Le
conseil d'administration du cercle laïque pour la prévention du
sectarisme a appris avec peine des polémiques récentes :
le prédicateur qui a contribué à endoctriner les auteurs du
massacre de Charlie hebdo participe maintenant aux activités des structures animées par Madame Dounia Bouzar.
Nous
avions eu un contact bref mais chaleureux avec Madame Bouzar
et elle nous avait fourni une vidéo très documentée sur
l'endoctrinement des radicaux. Elle défendait la thèse selon
laquelle l'islam était un prétexte dans le processus de
radicalisation.
Dans
son livre, désamorcer l'islam radical elle dit elle-même : «
mon insistance à se vouloir séparer le discours radical de
celui de l'islam est parfois mal comprise. Certains non–musulmans
ont le sentiment que je veux « défendre l'islam
»… ». Entre les tenants de la thèse de la
radicalisation de l'islam ou de l'islamisation de la radicalité,
elle avait choisi la seconde, c'est certain.
Le CLPS ne peut qu’en toute modestie reconnaître
qu'il n'a pas forcément compétence pour trancher parmi les hypothèses discutées.
L'
Association des victimes du terrorisme et 11 janvier ont protesté
dans un communiqué contre ce recrutement :
Au
vu de la tonalité de l’ouvrage co-signé par Farid Benyettou et
Dounia Bouzar, l’AfVT.org et l’association Onze Janvier
considèrent que cette initiative éditoriale n’est rien
d’autre qu’une tribune et donc, d’une réhabilitation à peine
déguisée, de celui qui fut le mentor des terroristes Said et Cherif
Kouachi.
Farid
Benyettou a écrit un livre en collaboration avec Dounia Bouzar et
participé à des plateaux de télévision. Suite à l’émotion
suscitée par cette présence dans les médias, l'intéressé a
annoncé par voie de communiqué de presse qu'il renonçait à toute
intervention médiatique .
Dounia
Bouzar dans une émission sur France Culture a expliqué le
sens de la participation des repentis au processus de déradicalisation. En toute modestie, nous ne pouvons porter un
jugement étayé sur ce sujet.
Mais
nous ne voulons pas laisser planer de malentendu. Si le point de vue
de Madame Bouzar a pu être contesté, nous nous sentons le devoir de
laisser en ligne le travail très documenté qu'elle nous a fourni,
et dont nous lui sommes redevables. Cela n’implique toutefois pas
que nous retenions toutes ses thèses !
En
effet, lorsque les frères Kouachi ont sauvagement et froidement
assassiné des journalistes, des dessinateurs de presse, et non
des moindres, et des policiers, nous étions Charlie. Nous restons
attachés à cette valeur fondamentale qu’est la liberté de
la presse. Nous avons été choqués en voyant sur Internet sur une vidéo, celui
qui a endoctriné les assassins sortir de sa poche un badge « je
suis Charlie ». Nous nous abstiendrons de la partager, cette diffusion pourrait être interprétée comme un sorte de complicité.
Même en admettant que des repentis ont un rôle à assumer dans le
processus de déradicalisation, faire d’un ancien prédicateur
une vedette médiatique est incompatible avec notre éthique. Sortir ce badge devant les caméras ne nous semble pas l'expression
d'un remords. Le Docteur Pelloux, qui a échappé au massacre, a
d’ailleurs exprimé sa répulsion. Nous aussi nous sentons le droit d'exprimer notre malaise.
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