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vendredi 4 février 2022

Un administrateur du CLPS a lu : Jean-Loup Adénor, Timothée de Rauglaudre, LE NOUVEAU PÉRIL SECTAIRE

 


Un administrateur du CLPS a lu :


Jean-Loup Adénor, Timothée de Rauglaudre,

LE NOUVEAU PÉRIL SECTAIRE ed.Robert Laffont (2021)



Paru récemment le livre de Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre s’inscrit dans l’actualité.


Lisons-le dans sa particularité : c’est une enquête de journalisme, impliquée et approfondie, et non une étude.

Basée essentiellement sur des entretiens avec les auteurs, elle en a la présence vivante, le poids de témoignage, le rendu de contexte.

Elle en a aussi les occasionnels péchés mignons. Ainsi apprend-on, sans intérêt pour notre objet, que M. Fenech joue de la guitare et la couleur de ses mocassins.

Interrogées successivement, en première partie, les principales associations de lutte contre les dérives sectaires et d’aide aux personnes renseignent l’une sur les déboires de l’autre…

Ce parfum de « quelqu’un m’a dit » pourrait peut-être provoquer un peu d’agacement.

Il convient de le surmonter toutefois.


Car les développements qui suivent proposent au lecteur une vue très actuelle, sans prétention d’exhaustivité, des différents aspects que prend l’emprise à caractère sectaire dans la France de 2021, et des enjeux fondamentaux que soulève le changement de ministère d’appartenance de la Miviludes, instance qualifiée couramment d’« exception française ».

Ce changement qui la livre aux lenteurs et complexités des millefeuilles hiérarchiques.


Un tour d’horizon des « gourous uberisés » montre l’évolution des modes de recrutement et la montée en force du numérique dans les techniques de séduction spéculant sur la peur de la pandémie ou son renversement en déni.

On y retrouve Thierry Casasnovas, apôtre du crudivorisme soi-disant revenu d’une mort imminente à l’âge du Christ, ses coûteux extracteurs de jus, son officine de formations et les milliers de vues de sa chaine Youtube promettant des miracles et conduisant des malades fragilisés à des abandons de leurs traitements.

Mouvements antivax et complotistes, « convergence sectaire » où se rejoignent Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X et écologies New Age au nom de la pureté et de la nature essentielle, « fantômes de l’extrême-droite », médecines parallèles en chemin pour se fédérer en un étrange groupement d’intérêts à forme d’agence de relation publique, baptisé observatoire, conçu dans le but de cultiver et amorcer une reconnaissance étatique dans la confusion.


Plus loin on retrouve l’actualité des mouvements historiques.

L’anthroposophie d’abord avec les écoles Steiner et les communautés et villages inspirés, les auteurs ayant séjourné dans l’un d’eux, Éourres.

Puis les Témoins de Jéhovah avec de poignants témoignages d’excommuniés.

La Scientologie, ses différents visages, ses filiales et son siège social digne d’une multinationale à Saint-Denis.


Enfin les auteurs s’attachent à visiter les dérives sectaires qui peuvent apparaitre aux cœurs des grandes religions, évangélisme de l’extrême, évangélisme commercial via l’Évangile de l’Abondance (donnez au pasteur, Dieu vous le rendra au centuple), exorcismes très particuliers dispensés au sein d’une communauté reconnue, hélas, par l’Église catholique avec la complaisance très notable du diocèse de Toulon-Fréjus.

Exorcismes aussi dans certains mouvements de l’Islam avec la pratique à leur façon de la roqya.


Mention particulière pour la façon dont Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre donnent la parole à une association qui met en perspective les recrutements islamistes radicaux en rappelant à quel point les méthodes utilisées par les recruteurs s’apparentent aux méthodes classiques des sectes, et comme il aurait été judicieux, lors de l’émergence du phénomène, de le traiter aussi comme tel et non exclusivement sous l’angle de la lutte contre le terrorisme.


L’épilogue aborde les questions de fond sous le titre «  Pour un état (enfin) protecteur ».

Avec une ouverture de perspective vers « le pays qui se targue d’être la figure de proue du monde libre et qui est devenu, depuis un demi-siècle, le berceau de tous les grands mouvements à tendance sectaire, exportés à travers la planète tels des produits de grande consommation », on y apprend le destin de la principale association de lutte contre les dérives sectaires aux États-Unis, le CAN (Cult Awareness Network), rachetée après avoir été financièrement étranglée à coup de procès par… l’Église de Scientologie. Oui.

On y apprend aussi comme dès lors, les seuls recours des familles sont des techniques déconditionnantes de deprogramming proposées à titre de service commercial et justement très controversées, et leurs avatars un peu plus présentables, les techniques d’exit counseling, qu’une poignée de cabinets français commenceraient d’ores et déjà à pratiquer pour des coûts pouvant atteindre jusqu’à 20 000 euros.


L’existence de la Miviludes, son travail d’information, sa réactivité est un moyen qu’a l’état de se saisir des questions d’emprise sectaire.


Les auteurs se sont posé la question fondamentale dès le début de leur enquête : qui a tué – ou tenté de le faire – par la remise en cause de la Miviludes, le modèle français de lutte contre les dérives sectaires ?

Que recouvre cet affaiblissement multiforme et consentant de la puissance publique ?

Selon eux: « Pendant cette année d’enquête, nous avons cherché naïvement un coupable idéal, là où se rejouait en vérité le crime de l’Orient-Express : une succession de meurtriers, chacun pourvu d’un mobile solide. »


La question reste ouverte.











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