Voici quelque chose qui ne nous fait pas plaisir.
Nous, au CLPS — voilà qui ne va pas surprendre grand monde — nous sommes attachés, chacun à notre façon à une certaine éthique.
Laïques,
cela va de soi, républicaines donc, profondément humanistes, les
valeurs dans lesquelles nous nous retrouvons composent le tronc commun
de cette éthique que nous partageons dans nos actions, dans nos
publications, au CLPS. Nos autres convictions ne viennent normalement
pas encombrer nos débats.
Certains d’entre nous sont
particulièrement sensibles, en dehors du champ que nous cultivons
ensemble, celui de la prévention des dérives sectaires, à bien d’autres
causes, humanitaires notamment.
Ainsi, quelques uns dans notre
association, et c’est tout à leur honneur, suivent depuis fort
longtemps Amnesty International, ses actions humanistes, humanitaires,
ses engagements courageux, sa lutte sans fin contre les innombrables
atteintes aux droits de l’homme à peu près partout dans le monde. Nous
sommes bien d’accord que ces activités méritent des éloges et nous leur conservons les nôtres.
Entendons-nous bien : il ne
s’agit pas, dans ces lignes dont j’assume la responsabilité, d’une
critique de l’activité d’Amnesty que, pour ma part, j’estime très haut.
Ses acteurs sont, comme on dit, bons dans ce qu’ils font.
Et
nous ne sommes pas mauvais non plus dans ce que nous, nous faisons.
C’est pour ça qu’il y a quelque chose qui ne nous fait pas plaisir et
qui nous a surpris, c’est le moins qu’on puisse dire. Assez de préambule
et de parapluies ouverts : dans l’organe de presse d’Amnesty
International, à savoir le mensuel « La Chronique », un dossier a été
consacré à ce qu’on appelle désormais la finance éthique.
Au
CLPS, ce n’est pas que la finance éthique, si elle existe, nous dérange
mais nous nous sommes souvent intéressés de par notre vocation à ce qui
en est un des fers de lance, la Nef (Nouvelle économie fraternelle),
société coopérative de finance solidaire. Honnêtement ce n’était pas une
grosse surprise, sachant depuis quelque temps déjà que la branche
française de l’ONG s’était rapproché de la Nef. Mais tout de même, en
faire l’apologie dans son magazine. Quand on pense au crédit de
confiance que possède Amnesty. Amnesty International, de par son statut,
doit certainement être tenu de conserver des distances respectables
avec quelque organisme que ce soit susceptible d’influer d’une manière
ou d’une autre sur son fonctionnement. D’un côté les droits de l’homme,
la liberté, l’humanisme et de l’autre…
Quel mauvais vent a poussé Amnesty vers la Nef ?
Cet
organisme créé d’abord sous la forme d’une association par Jean-Pierre
Bideau (enseignant dans une école Steiner-Waldorf et président de la
Fédération des écoles Steiner-Waldorf) et Henri Nouyrit (parent d’élève
dans une de ses école). Ils se sont inspirés de la pensée économique et
sociale de Rudolf Steiner et étaient très impliqués dans le mouvement
anthroposophique.
Voici, dans ces trois dernières lignes, les
raisons principales de notre défiance envers la Nef. Des sujets que nous
abordons souvent et bien inscrits au cœur de nos préoccupations. Je ne
parle que de défiance, bien sûr, je tiens à rester dans le cadre de ce
qui est publiable.
Et je ne veux surtout pas dire que la Nef entend compénétrer Amnesty ou circonvenir ses acteurs, ni le contraire.
Mais
voilà pourquoi, aujourd’hui, en pensant fort à certains membres du
CLPS, Cercle laïc pour la prévention du sectarisme, je voulais dire
l’espèce de dépit, d’amertume, de scepticisme attristé que tout ceci
nous inspire.
Bertrand BAUMEISTER
NDLR Cela dit, et nous le disons dès que nous traitons de cette mouvance, nous répétons que ces activités, même si nous émettons des réserves sur leur modus operandi, loin d'être transparent, restent parfaitement légales et ne troublent en rien l'ordre public. Le défaut de transparence est selon nous lié non aux comptes et à l'utilisation des fonds loin de là mais à la discrétion sur les liens avec le mouvement anthroposophique. Les institutions liées à l'anthroposophie bénéficient à ce titre de la protection des textes nationaux et internationaux relatifs aux libertés fondamentales!