Un
ingénieur horticole dont nous avions publié une réaction à un
article du MONDE 2 sur la biodyamie nous envoie sa lettre à
Télérama. Au risque de nous répéter, nous n'avons nulle
qualification en tant qu'association, en matière agricole et nous
ne saurions sans empiéter sur nos compétences déconseiller à
quiconque de consommer des produits issus de cette filière.
Seule nous préoccupe l'existence d'éléments ésotériques
dissimulés derrière une façade alléchante.
Réactions
à l’article du N° 3374
« Biodynamie
viticole : quel bon vin vous amène ? »
de
Vincent Rémy
Sur
7 pages ! Ca ne va pas, Télérama de faire l’apologie de la
biodynamie ; qu’est-qui t’a pris ?
Quelle
mouche a piqué Vincent Rémy, rédacteur en chef, excusez du peu et
qui vient de publier un livre autour des questions du savoir et de la
transmission.
Quel
savoir transmis par cet article qui entretient systématiquement et
volontairement la confusion entre la culture biologique qui est
l’avenir d’une agriculture démocratique appuyée sur
l’innovation et la biodynamie qui est totalitaire,
obscurantiste, (...).
Malgré Sciences-Po, il
présente la biodynamie et ses pratiques ésotériques comme la seule
alternative à la « culture chimique » alors qu’elle
est un syncrétisme de pratiques obscurantistes et magiques, la
négation de l’agronomie qui une science de la complexité. Il
devient le complice des charlatans qui voudraient nous faire croire
que tout est simple dans leur monde fantasmé et qu’il
devrait, au contraire, dénoncer.
Les
promoteurs de la biodynamie se comportent comme une secte organisée
pratiquant un lobbying efficace auprès des média et agissant sur
les adeptes désinformés en déformant le réel pour les enfermer
dans une divination des pratiques dispensées par un gourou et
nécessitant l’achat de produits ou de matériels exclusifs.
C’est
comme si, en médecine, on proposait de revenir aux sorciers, aux
chamanes sous prétexte que ses dérives parfois constatés nous
condamnaient à jeter aux orties des siècles de recherches et de
pratiques médicales.
Il
y a des choses à changer en matière d’agronomie et de protection
des plantes. Et la vigne est particulièrement bien adaptée à une
diminution des intrants particulièrement des engrais ou des produits
phytosanitaires compte tenu de l’énorme potentiel de cette espèce.
Cette
puissance végétative qui doit être « bridée » pour ne
pas dépasser les rendements règlementaires, a permis la diminution
des intrants et facilité l’émergence d’une culture d’abord
raisonnée puis entièrement biologique. Cette alternative a permis à
des pionniers de démontrer qu’une production sans intrants
chimiques était possible et la culture biologique du vignoble ne
cesse de se développer avec l’aide de la recherche, au moyen
d’expérimentation scientifiques et de démonstrations « grandeur
nature ».
C’est
cela que vous devriez faire connaître alors que Vincent Rémi se
fait complice de la biodynamie qui tente à faire croire qu’elle
est seule en train de sauver l’agriculture des excès des pratiques
productivistes.
Qu’il
puisse publier sans honte les fadaises renversantes de bêtises
concernant « les fameuses cornes de la biodynamie, remplies de
bouse ou de silice, enterrées à l'automne, ressorties au
printemps » est scandaleux et déshonore le journal. Il y a
aussi le « dynamiseur » qui coute cher et qui
« transmute » le contenu de la corne, quelques grammes
seulement, en produit homéopathique miracle qui, pulvérisé sur de
grandes surfaces, permet aux racines de chercher la roche et donne au
feuillage un éclat incomparable. Qui peut croire en de telles
fadaises ?
On
est en droit de se demander quelles contreparties la société
« Terres en devenir » a consenti pour que Télérama en
fasse une telle publicité mensongère.
A
l’inverse, la culture biologique est basée sur une connaissance
scientifique approfondie de la physiologie des végétaux et de leur
environnement. Et non sur des pratiques chamaniques proposées par un
illuminé sectaire dont on se demande comment elles peuvent séduire
de grands propriétaires qui, si on en croit l’article, sont le
plus souvent, issus de milieux non agricoles et donc plus à même
de se laisser entraîner dans des pratiques qui s’apparente à de
la sorcellerie.
Pour
preuve, cette affirmation d’un riche héritier, musicien de jazz :
“L’avenir, c’est la connexion entre phytothérapie,
homéopathie, géobiologie…”. Mais qu’est-ce que ça veut
dire ?
Il
continue : « Une pointe de couteau de silice ! Voilà ce
qui est dilué dans 160 litres d'eau, dynamisé par un tourbillon, et
vaporisé sur un hectare de vigne : c'est un traitement
homéopathique, mais le lendemain, les feuilles de la vigne se
redressent, s'ouvrent vers le ciel ! ».
Comme
tous les miracles, c’est confondant d’ignorance et de
croyances absurdes ! Et c’est confirmé par une logorrhée (que
l’auteur qualifie de brillante partition) où se mélangent le yin
et le yang, que sont la silice et la bouse de corne (quelques
milligrammes par ha) qui régulent la physiologie de la vigne, permet
l’harmonie avec l'influence vibratoire du Soleil, un peu de la
Lune, rétroviseur du Soleil, et de Vénus et Mercure, les planètes
dites "intérieures" placées entre le Soleil et la Terre,
silice mettant en relation la plante avec le Cosmos.
Il
est probable que ces viticulteurs qui ne sont pas des terriens, sont
bien plus intéressés par les plus-values engrangées par des
produits qu’ils baptisent « vins vivants » auprès de
consommateurs friqués et abusés, que par le bien-être de leurs
vignes dont ils ne connaissent rien de la physiologie ni des
écosystèmes où elles se développent.
Que
veut dire « La vigne retrouve un équilibre. Les fruits gardent
la trame et la vibration du terroir ». Qu’est ce que la trame et
la vibration du terroir ? Vincent Rémy, vous débloquez ou
Véronique ou d’autres belles vigneronnes biodynamisantes vous ont
mithridatisé contre la bêtise.
Et
vous en rajoutez puisque vous citez ce slogan inepte : « La
biodynamie contribue au sauvetage des paysages car il y a dans la
philosophie de Rudolf Steiner, l'idée d'une interaction entre
l'homme, les animaux, les arbres, les plantes… »
Pour conclure, la biodynamie
est un ensemble de croyances simplificatrices indémontrées, une
escroquerie, comme l’homéopathie alors que la culture biologique
s’appuie sur la recherche, l’expérimentation scientifique et
l’intelligence des agriculteurs. La culture biologique permet une
libération individuelle basée sur une meilleure compréhension de
l’environnement alors que la "biodynamie" est un
enfermement pyramidal de ses adeptes enrôles par des promoteurs
rompus à un lobbying capable d'intoxiquer des média qui collaborent
scandaleusement à la diffusion de contre-vérités.
Ainsi, vous avez décrédibilisé
définitivement votre journal que je cesserai de lire.