Depuis maintenant près d'un an, les instances de notre association ont décidé de relayer les informations concernant l'enseignement sous contrat. Depuis la naissance de notre cercle, nous enquêtons sur les écoles hors contrat qui, assez souvent, relayent un système sectaire auprès de la jeunesse. Mais il nous est apparu progressivement que nous ne devions pas négliger les établissements qui, malgré l'existence d'un contrat les liant à l'administration et au service public, ne ménagent pas la vulnérabilité de leurs usagers : les mineurs.
Nous avons écrit à plusieurs syndicats des personnels de l'enseignement privé. Un seul, du moins à ce jour, nous a répondu : le syndicat national des personnels de l'enseignement privé, affilié à l'union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Alors tout naturellement, nous l'avons invité à notre assemblée générale et son responsable y est intervenu.
Nous avons été aussi en contact avec le collectif « Stop aux souffrances dans l'enseignement catholique ». Sa porte-parole était présente, elle aussi, à notre AG, et nous avons reproduit également de larges extraits de son intervention.
Nous les remercions tous les deux de leur présence.
Le syndicat SNEP-UNSA:
Tant que la loi Debré permettra les ambiguïtés, le système va s'auto-alimenter, En effet, aujourd'hui la volonté politique n'existe pas, ou du moins très peu. Heureusement, les victimes de Bétharram ont pris la parole ; sans cette expression publique, il n'y aurait pas eu de commission d'enquête parlementaire, il n'y aurait pas eu de débat au Sénat, et rien ne se serait passé pour défendre les victimes qui sont d'abord des enfants.
Nous sommes des enseignants, nous sommes 140 000, et parfois soumis à l'autoritarisme, ou à des positions ambiguës. Mais nous avons aussi le souci des élèves, des mineurs. On a vu les dérives à Bétharram, on les a vues à l’œuvre dans un collège, et elles ont des conséquences sur l’exercice du libre arbitre des élèves. Tous ces petits écoliers, quand ils vont à la messe, quand ils se font arroser d’eau bénite par le curé, est-ce qu'ils ont vraiment consenti ?
Je suis en train de faire référence au principe de laïcité, qui consiste à permettre à chacun des élèves, à la hauteur de ses capacités, de construire son libre arbitre. Dans nombre d'établissements privés, on a un dispositif qui se joue des ambiguïtés de la loi.
On peut multiplier les signalements, mais ce n’est pas là que réside le problème. Le problème, c'est la loi, et je doute que la commission d'enquête parlementaire sur les violences faites aux élèves, produise du concret. Nous ne voyons pas de volonté politique pour faire évoluer les choses. Notre syndicat travaille sur les outils.
Je ne peux pas utiliser le terme d'emprise des structures professionnelles, parce que nous sommes dans une relation d'adulte à adulte, Je ne peux pas dire qu'une structure catholique, musulmane, protestante exerce une emprise sur des agents publics.
En revanche, les directeurs ont des outils qui se servent des ambiguïtés de la loi, pour agir sur les enseignants et sur leur carrière, leur mutation, leur affectation, leur promotion, le soutien aux parents au quotidien.
C'est parce que l'enseignant public est affaibli dans ses missions d'agent public, qu'ensuite les élèves se retrouvent dans des situations délicates, je ne parle pas uniquement des violences.
Oui il y a des violences, il y a des crimes, il y a des délits, et on en aura enfin parlé ; mais au quotidien il y a des petites brimades, des petites vexations, tout cela dans l'ambiguïté de la loi.
Les premiers à faire leur travail sont les enseignants. Des événements sont survenus à l'Immaculée Conception à Pau, un rapport a été produit, une décision de justice est tombée. Les inspecteurs accompagnent très souvent des équipes, mais l'inspecteur est un homme (ou une femme) de terrain. ll y a des syndicats d'enseignants, de cadres, de personnels de direction, d’inspecteurs ; on ne peut pas agir plus que ce que nous permet notre cadre à nous, parce que nous n’en sortons pas. Mais les structures confessionnelles, et c'est leur métier, sortent du cadre de la République. Elles sortent de ce cadre républicain, et elles utilisent les ambiguïtés de la loi.
La liberté d'enseignement c'est une loi fondamentale en France. Depuis 1793, l'enseignement est libre ; mais en 1793 il ne s'agissait pas d'aider l'église catholique, il s'agissait d'établir la République.
La loi sur les associations de 1901 est très importante : la liberté d'association, c'est la possibilité pour les hommes et les femmes de la République, pour les citoyens, de se retrouver sur un objet social, comme c’est le cas pour votre association, ou pour jouer à la pétanque.
Cette loi de 1901 est détournée par les structures confessionnelles pour gérer des établissements, et même construire une pyramide qui concurrence l'éducation nationale.
Vous avez parlé de séparatisme : oui, nous sommes pleinement dans un système de séparatisme scolaire. 2 millions d'élèves se retrouvent à côté du service public ; alors qu'officiellement ils sont à l’intérieur ; ils sont en réalité en dehors.
C'est de l'entre-soi. On parle beaucoup de Stanislas, c'est l'exemple rêvé ou détesté comme on veut, mais des petits Stanislas, il en existe dans presque toutes les grandes villes de France. Dans toutes les grandes agglomérations, vous trouverez un lycée qui fait du séparatisme scolaire, mais c'est toujours en marge de la loi, et en jouant avec ses ambiguïtés.
Le second problème, c'est l'administration de la République, elle est tenue par des hommes et des femmes dévoués. Mais dès qu’on fait des signalements à notre propre administration, dont nous n’avons aucune raison de douter du dévouement des agents, on constate qu’elle agit avec difficulté, faute de moyens humains.
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