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mardi 18 octobre 2016

lettre au médiateur du journal LE MONDE sur l'école du domaine du possible

Sous le titre "la possibilité d'une école", votre collaborateur nous dit avoir réalisé une enquête sur une école née en dehors de l'Education nationale et dont le directeur pédagogique est un dirigeant de la Fédération des Ecoles Steiner. Ecoutons-le, cité dans le corps de ladite enquête:  
« Nous sommes responsables de la liberté de penser des enfants qui nous sont confiés. A eux de se faire leur vision. Les programmes de l’Etat sont construits sur une vision pseudo-scientifique du monde. Les élèves n’ont d’autre choix que de croire. C’est une forme de réponse religieuse à leurs questions métaphysiques. L’esprit critique est amputé d’une partie de ce qui le construit : l’observation sensible, intuitive et le temps de la méditation pour s’approprier des connaissances plutôt que d’y croire. »
Dans quelques jours, le même responsable organisera le Congrès de son mouvement pédagogique en son école dans le Vaucluse et la problématique de ce rassemblement sera le besoin de spiritualité des enfants. 
Il est vrai que l'enseignement public promeut la construction de l'esprit critique et la connaissance rationnelle, et laisse les besoins de spiritualité aux sphères familiale et privée où toute croyance peut s'exprimer en toute liberté. 
Qu'on nous entende bien. Les propos cités ne tombent nullement sous le coup de la Loi et leur auteur peut les exprimer sans entrave, nous serions les premiers à nous insurger contre la moindre atteinte à sa liberté d'expression. Nous ne saurions non plus réclamer la fermeture d'une école que seule pourrait prononcer la Justice à l'indépendance de laquelle nous sommes viscéralement attachés.
Mesurez seulement la place que vous réservez aux partisans de cette pédagogie alternative et aux défenseurs du service public et laïque de l'Education, dont vous le devinerez, nous sommes. Vous ne pourriez nier que vous faites plus que la part belle à l'enseignement privé et que votre "enquête" est si déséquilibrée qu'elle est plus un plaidoyer qu'une investigation approfondie et impartiale. Ce n'est pas ce qu'on peut attendre d'un journal sérieux d'information.