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lundi 1 octobre 2018

Syndicat de l'INSPECTION DE L'EDUCATION NATIONALE UNSA L'ENSEIGNEMENT HORS CONTRAT

 Source Syndicat de l'INSPECTION DE L'EDUCATION NATIONALE   UNSA


Le Domaine du Possible: une école pour faire « bouger les lignes », une école qui ne harcèle pas les enfants, une école pour rendre les enfants heureux, une école sans pression, sans punitions, sans notes... ou une école plus ou moins liée aux sectes ?

L’actualité vient de mettre dans la lumière médiatique une école privée hors contrat qui a la particularité d’avoir été créée tout récemment par celle qui vient d’être nommée Ministre de la Culture.
Il paraît légitime de s’interroger sur cette école...

Que pense Mme Nyssen de l’Education Nationale ?

Propos extraits du site de l’école du Domaine du Possible et de l’émission Thé ou café du 14/2/2016
Mme Nyssen dénonce le système et l’idéologie de l’école en France qui est responsable du sacrifice des enfants différents. Elle dénonce cet incroyable gâchis et ce déni d’égalité sous prétexte d’égalitarisme. Les maîtres de l’école d’aujourd’hui sont là pour évaluer au plus près les apprentissages, les “manquements” et pour sélectionner “le meilleur” selon la méthode et le programme : nous ne formons pas des citoyens mais nous tendons vers la formation d’une élite, tout en sacrifiant les autres.
Il faut dire que notre école essaie de nous faire ingurgiter, de nous enfourner un savoir avec comme finalité une évaluation, une obsession de l’évaluation... pour un enfant qui n’est pas dans la norme, c’est très stressant.
Les élèves sont tétanisés par des programmes totalement saucissonnés et des évaluations comme le bac ou le brevet inutiles et totalement stressantes... je suis contre l’idée de l’évaluation...
La pauvreté d’approche de l’Education Nationale : un appareil très très rigide, avec des structures, des inspections, des syndicats, des peurs... les gens sont tétanisés »
Un système éducatif à bout de souffle où de nombreux enfants ne trouvent pas à l’école ce dont ils ont besoin pour grandir heureux et se préparer pour l’avenir. Les élèves enregistrent des listes de connaissances qu’ils oublient souvent après les examens. Ils n’apprennent ni à analyser et trier les innombrables informations qui leurs parviennent (médias, internet, publicités...), ni la vie en société et la démocratie. Une lacune inquiétante à l’heure où, face à la crise sociale et à la dégradation de la planète, leur participation à une transition écologique s’avère indispensable.

Comment Mme Nyssen présente-t-elle son école ?

Propos extraits du site de l’école du Domaine du Possible et de l’émission Thé ou café du 14/2/2016
L’école du Domaine du Possible s’inspire de pédagogies fondées sur la coopération, la curiosité des enfants et une expérience active des apprentissages.
S’appuyer sur la curiosité et la joie d’apprendre plutôt que sur la contrainte, favoriser la recherche autonome des connaissances et une expérience active des apprentissages, comprendre le sens de ce que l’on apprend, vivre une relation forte avec la nature environnante, accompagner les enfants en difficultés. Nos enfants ont droit à plus d’égards. Ils doivent, à l’issu de leurs apprentissages, avoir confiance en eux et être heureux. Faisons que leur regard sur le monde soit généreux. Ce sont ces enfants là que nous devons laisser à la terre. Il faut des écoles pilotes, innovantes. Notre projet en est une.
Un projet d’école attentif aux enfants, bienveillant, un peu l’école qu’on aurait rêvé de trouver il y a bien longtemps... c’est merveilleux de voir la joie des enfants à l’école.
4000 € par an c’est pas cher par rapport aux autres écoles privées et il y a un fonds de dotation ( ?) pour les plus modestes en attendant de pouvoir bénéficier de subventions de l’Etat...
Mais pourtant l’école se revendique de statut privé afin de garantir la liberté pédagogique. 

Comment le Directeur présente-t-il son école ?

Propos extraits d’une enquête parue dans le journal Le Monde (octobre 2016) et du site de l’école du Domaine du Possible
Mme Nyssen possède l’argent et le pouvoir... Pour diriger cette école, elle a recruté un cadre de haut niveau en la personne d’Henri Dahan, délégué général de la fédération des écoles Steiner-Waldorf
Dans le journal Le Monde, le Directeur déclare : Nous sommes responsables de la liberté de penser des enfants qui nous sont confiés. A eux de se faire leur vision. Les programmes de l’Etat sont construits sur une vision pseudo-scientifique du monde. Les élèves n’ont d’autre choix que de croire.C’est une forme de réponse religieuse à leurs questions métaphysiques. L’esprit critique est amputé d’une partie de ce qui le construit : l’observation sensible, intuitive et le temps de la méditation pour s’approprier des connaissances plutôt que d’y croire.
L’école Domaine du Possible s’inspire de pédagogies fondées sur l’expression libre des enfants et le tâtonnement expérimental. Cette démarche permet de les amener à travailler autrement tout en respectant globalement le programme scolaire habituel. Notre pédagogie repose également sur la coopération – plutôt que sur la compétition – et la prise en compte du point de vue d’autrui, l’éducation à la paix. Ainsi arrivés au collège, les élèves de l’école gardent intacte leur soif de connaissance et manifestent du respect envers les autres.

