la mise en garde du public préconisées
par la Miviludes.
L’écologie est une préoccupation légitime,
elle peut être abordée avec des partenaires scientifiques étrangers à tout discours ésotérique, et transmettant des savoirs conformes à la déontologie
de l’Education Nationale.
Nous
ne mettons pas en cause les fonctionnaires du Rectorat. Notre
association est très attachée au service public et laïque de
l'éducation et nous renierions nos propres valeurs en le
dénigrant. Nous n’incriminons nullement GRAINE. Notre
seul et unique objectif : les éclairer sur l'irrationalité que
véhiculent certaines structures, et ce faisant contribuer à
protéger le service public et ses partenaires de ce que nous
percevons comme une forme d’obscurantisme. Nous nous tenons à leur
disposition pour échanger à ce sujet, sous la forme qu'ils
souhaiteront. Ce faisant, nous avons le sentiment d'inscrire nos
réflexions dans le cadre de la défense de la laïcité
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Le groupe Colibris Besançon ne fonctionne plus depuis près de deux ans |