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vendredi 27 octobre 2017

Conférence de la société anthroposophique: la Gymnastique Bothmer

La société anthroposophique organise de nombreuses conférences en son siège près du jardin du Luxembourg à Paris. Afin de parfaire notre connaissance de ce milieu, nous avons assisté à l’une d’elles. L’objectif était de mieux connaître le comte Fritz von Bothmer, l’inventeur de la gymnastique qui porte son nom.

Le siège de la Société reproduit en maints endroits, l’architecture chère à Rudolf Steiner. Dès l'entrée, des lignes asymétriques; de même dans la salle de conférence, jusqu’au pupitre du conférencier, on observe les mêmes formes. L’accueil est cordial, et il faut bien le reconnaître, nulle insistance. Une responsable de la société présente la conférencière, et annonce une réunion pour les défunts.

La conférencière présente en introduisant son propos la différence entre deux disciplines, l'eurythmie, qui repose sur l’influence des sons sur le mouvement, et cette gymnastique qui s’efforce de voir comment l'esprit se lie au corps. Une gymnastique qui aurait eu un rôle déterminant dans la création de la première école Waldorf

Fritz von Bothmer a compté dans la saga de cette mouvance, il est issu d’un milieu militaire, et lui-même fut pensionnaire dans une pagerie royale, en gros une école militaire. Puis il a incorporé l’armée de Bavière. Au début du XXe siècle, il a compté des amis dans le courant artistique du Blaue Reiter, il a découvert le philosophe Nietzsche, et s’est rendu compte en le lisant qu’il pouvait penser par lui-même.

Sa propre mère avait rencontré les cercles de la théosophie. Il a participé aux combats de la première guerre mondiale, où il a été gravement blessé. Après la guerre, dans une période de révoltes ouvrières il senti qu’il ne pouvait pas faire tirer sur ses concitoyens, et a commencé à chercher un travail ailleurs que dans l’armée. C’était la période où Steiner militait pour la tripartition sociale. C’est la période où la doctrine anthroposophique devient centrale dans la vie de Bothmer. En 1922, il démissionne de l’armée, assiste à une conférence de Steiner qu’il rencontre le soir dans un entretien. Steiner lui conseille d’ aller visiter écoles et orphelinats.

Il aurait été frappé lors d’un stage dans une école Waldorf : « ici l’esprit vit, on écoute les enfants, les enfants sont au centre ». Et Steiner lui demande de développer physiquement les enfants à côté de l’eurythmie.

D’après la conférencière, Fritz von Bothmer se détache à ce moment-là de son « karma passé », celui de la génération de militaires dont il est issu. Il se laisse travailler par le ressenti, et tente de faire partir le mouvement de la dynamique de l’enfant, de sa joie de bouger. Il se dit animé de l’amour de l’enfant, et ressent les « forces subtiles » qui viennent de ces derniers vers soi.

C’est la conscience qui pour Bothmer permet de tenir debout. Il distingue trois plans dans l’équilibre de la personne, le plan horizontal, qui permet de percevoir la beauté du monde, le plan sagittal, et le plan frontal. La position debout est pour lui la position morale de l’être humain, ne parle-t-on pas de maison de redressement ou d’un caractère un peu tordu. La gymnastique Bothmer présente ainsi une succession de redressements et de chutes, à chaque chute correspond un redressement. Elle comprend 35 exercices qui font corpus. Vers la fin de la vie les exercices se portent vers le haut comme s'ils préparaient le passage de la personne vieillissante au monde spirituel.

La situation politique se dégradant, des enfants et enseignants des écoles Steiner sont déportés. La conférencière lie antisémitisme et antianthroposophie. La fédération qui unit les écoles Waldorf essaye de poursuivre leurs activités dans le cadre des écoles pilotes tolérées par le régime nazi ; ses dirigeants vont voir Rudolf Hess pour avoir une dérogation en ce sens, mais se rendent vite compte que ce ne sera pas possible.

Bothmer répand ses techniques en Angleterre, aux Pays-Bas, au moment de la déclaration de guerre, il demande sa réintégration dans l’armée, sa requête est acceptée mais il décline car il ne veut pas être versé dans les réserves comme l'armée le lui propose en réponse à sa requête. Il décède en novembre 1941 d’une tumeur pulmonaire, soignée dans une clinique anthroposophique.

Comme d’habitude, nous avons tenté de refléter la tonalité de cette conférence tout en évitant soigneusement le parti pris. Avouons que le dernier quart d’heure fut plus difficile, car lorsqu’on est pas disciple de cette doctrine, certaines notions ne sont pas toujours claires au premier abord. Nous espérons avoir avec le maximum d’honnêteté rendu compte de cette rencontre publique et payante mais destinée bien entendu avant tout aux disciples.


L'intervenante donne sur un site dédié à cettegymnastique (http://www.c-possible.org/cp.cp?CPDoc=1800527) un détail sur son parcours, sur sa rencontre avec l'anthroposophe qui l'a formée : « Ma rencontre avec elle a déterminé ma démission de l’Education Nationale et mon engagement sans faille dans un domaine où presque tout était à faire en France ».

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