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mercredi 13 mars 2019

Présidente de l'association Sentinelle, Laurence Poujade défend les victimes d'abus sur majeurs dans les communautés religieuses.

 merci à Témoignage chrétien!

« Nous voulons travailler avec l’Église »



Présidente de l'association Sentinelle, Laurence Poujade défend les victimes d'abus sur majeurs dans les communautés religieuses. Elle veut travailler en coopération avec l’Église catholique.



Quelle est l'origine de l'association Sentinelle ?

J'ai appartenu à une communauté dans laquelle j'ai été sous emprise et violentée, avant de prendre mes distances. Mes parents se sont occupés des questions d'emprise mentale en milieu communautaire pendant vingt ans. Sentinelle a vu le jour en janvier 2014, afin de soutenir les victimes d'abus sur majeurs par l’écoute et le dialogue. Nous sommes des laïcs engagés, tout autant citoyens de la République que baptisés en Église.



Comment définissez-vous l'emprise dans les communautés religieuses ?

Avec l'emprise mentale, la victime coopère à sa propre destruction. Le code pénal, avec la loi About-Picard de 2001, parle de mise en état de sujétion psychologique ou physique. Cette sujétion résulte de l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de l'état de faiblesse sur des personnes mises en situation de vulnérabilité. Sentinelle privilégie l'interprétation restrictive de l'abus spirituel, touchant exclusivement la dimension spirituelle, indépendamment des dimensions psychologique et physique. Tout ne relève pas de l’abus spirituel, même en milieu religieux.



Comment agit Sentinelle ?

Sentinelle est une association laïque, non-cultuelle, d'intérêt général. Elle n'est pas, stricto sensu, une association de victimes, du fait de son ouverture à des bénévoles non directement impactés par les abus en milieu communautaire. Notre association de terrain garde en mémoire les faits relatifs aux dysfonctions, ce qui est complémentaire avec l’action des missions d'écoute individuelles. Elle accorde son soutien aux survivants d’abus sur majeurs et à leur entourage, souvent composé de victimes par ricochet. Les signalements portent, aussi bien, sur des personnes sorties de communauté, que sur des enfants majeurs encore à l’intérieur de communautés religieuses dont le signalement est effectué par leur famille. Nous sommes également compétents à l’égard des laïcs victimes d'infractions relevées du fait d’un membre de communauté ou d’un couple chrétien.

En effet, les membres de l'association, sans être des professionnels du soin, proposent un diagnostic de situation et un suivi personnalisé. Nous cherchons à mettre les personnes en relation, soit entre membres, soit avec des personnes ressources. Certains avocats travaillent avec nous bénévolement. L’association travaille en réseau avec la soixantaine d’associations européennes de la FECRIS, (centre d’information et de ressource sur le sectarisme). En cas de besoin, nous faisons œuvre de médiation, en alertant les institutions publiques ou ecclésiales.



Avez-vous ressenti un effet « Me too » ?

Oui, mais avant cela, l'arrivée successive d'internet et des réseaux sociaux a tout changé. Les personnes concernées ont pu s'exprimer alors qu'elles croyaient être des cas isolés. Après la campagne « Me too », les femmes victimes d’abus sexuels ont souhaité raconter leur histoire. A leur suite, d'anciennes religieuses se sont mises à publier le récit de leurs abus. L'intérêt que cela a suscité est assez nouveau. Le 5 février, le Pape François a évoqué les cas « d'esclavagisme sexuel », du fondateur et de clercs, mis en lien avec la dissolution, en 2013, de la branche dissidente des sœurs contemplatives de Saint Jean par Benoît XVI dont le courage a été salué. Il s'agit d'un signal fort à destination de tous les majeurs vulnérables concernés par de multiples abus.





Quelles relations entretenez-vous avec les autorités de l’Église catholique ?

Je suis catholique pratiquante et engagée dans la pastorale de l’animation liturgique. Pour le compte de l'association, nous sommes en lien avec Sœur Véronique Margron, Présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF ). Nous souhaiterions, à l’avenir, pouvoir coopérer davantage avec les Evêques et leurs services dédiés, tels que le Service Accueil-Médiation pour la vie religieuse et communautaire ou le Bureau des dérives sectaires.



Quels seront vos prochains objectifs ?

La 5ème édition des journées Sentinelle aura lieu vendredi 22 février à Paris (1). Sr Véronique Margron interviendra, ainsi qu'une ancienne religieuse victime. Mgr Thibault Verny, évêque auxiliaire de Paris, doit également prendre la parole. Par la suite, nous souhaiterions être auditionnés par la Commission Sauvé (2). Si l'association a réussi à faire du bien, ne serait-ce qu'à une seule personne, elle aura atteint son but.



Propos recueillis par Philippe Clanché.



(1) « Quelle réponse apporter aux abus sur majeurs ? », 14h30-20h, Atelier du Verbe, 17, rue Gassendi 75014 Paris. Réunion publique. Accès gratuit sur inscription. Rens : 01 45 45 29 40 ou contact@sentinelle-asso.org



(2) La Commission d'enquête indépendante sur les abus sexuels sur mineurs et personnes vulnérables commis au sein de l’Église (Ciase), présidée par Jean-Marc Sauvé, se met en place à l'initiative conjointe de la Conférence des évêques et de la CORREF. La compétence de Sentinelle s'étend, outre les abus sexuels, aux abus de faiblesse définis à l’article 223-15-2 du code pénal.




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