Nous venons d’apprendre la mort du collaborateur du Monde Henri Tincq, victime du Coronavirus.
Nous ne pouvons pas dire qu’il représentait nos idées.
Il a été présenté dans la presse comme un vaticaniste, mais cela ne
concerne pas l’objet statutaire de notre association.
Il succédeait à Monsieur Woodrow, l’auteur du livre «
les nouvelles sectes ». Avec Henri Tincq, c’est un autre courant de
pensée qui fut représenté au service du journal dédié à l'actualité
religieuse.
Nous ne dirons pas que Henri Tincq s'opposait systématiquement à nos thèses et à notre manière de voir.
Nous ne caricaturerons pas pensons-nous ou en précisant
que très souvent il affirmait l’innocuité de groupes sur lesquels nous
nous interrogions quant à leur possible dérive.
Nous prendrons trois exemples. Un article du 20 juin
2001 . L’auteur relate un colloque sur les sectes dont la diversité des
participants ne fait pas de doute.
Un extrait : un groupe comme l’anthroposophie,
inspiré d’une tradition philosophique centenaire, a été sévèrement
épinglé dans le dernier rapport de la MILS en décembre 2000. Les
autorités protestantes et catholiques ne contestent pas le
pouvoir de régulation de l’État, mais, interroge le pasteur Jean Arnold
de Clermont, « comment pourrions-nous avoir confiance en ceux qui ont
exercé son rôle compte-tenu de l’état d’ignorance et d’inculture
religieuse dans lequel se trouve le pays ? ». Et
il prend l’exemple de mouvements protestants évangéliques bien «
intégrés » qui, cités par des groupes antisectes, se trouvent soumis à
toutes sortes de tracasseries. « n’est-on pas entrés dans une sorte de
police de la pensée ? », s'inquiète le responsable
protestant dans ce débat de Réforme.
En revanche, le 23 décembre 2005, l’auteur publie un article qui semble critique sur la Porte ouverte chrétienne.
Il la qualifie de « la plus grande mégachurch bâtie
sur le modèle américain, une affaire juteuse dont il a hérité de son
père, Jean, un mennonite… ». Il évoque également la vision binaire
du monde, entre purs et corrompus, la méfiance
envers la société moderne et tout œcuménisme. Il conclut en précisant
que les autres églises, protestantes et catholique, sont consternées et
dénoncent les dérives sectaires.
Le 3 septembre 1999, l’auteur a publié un article toujours dans les colonnes du Monde :
« la société d’anthroposophie est-elle une secte ? ». Cet article
est consécutif à la parution du rapport parlementaire « les sectes et
l’argent"; Dès l’introduction, le ton est mis :
« au nom de la légitime lutte contre les sectes, tous les coups sont-ils permis ? ».
Il est question de rumeurs et d’amalgame. Il évoque une diffamation,
qui a consterné, outre les intéressés, « les universitaires, les milieux
ecclésiastiques de plus
en plus inquiets par les dérives d’une lutte contre des groupes
philosophiques ou religieux abusivement identifiés comme des sectes".
Nous pensons que depuis 20 ans, le regard des
associations telles que les nôtres à mûri . La recherche sur des
groupes, sur des mouvance, sur des procédés, récente s’est affinée. La
réflexion -difficile s'il en fut- sur les libertés publiques
à l'épreuve des dérives sectaires évolue et ne peut plus être la même
que lorsque les suicides collectifs furent révélés.
Toutefois, si nous avons pu suivre les
articles d’Henri Tincq depuis plusieurs dizaines d’années, nous n’avons
jamais eu le moindre soupçon de malhonnêteté ou d'insincérité le
concernant.
Bien au contraire, tous les éloges
soulignent son désarroi profond et sincère ces dernières années
lorsqu'il admit des dérives au sein de l’Eglise catholique dans laquelle
il se reconnaissait, et notamment concernant des personnages
qu’il avait longtemps admiré.
Nous avons toujours soutenu que notre
démocratie permettait le débat démocratique et courtois. Et nous ne saurions
donc nous réclamer des droits de l'Homme et de la laïcité sans reconnaître à
toute personne le droit de défendre des convictions
qui ne sont pas les nôtres. Aussi nous présentons nos sincères
condoléances aux proches d’Henri Tincq, et aux organes de presse auquel
il a collaboré, et notamment la Croix, le Monde, et Slate.fr.
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