Le conseil d'administration du CLPS a mis à son ordre du jour le 26 septembre 2023 les menaces de procédures judiciaires à l'encontre des détracteurs de la nouvelle économie fraternelle, qui ont été révélées par la Tribune de Lyon. Nous ne pensons pas devoir douter de la réalité de ces projets que l'organe d'information a dévoilés en les exposant dans un article récemment mis en ligne. Si, mais cela nous semble invraisemblable, la réalité de ces événements pouvait être contestée, nous ne manquerons pas d'en informer immédiatement nos lecteurs. Les informations fournies par la Tribune de Lyon nous semblent d'autant plus crédibles qu'elles s'inscrivent dans la suite logique d'agissements que nous avions déjà constatés dans le passé.
Le CA a rappelé que notre association avait lancé en 2016 un appel pressant à la coopérative financière suite à un courrier adressé à Grégoire Perra par un de ses cadres. Ce dernier, en termes certes courtois mais explicites, menaçait le blogueur d'une procédure et rappelait la condamnation du Député Jacques Guyard. Ce parlementaire était intervenu lors d'une émission à la télévisioni mmédiatement après la publication du rapport de la commission parlementaire Les sectes et l’argent dont il avait assuré la présidence. Selon les dires de ce cadre, ces procès dont la Nef aurait été la partie gagnante auraient permis de conclure que l'anthroposophie n'était pas une secte.
Dans les faits, en appel, le défendeur avait bel et bien été relaxé ! Nous avions alors exhorté la Nef à renoncer à ses menaces de procès, non pour des raisons de fond, mais par souci du respect de la liberté d'expression. Maintenant, à en croire la Tribune de Lyon, c'est l'ensemble des acteurs qui la ressentent comme liée à la mouvance de l'anthroposophie qui se retrouve menacés.
La nouvelle économie fraternelle a signé cela fait plusieurs années une convention de partenariat avec Amnesty International, dont c'est précisément la mission de défendre la liberté d'expression. Et en même temps, en menaçant ainsi ses détracteurs, la Nef exerce à notre sens une pression que nous ressentons comme à l'opposé de la promotion de cette liberté protégée par les dispositions de la Convention européenne des droits de l'Homme. Le CLPS, attaché aux droits qu'énonce ce traité, s'est toujours étonné de ce partenariat entre la coopérative financière et la respectable association internationale dédiée à la défense des droits de l'homme.
En droit, il est exact que tout justiciable est fondé à saisir l'autorité judiciaire dès lors qu'il subit un préjudice. Dans le cas présent, la crainte d'une plainte, avec tous les tracas que cela suppose, peut amener ceux contre qui elle pourrait être dirigée à s'autocensurer. De surcroît, le 7 octobre 2021, le tribunal de grande instance de Strasbourg relaxait le même Grégoire Perra qui avait été poursuivi par des médecins qui se référaient à la doctrine de Rudolf Steiner. Le juge reconnaissait que ce contentieux s'inscrivait dans un débat sociétal dans le cadre duquel mettre en cause cette doctrine n'impliquait nullement la mauvaise foi.
Notre adhésion inconditionnelle aux libertés prévues par les traités internationaux et européens de protection des droits de l'homme nous a toujours interdit de revendiquer une quelconque restriction des droits de la Nef à s'exprimer ou à agir et de prôner une législation spécifique. Que cela soit clair, nous l'avons toujours affirmé et c'est même un de nos fondamentaux mais nous nous sentons en droit d'en attendre la réciprocité. Pour conclure, ce n'est pas en tentant de bâillonner ses adversaires au mépris de leur droit à s'exprimer qu'elle s'exonérera de toute suspicion de sectarisme, bien au contraire !