Quels liens avec l’anthroposophie ?

Extrait du site Vérité sur les écoles Steiner
La pédagogie Steiner-Waldorf mise en oeuvre au Domaine du Possible est issue de l’Anthroposophie de Rudolf Steiner, une doctrine ésotérique et mystique du New-Age appartenant à une mouvance sectaire bien connue comme telle par les associations de lutte contre les dérives du même nom. Ainsi, des parents vont mettre leurs enfants entre les mains des anthroposophes, séduits par ce qui se présente comme une pédagogie innovante, alors qu’il s’agit en réalité de l’émanation d’une dérive sectaire vieille de plus de cent ans, répétant à l’identique les mêmes recettes et les mêmes techniques « pédagogiques » que les Dieux auraient communiquées à Rudolf Steiner en 1918. Les enseignants sont présentés comme des chercheurs, réalisant un travail de veille permanente sur les sciences du développement, l’éducation, la psychologie, la sociologie, l’éthologie même, puisque la façon d’enseigner varie selon l’âge et les cycles du développement.
En réalité, les enseignants Steiner-Waldorf n’ont aucune formation dans les
domaines cités. Car en tant qu’anthroposophes, ils méprisent les sciences modernes « issues de la décadence de notre civilisation ». Les seules disciplines qui ont leurs faveurs sont celles qui existent à l’intérieur de la Science Spirituelle Anthroposophique, comme ils l’appellent, qui n’a de scientifique que le nom. Ils ne font que lire et relire encore les cycles de conférences du Gourou fondateur de l’Anthroposophie, comme des mantras, sans nul esprit critique...

Quelle pédagogie ?

Toutes les pédagogies fondées sur l’expression libre des enfants et le tâtonnement expérimental sont pratiquées : Steiner, mais aussi Montessori, Piaget, Freinet.
On fait référence à Meirieu pour les classes d’appartenance, les classes de besoins, les classes de projets.
On met en œuvre évidemment la chronobiologie, on organise des rencontres avec des artistes, des paysans, des artisans, des chercheurs, des élèves d’autres écoles. Dans ce paradis scolaire avant-gardiste, la littérature, les mathématiques, l’histoire ou la géographie ne sont pas des abstractions mais autant de sujets de projets, d’expériences intimes de l’esprit. Pédagogie innovante, pédagogie nouvelle, pédagogie de conception holistique : fondée sur un équilibre entre les apprentissages académiques, artistiques et pratiques.

Une école pour quel public ? 

S’agissant d’une école privée hors contrat, elle s’adresse nécessairement à une clientèle aisée, sauf à penser que Mme Nyssen pratique le mécénat... ce qui n’est sans doute pas totalement faux, mais ce qui pose alors d’autres questions relatives notamment aux motivations et aux intentions du mécène... D’autant plus que des moyens considérables sont mis en œuvre : après une installation provisoire en plein cœur d’Arles dans des locaux somptueux, l’école dispose maintenant de 2000 m² dans un vaste domaine de 120 ha luxueusement aménagé à une vingtaine de kilomètres d’Arles, ce qui pose notamment la question des frais de déplacement pour s’y rendre lorsque le chauffeur n’est pas disponible ! Les activités incluent de nombreuses « expériences » en lien avec la nature, la musique, la danse, les chevaux, ce qui implique des moyens matériels et humains très importants.
Rien n’est précisé sur l’encadrement, sauf qu’il s’agit d’une équipe éducative exceptionnelle tant humainement qu’à travers son expérience des pédagogies “nouvelles. Toutefois les formules pédagogiques de petits groupes décrites dans la plaquette de présentation laissent penser que c’est un encadrement conséquent autant pour la pédagogie que pour la prise en charge technique des activités.
Actuellement une centaine d’élèves de la maternelle au lycée, certains dont les parents sont venus s’installer dans la région afin que leur enfants puissent fréquenter cette école...
S’agit-il d’enfants en rupture scolaire ou d’enfants de bobos qui recherchent pour leurs enfants une école où ils pourront cultiver leur différence ? On évoque bien en contrepoint l’accueil
d’enfants différents (dyslexiques, dyspraxiques...) que l’Education nationale ne parvient pas à accueillir, mais l’école n’en fait pas pour autant un produit d’appel car elle s’inscrit manifestement dans une perspective beaucoup plus large et plus ambitieuse comme on peut le lire ci-dessous dans la plaquette de présentation.

