Les écoles démocratiques constituent l’un des réseaux d’établissements privés hors contrat qui cherchent à fournir une alternative à l’éducation nationale. Leurs principes sont clairs : l’enfant n’apprend jamais mieux que quand il le souhaite et suivant la manière qu’il veut. Il n’y a pas d’inégalités entre adultes et enfants, parfois il est question, non pas d’élèves, mais de citoyens. Les enseignants ne sont pas nommés comme tels, ce sont des « facilitateurs », et ces principes ne sont pas sans conséquences sur le fonctionnement quotidien de ces écoles.
Nous avons eu accès à trois séries de rapports d’inspection. Suivant la règle que nous nous sommes déjà fixée, nous ne reproduirons littéralement aucune phrase de ces documents administratifs, et nous ne précisons pas de quels établissements il s’agit. Nous avons déjà eu l’occasion d’exprimer cette intention, mais cela va toujours mieux en le disant : nous ne souhaitons pas compliquer la tâche des personnels d’inspection.
Quelles conséquences ? Tout d’abord, ces écoles sont régies par des décisions collégiales où enfants et adultes disposent de la même voix. Dans un de ces documents, est décrite la tenue d’une instance disciplinaire lors de laquelle les enfants sont majoritaires, l’élève sanctionné ne comprenant pas ce qui pourrait lui être reproché. Il n’y a pas de cours, pas de programme précis, les facilitateurs restent à la disposition des enfants quand ils le souhaitent. Ainsi sont parfois décrites des scènes étonnantes : des élèves jouant aux policiers avec des armes factices, d’autres montant sur les tables, ou jouant avec un téléphone portable, dans un environnement au niveau sonore élevé, ou encore dans un autre cas des enfants groupés dans une salle multimédia et maniant tablettes et portables. Les inspecteurs ont eu du mal à trouver des traces écrites des travaux d’élèves. Un inspecteur dans son rapport rappelle un élément du socle commun de connaissances : « l’élève sait se constituer des outils personnels grâce a ses écrits de travail, y compris le numérique : notamment prise de notes, brouillon, fiches, lexique, nomenclature, carte mentale, plan, croquis, dont il peut se servir pour s’entraîner, réviser, mémoriser… ». Et un autre inspecteur cite l’article 131–12 du code de l’éducation, qu’il semble utile de rappeler : « L’acquisition des connaissances et compétences est progressive et continue dans chaque domaine de formation du socle commun de compétences et de culture et doit avoir pour objet d’amener l’enfant, à l’issue de la période de l’instruction obligatoire, à la maîtrise de l’ensemble des exigences du socle commun. La progression retenue doit être compatible avec l’âge de l’enfant et son état de santé, tout en tenant compte des choix éducatifs effectués et de l’organisation pédagogique propre à chaque établissement ».
Pour
l’une des trois écoles inspectées, le bilan est varié, et nous
entendons rester impartiaux.
! Un
premier rapport,
décrit des élèves désoeuvrés qui s’occupent comme ils peuvent.
En revanche, un deuxième rapport, plus récent, s’avère plus
nuancé. Il décrit une vie démocratique intense au sein de
l’école, le souci d’une relation de respect des enfants en vue
de son plein épanouissement. Il est relevé également un
cadre chaleureux. L’objectif de l’école serait d’accueillir
des jeunes en rupture avec l’école traditionnelle en vue de les
aider à se reconstruire et retrouver l’estime.
Mais le fonctionnaire d’inspection relève également l’absence
de toute planification des acquis, et recommande de ne pas s’en
tenir à la disponibilité des facilitateurs. Telle
quelle, l’organisation de l’école ne permettrait pas une
constance des efforts d’apprentissage.. Et l’inspecteur
d’estimer compatible le fonctionnement de cette école avec les
valeurs de la République. Nous n’avons pas voulu bien entendu ne
disposer que d’un seul document, nous disposons de trois séries de
rapports et nous nous sommes efforcés en les synthétisant de
rester aussi objectifs que possible.
Nous avons déjà noté la proximité des Colibris avec la mouvance steinerienne, qui comprend le réseau des écoles Waldorf dont certaines (peut-être toutes mais nous ne l’avons pas établi) sont « acteurs colibri ». Il en est de même du réseau distinct des écoles démocratiques dont nombre d’entre elles figurent sur la carte des acteurs colibris. Ci-dessous une citation d’un entretien avec le fondateur de l’école dynamique de Paris, qui fondera par la suite le village démocratique de Pourgues dans l’Ariège ayant fait l’objet d’un de nos récents billets :
L’École Dynamique de Paris a ouvert ses portes en septembre 2015. Inspirée de la pédagogie Sudbury, cette école abolit les notions de réussite ou d’échec, donne à ses "membres" une autonomie sur leur devenir, et replace la motivation au cœur de l’apprenti (…)
Comme souvent nous laissons nos lecteurs se forger leurs propres conclusions provisoires.