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lundi 12 août 2024

L'église de scientologie, et les addictions. "Non à la drogue, Oui à la vie" : des avantages fiscaux ?





Dans l'urgence, nous avons rédigé et "épinglé" sur nos supports de communication un billet destiné à exprimer notre incompréhension devant le rôle dévolu à Tom Cruise, scientologue notoire, lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris. Nous avons également attiré l'attention de nos lecteurs et mis à leur disposition le lien vers le communiqué de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Cet organisme gouvernemental mettait en garde le public contre les distributions de livrets d'une association liée à l'église de scientologie : Non à la drogue, Oui à la vie.

Notre souci a toujours été de privilégier la réflexion et l'explication en cédant le moins possible à l'émotion. Aussi, nous semble-t-il utile, au-delà de l'urgence, de rappeler le passé de ce groupe en matière de lutte contre les toxicomanies. Bon nombre de groupes que nous étudions se targuent de guérir les addictions. Naguère, le Patriarche, ainsi que Narconon, une filiale scientologue, ainsi que des associations liées à des groupes évangéliques, se présentaient comme des alternatives au traitement des addictions.

À la fin du siècle précédent s'étaient créées des communautés thérapeutiques. La relation soignant-soigné y est estompée au profit de l'aide mutuelle que peuvent s'apporter malades guéris et en cours de guérison. Ceci peut expliquer l'absence de personnel médical, là où ce serait nécessaire. Dans les années 80, il existait une communauté thérapeutique en Côte-d'Or, gérée par l'association Narconon. Une patiente ayant été victime d'une crise d'épilepsie, elle ne put bénéficier d'un traitement adéquat, d'où son décès. Le 9 janvier 1987, le directeur adjoint du centre fut condamné par le tribunal de grande instance de Dijon. 

Citation du jugement :

" Que si Jocelyne Dorfmann avait pris la décision de réduire sa consommation médicamenteuse, puis de l'interrompre au risque de compromettre son état de santé, les prévenus ne l'ont à aucun moment prévenue de la nécessité d'un examen médical d'admission, lequel aurait vraisemblablement permis de contre-indiquer la cure de sevrage ; qu'il est inconcevable que la victime ait pu être acceptée sans cet examen et sans entretien sérieux malgré ses déclarations sur son état de santé et son épilepsie, alors que les prévenus ont reconnu savoir qu'en cas de maladie grave, le traitement médical ne devait pas souffrir d'interruption ;(...) " Que si lors de la survenue de la première crise, les prévenus ont pu se méprendre sur la nature exacte, la répétition des crises et leur intensité croissante devaient leur évoquer une origine distincte d'un état de manque qui, selon les médecins experts, ne peut être confondu avec un état épileptique ;(…) " Qu'ils n'ont pas jugé utile de demander directement à la victime, alors qu'elle était encore consciente, si ces manifestations pouvaient correspondre aux crises d'épilepsie auxquelles elle avait fait allusion ou de faire appel au médecin le plus proche. (...) "

Le docteur Tomkiewicz, spécialiste en la matière, avait alors rédigé une étude qui ne fut pas publiée de son vivant, mais dont le contenu nous a été révélé lors de la publication d'une thèse juridique. L’auteur ne nomme ni ne précise le lieu où est implanté le centre dont il expose le fonctionnement, mais il le présente clairement comme une émanation de l'Église de scientologie. Voici quelques extraits : "Drogue-Stop nous apparaît comme la caricature du terrain d'essai d'une idéologie. Les individus les plus fragiles, sans repères solides, angoissés pour leur vie présente et leur avenir, donc les plus malléables, sont pris pour cible. Une méconnaissance du phénomène de la toxicomanie dont est retenue comme seule définition la définition législative : "usage illicite d'un produit toxique", conduit à la prise en charge de jeunes consommateurs, sans considération pour leur personnalité ou le type de consommation (usage occasionnel de haschich ou d'anxiolytiques). Nombre d'adolescents ont recours de nos jours à ces "transgressions" devenues fait de culture, comme pouvaient l'être autrefois la première cuite, la première cigarette. Assimiler prises occasionnelles de toxiques et toxicomanie dans une prise en charge identique et abusive nous paraît très dangereux. Un dialogue vrai avec un interlocuteur sincère, quelques paroles rassurantes et bienveillantes auraient souvent suffi pour aider le jeune à dépasser ces caps difficiles".

