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dimanche 19 mai 2019

UN TEMOIGNAGE SUR UNE EXPERIENCE VECUE LU A NOTRE RENCONTRE ANNUELLE

Ce témoignage nous semble intéressant. Nous nous faisons un devoir de le publier, non pas que nous portions un jugement global sur la sophrologie, mais parce que nous percevons dans ce vécu la dérive qui guette nombre de charlatans, voire de professionnels: que la relation professionnelle ou thérapeutique se transforme en immixtion, en intrusion dans la vraie vie.


Témoignage sur la sophrologie





Je consultais régulièrement un médecin homéopathe et acupuncteur, rencontré via des amis communs. Un jour, dans sa salle d'attente, pour patienter, je lis un document de présentation de la formation en sophrologie qu'il dispense au sein de son école, créée sous la forme d'une association.

Lors de la consultation, je lui pose quelques questions. Je suis un peu méfiant, tout en me disant que la démarche pourrait intéresser mon épouse : au foyer depuis plusieurs années, elle souhaite reprendre une activité professionnelle, mais semble vouloir éviter retourner dans une profession commerciale, dont elle ne partage plus les valeurs.

Elle aimerait aider les autres, mais sans savoir comment.

Je suis toutefois méfiant quant aux dérives sectaires. J'en parle directement à cet ami – médecin. Il est habitué à cette méfiance et n'est pas choqué par la question. Il insiste sur le libre arbitre et sur le fait qu'il ne faut pas faire n'importe quoi avec la sophrologie. Il me parle d'une charte, me met en garde contre les sophrologues non caycédiens, qui, selon lui, vont à l'encontre de cette charte déontologique.

Il me parle même d'une sophrologue de la région qui aurait conduit une de ses clientes au suicide. Son association -école se serait portée partie civile, afin de montrer sa distance par rapport à ces pratiques.

Cet argument me rassure : il me semble alors que la démarche est nourrie par une vraie éthique.



Je rapporte la documentation à mon épouse. D'abord réticente, mon épouse est de plus en plus en plus intéressée au fur et à mesure où elle en discute avec ce médecin. Elle s'inscrit à la formation.

Cette formation dure deux an. Elle débouche sur un diplôme de sophrologue caycédien. Un diplôme qui n'a alors aucune valeur ; depuis les sophrologues français ont réussi à faire inscrire ce diplôme au RNCP (registre national des certifications professionnelles) et délivrent un titre professionnel de sophrologie de niveau III (équivalent bac+2).

La formation se déroule à raison d'une journée de formation par mois ; les heures « d’entraînement » à la maison sont comptabilisées comme des heures de formation. Le futur diplômé doit présenté un mémoire de fin d'études, soutenu en public, devant les autres stagiaires (la « fête de l'école »).



Mon épouse débute la formation. Elle vit au départ très difficilement la séparation durant un samedi entier de notre cocon familial et l'éloignement avec nos filles. Mais ce malaise est vite remplacé par un autre : elle revient de ces journée de formation très perturbée. Un jour, elle me confie même avoir fait un malaise avec perte de connaissance. Je m'inquiète de plus en plus et lui suggère d'abandonner. Elle refuse, car elle pense que cette formation lui permet de résoudre des problèmes de fond, liés à plusieurs traumatisme (enfant non désirée, maltraitée, viol ; par un ami de son père).

Elle achève sa formation et semble épanouie ; je suis un peu rassuré.



Cependant, elle décide de poursuivre en s'inscrivant à l'école de sophrologie caycédienne désormais gérée par la fille du fondateur de la discipline. Cette école est installée à Andorre, paradis fiscal. Cela me rend méfiant. Pour me rassurer, lors de la première formation, elle emmène ma mère et mes filles. Et ça marche.

