Sous le titre "la possibilité d'une école", votre collaborateur
nous dit avoir réalisé une enquête sur une école née en dehors de
l'Education nationale et dont le directeur pédagogique est un dirigeant
de la Fédération des Ecoles Steiner. Ecoutons-le, cité dans le corps de
ladite enquête:
« Nous sommes responsables de la
liberté de penser des enfants qui nous sont confiés. A eux de se faire
leur vision. Les programmes de l’Etat sont construits sur une vision
pseudo-scientifique du monde. Les élèves n’ont d’autre choix que de
croire. C’est une forme de réponse religieuse à leurs questions
métaphysiques. L’esprit critique est amputé d’une partie de ce qui le
construit : l’observation sensible, intuitive et le temps de la
méditation pour s’approprier des connaissances plutôt que d’y croire. »
Dans
quelques jours, le même responsable organisera le Congrès de son
mouvement pédagogique en son école dans le Vaucluse et la problématique
de ce rassemblement sera le besoin de spiritualité des enfants.
Il
est vrai que l'enseignement public promeut la construction de l'esprit
critique et la connaissance rationnelle, et laisse les besoins de
spiritualité aux sphères familiale et privée où toute croyance peut
s'exprimer en toute liberté.
Qu'on nous entende bien.
Les propos cités ne tombent nullement sous le coup de la Loi et leur
auteur peut les exprimer sans entrave, nous serions les premiers à nous
insurger contre la moindre atteinte à sa liberté d'expression. Nous ne
saurions non plus réclamer la fermeture d'une école que seule pourrait
prononcer la Justice à l'indépendance de laquelle nous sommes
viscéralement attachés.
Mesurez seulement la place que
vous réservez aux partisans de cette pédagogie alternative et aux
défenseurs du service public et laïque de l'Education, dont vous le
devinerez, nous sommes. Vous ne pourriez nier que vous faites plus que
la part belle à l'enseignement privé et que votre "enquête" est si
déséquilibrée qu'elle est plus un plaidoyer qu'une investigation
approfondie et impartiale. Ce n'est pas ce qu'on peut attendre d'un
journal sérieux d'information.