Ou encore : « On ne peut mesurer les dégâts psychologiques infligés à un individu dans la singularité de son être, dans ses sentiments, dans sa possibilité de jugement, dans sa structure psychique. Or, des méthodes comme celles de Drogue-stop, basées sur une doctrine, ont pour but et pour résultat l'adhésion de l'individu à un idéal abstrait ».

Est-ce une suite de cette condamnation ? Toujours est-il que quelques années après la clôture de cette procédure judiciaire, en 1991, fut créée avec le soutien de l'église de scientologie l'association Non à la drogue, Oui à la vie. Nous n'avons pas connaissance de centres de soins gérés par ladite association. Elle se présente comme une structure dédiée à la prévention de la toxicomanie et des addictions, et distribue gratuitement des livrets.

consulté le 6 juin 2024

Elle est reconnue d'intérêt général : les donateurs bénéficient-ils de facilités fiscales ? Elle se présente sur sa page d'accueil comme « parrainée par l’Église de Scientology et soutenue par les scientologues du monde entier ». Sur son site, l'association encourage les dons et fait valoir des réductions fiscales accordées à toute personne qui donne à un organisme bénéficiant de cette reconnaissance. Elle bénéficie d'un avantage accordé par l'administration, alors qu'elle reconnaît qu'elle est parrainée par un mouvement ayant été condamné en tant que personne morale et dont, à maintes reprises, des responsables ont été sanctionnés au pénal. N'y aurait-il pas une étude juridique à mener afin de savoir si ces deux éléments sont compatibles ?

N'ignorons pas le droit existant : nous savons fort bien qu'en 2007 le tribunal administratif de Nantes a annulé un arrêté du maire d'Angers interdisant la publicité des organismes scientologues sur le territoire de sa commune. Nous n'ignorerons pas les principes et les dispositions légales garantissant les libertés publiques, mais la légitimité d'un avantage fiscal au profit d'une organisation scientologue nous semble devoir faire l'objet d'une étude approfondie.

Les bénévoles qui se présentent aux abords des lieux où circulent sportifs et publics sont-ils tous scientologues ? Nous ne pouvons bien sûr pas l'établir. Il nous reste maintenant peut-être à étudier le contenu des livrets distribués pendant la période olympique au regard des impératifs de santé publique. Nous ne saurions clore cette réflexion sans renvoyer nos lecteurs à quelques documents importants.

Une étude parue sur le net et qui a pour auteur un docteur en histoire. Elle inclut l'église de scientologie et présente l'intérêt de relier sectarisme et addictions.

En 2012, le journal Sud-Ouest rapportait que le responsable local de l'association non à la drogue et à la vie se refusait à la présenter comme l'émanation de l'église de scientologie.

Nous renvoyons également à l'étude due à Monsieur Gérard Cagni, addictologue et responsable du centre de soins spécialisés pour toxicomanes, société d'entraide et d'action psychologique à Dijon, ayant fait suite à l'intervention qu'il avait bien voulu dispenser à Arches en 2006 lors de notre journée de réflexion consacrée à la santé.

Nous mentionnons ici des références que nos jeunes lecteurs trouveront sûrement un peu éloignées dans le temps... Elles témoignent toutefois de la permanence de notre action, de nos recherches et de notre réflexion. En ce mois d'août 2024, aucun élément nouveau, à notre connaissance, ne les rend obsolètes. 




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