Cependant, lors de ses séjours suivants, elle devient différente. Lorsque nous nous téléphonons, elle semble absente, ailleurs. De retour à la maison, elle semble éteinte. Aujourd'hui, j'ai coutume de dire que c'est un peu comme si on lui avait dit : « Vous êtes malheureuse, vous devez tout changer, quitte à renverser la table ».

C'est ce qu'elle a fini par faire : ce qu'elle considérait comme lui plus précieux, à savoir notre famille et notre couple, lui a semblé être une prison. Dans cette inversion de valeurs, ses parents maltraitants ont désormais toutes les excuses.

Bref, cette formation de deux ans à Andorre l'a transfigurée, mais au détriment de notre socle familial. Cette formation débouche sur un « master en sophrologie caycédienne ». Master qui, faut-il le préciser, n'a aucune valeur en France.



Cela ne lui suffit pas : elle décide de suivre une formation complémentaire en « sophrologie ludique », dispensée par un couple suisse. Elle s'intéresse alors aux enfants dits « précoces » et propose cette méthode pour les aider. Elle voit commence à intervenir dans des écoles, des collèges pour gérer le stress des ados et/ou leur hyper activité. Pour elle, l'échec scolaire n'existe pas : ce sont tous des enfants précoces non diagnostiqués. Nos filles, qui ne sont pourtant pas en échec scolaire, seraient elles-mêmes des enfants précoces. Et elle-même, parce qu'elle se sent différente, est une enfant précoce qui n'a pas été identifiés.

Et tout cela doit se solutionner par la sophrologie, notamment la sophrologie ludique.



Mon, épouse décide alors de donner la priorité à toutes ses aspirations. Elle se lève avant l'aurore pour profiter du lever de soleil, randonne par tout temps et se donne des objectifs sportifs : la sophrologie doit lui permettre de se dépasser.



Bref, elle prend de plus en plus de distance vis-à-vis de notre foyer, et comme je ne la suis pas dans cette démarche, elle finit par décider de divorcer.





Aujourd'hui, je serais tenté de dire qu'elle a été entraînée dans une mécanique qui a fait lentement, mais sûrement son œuvre.

La sophrologie part du principe que ses adeptes sont victimes de déséquilibres qui nuisent à leur équilibre ou à leur santé et les invite à se débarrasser. Ses déséquilibres sont, selon les cas, la famille, l'environnement professionnel, le cadre social. La sophrologie est présentée alors comme une solution miracle pour y apporter une solution. Elle est censée affranchir l'adepte de ses carcans et lui apporter une liberté alors qu'elle propose un enfermement, puisque la sophrologie devient le filtre de tout raisonnement de la vie, voir de la vie quotidienne). Sans se préoccuper des causes profondes des malaises, qui, parfois, relèvent de la psychologie clinique. En cela, elle jour aux apprentis-sorciers.



La formation au master est divisée en plusieurs degrés, qui s'éloignent de plus en plus des techniques de relaxation des premiers degrés. Peu à peu, cette formation se prétend de plus en plus comme philosophique, voire spirituelle. Elle pose la phénoménologie comme la clé de l'existence.



Il faut savoir aussi que l'école d'Andorre fonctionne comme une franchise. Elle autorise la création d'écoles de sophrologie caycédienne (terme déposé) sous réserve de remplir un cahier des charges et de payer une cotisation. Les directeurs de ces écoles doivent suivre des « séminaires d'actualisation » tous les deux ans, sous peine de perdre leur accréditation.

Les sophrologues français sont en conflit avec l'école d'Andorre et lui reprochent d'être devenue trop commerciale. Ils s'enorgueillissent sur leur site d'avoir perdu un procès sur l'usage du terme de sophrologue caycédien contre l'école d'Andorre au tribunal de commerce de Paris : pour eux , cela confirme leurs accusation de dérive commerciale.

Ils ont choisi une autre voie ; celle de la reconnaissance au registre des certifications professionnelle, auquel j'ai fait référence plus haut. Leur stratégie est d'obtenir une reconnaissance par la voie de la formation.






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