Un lien fort à la nature et un ancrage local

Livret de présentation disponible sur le site de l’école
Il s’agit aussi d’une école locale qui s’enracine à la fois dans la culture des éditions Actes Sud et dans une terre presque vierge, mais à vocation agricole (projet agroécologique en cours). Les enfants à la Volpelière apprennent en faisant, en découvrant et en connaissant la nature, en travaillant la terre, en prenant soin des animaux. L’élevage de chevaux et les montures issues de cet élevage jouent un rôle important dans la pédagogie de l’école.
Il s’agit d’instaurer un lien à l’animal, puissant et conséquent. Aujourd’hui la plupart des champs ne sont pas cultivés. Une expertise botanique a permis de recenser la flore locale et de proposer
une perspective écologique et agronomique pour le site. Les terres pourraient notamment accueillir de la riziculture, des céréales (orge, blé, épeautre, etc.) et des légumineuses, des fruits (abricotiers, cerisiers, pommiers, poiriers, pruniers, grenadiers), des légumes (tomates, courgettes, aubergines,
salades...), mais aussi des amandiers, des vignes, une activité d’horticulture (oliviers, amandiers... notamment), des ruches, une production d’herbes médicinales et aromatiques, une oseraie, etc. Les terres se prêtent aussi idéalement à l’élevage de brebis (mérinos d’Arles par exemple, lainières et laitières) et de chevaux de Camargue, qui contribueraient avec les poules et les canards à compléter un univers de polyculture.
L’agencement de ces 120 hectares et la conduite des cultures sont un projet en cours : à terme la ferme approvisionnera l’école et la Volpelière constituera un écosystème agricole et humain cohérent et productif, à la biodiversité
foisonnante
. Le domaine est également destiné à héberger l’université Domaine du Possible
. Celle-ci mènera des programmes de recherche portant sur la généralisation des méthodes de l’agroécologie. Elle accueillera également des formations afin de favoriser une diffusion plus large de ses méthodes : permaculture, agroforesterie, biodynamie, etc.

Conclusion 

L’aspect sectaire dénoncé par certains en référence à la pédagogie Steiner n’est peut-être pas le point qui pose le plus problème dans le projet de l’Ecole du Domaine du Possible, même si le cursus professionnel du directeur, qui a été directeur d’une école Steiner et délégué général des écoles Steiner-Waldorf laisse penser que la pédagogie Steiner occupe une place importante dans la philosophie de cet établissement.
Plus inquiétante est sans doute la place de ce projet dans « l’économie circulaire de la maison d’édition Actes Sud » (formule qui figure dans le livret de présentation) car on voit bien qu’il s’agit là d’une opération qui mobilise des moyens financiers très importants destinés évidemment à un petit groupe de personnes privilégiées soucieuses de mettre en œuvre une culture de l’entre-soi avec des considérations de nature métaphysique.
Pour cela Mme Nyssen surfe comme d’autres sur la vague des pédagogies qualifiées abusivement de nouvelles et
innovantes censées apporter des réponses miraculeuses à un système éducatif à bout de souffle. Elle multiplie les références pédagogiques dans une démarche commerciale (Aujourd’hui l’école se développe et de nombreux enfants aimeraient venir nous rejoindre...)qui est d’autant plus suspecte qu’elle exclut a priori de se soumettre à toute démarche extérieure de validation ou de certification.
En mettant son école au service d’un projet personnel à forte dimension humaniste et écologique, elle ne s’inscrit pas dans un schéma collectif mais dans une sorte de phalanstère ou d’Arche de Noé où le sauvetage de quelques uns suffirait à se donner bonne conscience pour la survie de l’Humanité.

Nota : dans ce texte, on a volontairement laissé de côté les éléments de la vie privée de Mme Nyssen qui bien évidemment ne sont pas étrangers à ce projet mais qui en constituent une dimension personnelle sur laquelle il n’y a pas lieu de porter un jugement.

Daniel Gauchon – 7 juin 2017

Sources
Interview de F. Nyssen dans l’émission « Thé ou café » du 14/2/2016(de 28’30 à 35’30)
Article du Monde du 10/10/2016
Article du Nouvel Observateur du 2/1/2016
Articles du site
Vérité sur les écoles Steiner
Site de l’école du Domaine du Possible
Article du site FranceBleu du 12/1/2016
Site du Cercle laïque pour la prévention du sectarisme
Le blog de la liberté scolaire
A voir aussi, l’article de Médiapart sur l’expérience menée par Céline Alvarez

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