Devenir de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
15e législature
Question écrite n° 12713 de M. Jean-Pierre Sueur (Loiret - SOCR)
publiée dans le JO Sénat du 24/10/2019 - page 5341
M. Jean-Pierre Sueur appelle
l'attention de M. le Premier ministre sur le devenir de la mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
(MIVILUDES). Dans le contexte actuel de mutation et de diversification
du phénomène sectaire, cette dernière a vu ses ressources ainsi que les
moyens nécessaires au bon déroulement de sa mission diminuer au cours
des dernières années et, depuis la fin du mandat de son président, en
octobre 2018, aucun successeur n'a été nommé. Il a pris connaissance des
recommandations de la Cour des Comptes qui, dans un rapport de 2017,
suggérait de rattacher la MIVILUDES au ministère de l'intérieur, tout en
insistant sur la nécessité de « conforter » cette instance. Or, on peut
craindre que ce rattachement entraîne une dissolution de fait de la
MIVILUDES et de ses missions spécifiques de prévention et de lutte
contre les dérives sectaires, ainsi que la perte de ses pouvoirs en
matière de police judiciaire. Il lui demande, en conséquence, quelles
dispositions il entend prendre afin que la MIVILUDES puisse continuer à
exercer les missions qui sont les siennes, avec les moyens appropriés.
Réponse du Premier ministre
publiée dans le JO Sénat du 21/11/2019 - page 5811
Depuis 2002, la MIVILUDES joue un rôle essentiel
d'analyse des phénomènes sectaires et de coordination de l'action
préventive et répressive face aux dérives sectaires. Ce rôle est
essentiel et le Gouvernement entend le confirmer. Le Gouvernement
confirme l'importance accordée à la prévention et à la lutte contre les
dérives sectaires, sous toutes leurs formes, et dans les différents
secteurs d'activité et de la vie sociale au sein desquels celles-ci
peuvent aujourd'hui se manifester : certaines formes religieuses mais
aussi, par exemple, des dérives dans les domaines de la santé, de la
formation, du développement personnel, etc. Il est possible, à la fois
de garder un degré d'ambition inchangé en la matière, et de moderniser
l'organisation administrative pour tenir compte des évolutions récentes.
Une part de l'activité de la MIVILUDES pose aujourd'hui des questions
de synergies et de partages de compétences avec d'autres organismes qui
n'existaient pas en 2002, comme par exemple le secrétariat général du
comité interministériel de prévention de la délinquance et de la
radicalisation (SG CIPDR). Par ailleurs, la Cour des comptes avait
formulé en 2017 des observations sur l'organisation et le fonctionnement
de la MIVILUDES. Elle suggérait déjà que le rattachement au ministère
de l'intérieur permettrait d'en renforcer le caractère opérationnel.
Dans ce contexte, le Gouvernement a décidé de rattacher la MIVILUDES au
ministère de l'intérieur. Cette nouvelle organisation est envisagée pour
le début de l'année 2020. Ce nouveau rattachement s'explique par trois
raisons principales : rattachée au ministère de l'intérieur, la
MIVILUDES pourra exercer ses missions en pleine articulation avec SG
CIPDR : les champs d'intervention de ces deux organismes ne se
recouvrent pas totalement mais ils ont pour important point commun la
lutte contre les nouvelles formes de radicalité et certains phénomènes
d'emprise et d'enfermement ; le ministère de l'intérieur a,
traditionnellement, une vocation d'animation interministérielle dans ses
champs de compétences ; cette nouvelle organisation ne compromet pas,
au contraire, la bonne prise en compte de la variété des problématiques
liées aux dérives sectaires ; il est de bonne administration que
l'action publique relève des ministères : cela permet au Premier
ministre et à ses services de se concentrer sur leur rôle d'impulsion,
de coordination et d'arbitrage. La nouvelle organisation est donc
respectueuse de la répartition des rôles au sein du Gouvernement. D'ici
le début de l'année 2020, les modalités pratiques de ce nouveau
rattachement seront précisées. Sur ce sujet, le Gouvernement considère
évidemment qu'il n'est pas question de laisser se perdre un bilan de 20
ans d'action publique contre les dérives sectaires : la MIVILUDES
continuera d'assurer son travail de recueil des signalements et
d'identification de réponses appropriées. La nouvelle organisation
préservera la bonne prise en compte de la spécificité des phénomènes
sectaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire