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lundi 20 juin 2022

Recherche sur l'enseignement catholique hors contrat, à partir de nos propres recherches et de l'enquête du comité national d'action laïque

 



Recherche sur l'enseignement catholique hors contrat, à partir de nos propres recherches et de l'enquête du comité national d'action laïque

Le CLPS avait commencé à s'intéresser à l'enseignement hors contrat à la suite d'un signalement fait par un sympathisant. Nous avions alors saisi l'inspecteur d'académie qui nous avait répondu brièvement que l'école répondait aux objectifs que la loi et la réglementation fixaient. C'est ainsi que nous avons découvert le réseau des établissements de la Fraternité Saint Pie X. De manière tout a fait fortuite, un reportage sur une chaîne régionale avait mis en évidence des dysfonctionnements de cette même école et révélé quelques phrases d'un rapport d'inspection. Nous avions alors, en nous référant à la loi de 1978 sur la communication des documents administratifs, demandé à la même administration communication de ce rapport d'inspection. Devant un refus qui ne nous semblait pas étayé juridiquement, nous avions saisi la commission d'accès aux documents administratifs qui avait conclu à la communicabilité de ce rapport. C'était la première fois que nous la saisissions, et ses avis ont toujours été constants. L'inspecteur d'académie s'était alors plié à la décision de l'autorité administrative indépendante et nous avait communiqué le rapport demandé.

Une précision : lorsque nous citerons la synthèse du comité national action laïque (comme d'ailleurs les résultats de notre enquête) nous ne ferons que refléter les constatations opérées par les personnels d'inspection. Ces comptes-rendus ne seront nullement un reflet d'une appréciation, que ce soit du CNAL ou de notre association.

Sa lecture avait révélé un enseignement proche de l'extrême droite. Cependant, les enseignants qui le dispensaient s'astreignaient à ne faire aucune allusion de nature raciste ou antisémite de manière à ne pas tomber sous le coup de la loi. L'enseignement était écrit comme « pétainiste ». En substance, le rédacteur du rapport d'inspection concluait que si le fonctionnement de l'école n'était pas celui d'une secte, il relevait d'une certaine façon du sectarisme. Mais il notait un enseignement sérieux (il n'est pas dans nos habitudes de noircir systématiquement les tableaux), surtout littéraire, qui reposait sur la lecture de grands auteurs (choisis pour des raisons idéologiques) dans le texte, sans appareil critique.

Dans une autre école, les fonctionnaires chargés de l'inspecter déploraient un déséquilibre entre l'apprentissage des droits et celui des devoirs, hypertrophié pour ce qui concerne ce dernier. Cette insistance sur les devoirs aurait été révélatrice d'une volonté, non pas de stimuler l'esprit critique des élèves, mais de les soumettre. Les méthodes pédagogiques étaient vues comme passéistes. Toutefois, dans cette même école, ni vexations ni brimades n’étaient relevées.

Nous avions également une série de rapports, quelque peu anciens, d'une autre école sur laquelle nous ne nous étendrons pas, car elle est maintenant fermée. Des brimades étaient alors relevées, telles que le bonnet d'âne.

Une dernière école, dont nous avions une suite conséquente de rapports d'inspection, ne relevait pas de manquement grave et l'inspecteur chargé de la visiter concluait en relevant la conformité de l'enseignement dispensé avec les textes réglementaires en vigueur : l'école apportait selon lui aux élèves les connaissances requises par les textes, et même si des observations ont été faites, elle n'appelaient pas à la constatation de manquements graves.

Il y a de cela peu de temps, du fait que les rapports de en notre possession étaient déjà quelque peu anciens, nous avons envoyé à plusieurs instances administratives des demandes similaires. Nous avons obtenu peu de réponses et encore, elles étaient loin de nous satisfaire : il nous était chaque fois répondu (coïncidence ou concertation nous n'avons aucun moyen de l'affirmer ou de le nier le savoir) que la procédure n'était pas terminée.

Aussi devrons-nous sans doute relancer cette enquête. Si on compare les résultats que nous avons obtenus avec ceux que le comité national d'action laïque a pu avoir suite à sa récente enquête, y a-t-il eu une évolution, notamment suite aux inspections, ou bien l'enseignement dispensé au sein des établissements intégristes catholiques reste-t-il égal à lui-même ?

Le comité national d'action laïque relève tout d'abord des défaillances en matière de contrôle du respect de l'obligation vaccinale. Madame Lucie Guimier en avait fait un objet d'enquête. (rapport MIVILUDES 2016, p.115s.)

Les extraits cités par le CNAL font apparaître une pédagogie par l'obéissance plus que par l'appropriation des connaissances. Peu d'échanges entre élèves, peu de recours à la réflexion personnelle, des jugements dévalorisants à l'encontre d'enfants en difficulté, un enseignement très traditionnel. Nous ne relevons pas d'évolution majeure en ce domaine si l'on compare à la majorité des documents que nous avions obtenus. Les manuels sont obsolètes, et favorisent plus un apprentissage automatique que la compréhension, notamment du monde contemporain. Des carences sont également soulignées en matière d'éducation physique et sportive. Notamment, la natation est très peu enseignée. Graves lacunes également en matière d'éducation à la sexualité, dans la transmission des savoirs en matière de maladies sexuellement transmissibles ou de contraception.

Le comité national d'action laïque relève également que l'initiation aux valeurs civiques et sociales se fait par le biais de l'instruction religieuse. Il ne fournit qu'un seul exemple, mais qui conforte ce que nous avions perçus à la lecture des rapports que nous avons reçus et qui concernaient la décennie précédente. À travers quelques exemples, il est également noté que la formation au numérique, à l'analyse critique de la presse, permettant aux jeunes de se forger son leur opinion personnelle, relèvent des tâches parentales.

Enfin, un certain nombre de manquements seraient à déplorer, dont l'énoncé confirme ce que nous avions nous-mêmes ressentis lors de notre précédente recherche. Ainsi, selon le CNAL, les sciences sont négligées, et notamment les sciences dures, au profit des lettres. L'enseignement de l'histoire est imprégné de religion. Il a été observé également des silences et des omissions sur le rôle du gouvernement de Vichy dans le génocide des juifs. Ou encore l'assimilation des Lumières à un complot. L'enseignement de la géographie peut aussi permettre de se survaloriser l'idée de race, ce qui pourrait induire le racialisme.

Il convient quand même d'opérer une distinction : la fraternité Saint Pie X est issue de la scission initiée par Mgr Lefebvre, et qui avait mené, alors qu'à l'époque l'église se modernisait et se libéralisait avec le concile Vatican II, à la création d'une dissidence proche de l'extrême droite. Il suffit pour cela de se reporter à un film, « Au nom des fils », qui relate le procès de l'abbé Cottard. Responsable des « scouts marins », ce dernier avait été jugé suite à la noyade de plusieurs enfants, un jour de tempête, et du décès d'un plaisancier venu à leur secours. Les parents avaient refusé de porter plainte, et lui-même été l'aumônier de l'école de Mantes-la-Jolie, gérée par la fraternité Saint Pie X. Les déviances constatées autour de ladite fraternité n'engagent donc en rien l'église catholique dont, malgré des tentatives de rapprochement avortées, elle est restée totalement indépendante. Rappelons les propos tenus par Mgr Williamson, évêque au sein de cette dissidence, propos qui relevaient du négationnisme. (arrêt de la CEDH 31/01/2019)

D'autres groupes se sont formés, mais ne sont pas pour autant séparés de l'église catholique, ils conservent une certaine autonomie, mais n'ont pas désiré en quitter le giron. Parmi eux, la fraternité Saint-Pierre, qui conserve la messe en latin, le port de la soutane, ans pour autant entrer en dissidence. Nous avons obtenu trois rapports d'inspection. Ils nous semblaient s'attarder surtout sur les conditions matérielles de l'accueil des élèves, ans entrer dans le vif du sujet des méthodes pédagogiques. Le seul rapport qui reflétait la pédagogie était extrêmement laconique. Voici maintenant ce que le comité national d'action laïque laisse percevoir des écoles catholiques hors contrat hors de la fraternité Saint Pie X. On peut penser que certaines d'entre elles dépendent de la fraternité Saint-Pierre : mais comme nos amis ont observé les mêmes règles de prudence que celle auxquelles nous nous sommes astreints, les établissements ne sont pas mentionnés. Voici donc leurs observations :

Les rapports qu'il a obtenus, grosso modo, remontaient aux années 2010, alors que ceux dont nous disposons ont été rédigés pendant les années 2000, et plutôt à la fin, pendant la décennie précédente.

Il n'y est pas question de maltraitance. Mais en croisant des extraits cités à propos de plusieurs établissements, on arrive à quelques constatations : les enseignements visent plus à des apprentissages qu'à la formation de la réflexion et de l'esprit critique. Dans un cas, il est précisé que les enfants savent lire mais sans vraiment comprendre ce qu'ils lisent ; il y a une insuffisance nette dans la transmission des valeurs de la République et des idéaux de démocratie et de droits de l'homme. Il n'y a pas de contact avec l'actualité, la presse n'est pas objet d'enseignement. Les enseignements scientifiques et artistiques ne sont pas satisfaisants.

Conclusion générale

Dix ans après la lecture des rapports d'inspection en notre possession, la synthèse du comité national action laïque concernant les écoles de la fraternité Saint Pie X ne nous semble pas révéler d'évolution majeure. Mais pour cela il faudrait que nous puissions comparer les rapports eux-mêmes… Si nous n'avons pu obtenir plus de rapports récents en ce qui nous concerne, c'est avant tout du fait de la méfiance de l'administration, méfiance que nous estimons imméritée. Un journaliste écrivant sur le sujet a déploré publiquement que nous n'ayons pas accédé à sa demande de Aussi nous étonnons-nous beaucoup du mutisme de l’administration. Notre philosophie intègre la défense du service public, alors pourquoi ledit service public est-il si réticent, alors que la « jurisprudence » de la commission d'accès aux documents administratifs a toujours estimé que la communication des rapports d'inspection est une obligation légale ?







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